Par Jean-Pierre Mbelu
Des politicards congolais avides d’une lecture opportuniste des textes fabriqués pour prendre les Congolais(es) en otage voudraient les convaincre que cinq plus cinq, cela ne fait pas dix.A leur entendement, cela fait douze. Ils disent de ceux qui soutiennent que cette opération (au sujet des mandats frauduleux de leur »raïs ») relève d’un calcul mental très simple qu’ils sont tombés dans »le constitutionnalisme ». Et quand vous leur dites que vous ne pouvez pas, à huis-clos, en étant au nombre de 300, décider de l’avenir de plus de 65.000.000 de Congolais(es), au nom de la démocratie souveraine, ils vous répondent que vous lutter contre »leur jeune démocratie ». Si vous leur rappelez que »leur autorité morale » avait dit que »la Constitution c’est notre Bible » et qu’il la respectera ; et que l’un de ses »proches » avait dit que pour qu’il demeure calife à la place du calife, il faut qu’il marche sur son cadavre, ils vous répondent que la politique est dynamique. Et ils ajoutent : »Nous avons signé un accord sans savoir comment il sera appliqué »… Voilà ! Ils ont tout faux. L’histoire les rattrapent. En relisant attentivement notre histoire de ces quinze dernières années, nous retrouvons parmi ces 300 délégués au »monologue dit inclusif », des compatriotes pris dans le clientélisme avec »un Cheval de Troie » du Rwanda et mercenaire des entreprises multinationales. Les textes les indiffèrent. A plusieurs occasions, ils les manipulent pour avoir accès et/ou se maintenir à la mangeoire.
Au cœur de l’Afrique, il y a des masses populaires éprises de liberté et d’indépendance. Leurs luttes peinent à aboutir. Plusieurs fois »génocidées », plusieurs fois capables de se remettre debout. Plusieurs fois roulées dans la farine par des leaders politiques vendus, inconstants et inconsistants, plusieurs fois capables de rebondir et clamer haut et fort leur insoumission.
Se (re)mettre debout
Le sang des mains coupées sous Léopold II a fécondé la terre où sont nés »les révolutionnaires » de 1959, les hérauts et les héros de l’indépendance de 1960. Le soutien occidental offert à la dictature de Mobutu à travers le pillage du pays par le biais de »l’aide fatale », de »la dette odieuse » et des programmes d’ajustement structurel n’a pas empêché aux masses congolaises de se mobiliser vers les années 1990 et de verser leur sang en 1992 afin qu’elles puissent vivre en paix et se sentir bien dans leur pays. La guerre de basse intensité anglo-saxonne menée par des proys rwando-ougandais et burundais interposés et ses millions de morts n’ont pas conduit les masses des jeunes congolais à baisser la garde face à la prédation et à la banalisation de la mort au Congo-Kinshasa.
Au cœur de ces masses luttantes, plusieurs victimes de la répression et de la dégradation mentale (et culturelle) sont parfois récupérées par le système de la guerre de tous contre tous. Le contraire se réalise aussi. Il en surgit des compatriotes qui, à cause de la répression et de l’oppression, comprennent qu’ils doivent se battre de toutes leurs forces contre ce système de la mort.
Plusieurs de ces jeunes ont déjà versé leur sang depuis le début du faux processus politique où le pays se retrouve à cause de cette guerre. Souvent, le temps de mobilisation des masses est suivi de celui de leur écrasement sous les armes létales, de l’emprisonnement de leurs leaders ayant un peu de voyance et d’un bon moment de pourrissement de la situation du pays avant que la (grande) lutte ne recommence. Souvent, ce moment de pourrissement est celui du pillage des richesses du sol et de sous-sol congolais, de l’enrichissement sans cause et de la paupérisation des masses laborieuses.
Au cœur de ces masses luttantes, plusieurs victimes de la répression et de la dégradation mentale (et culturelle) sont parfois récupérées par le système de la guerre de tous contre tous. Le contraire se réalise aussi. Il en surgit des compatriotes qui, à cause de la répression et de l’oppression, comprennent qu’ils doivent se battre de toutes leurs forces contre ce système de la mort. Souvent, la question de l’identification de ces forces de la mort et de l’identité congolaise se pose. Et un leadership collectif porté par un grand mouvement avant-gardiste n’arrive pas à émerger de façon à aider ces masses à établir la différence entre les acteurs pléniers, les acteurs apparents, les nègres de service, les petites mains du capital, les opportunistes, etc. Mais aussi d’identifier le système au sein desquels ils opèrent tous en réseaux.
Mobutu et le mal zaïrois
Il est arrivé que, quand un nègre de service commis à la tête du Congo-Kinshasa est mis en mal de l’intérieur du pays, ses parrains s’activent pour le sécuriser. Surtout s’ils n’ont pas encore décidé de s’en séparer. Souvent, commence à ce moment-là, le temps de pourrissement de la situation. L’exemple de Mobutu peut nous instruire. Son bras de fer avec certains de ses amis occidentaux a pris du temps à pouvoir se muer en son rejet. Dès que cela fut décidé, les programmes d’ajustement structurels contribuèrent à le rendre impopulaire et conduisirent certains d’entre nous à le nommer »ndoki ».
Plusieurs d’entre nous ne connaissant pas le mode opératoire de ces »agents de l’ombre » et de »leurs tueurs à gages » ont cru en ce mythe d’un Mobutu et ses dinosaures incarnant à eux seuls »le mal zaïrois ». Si cela était vrai, la mort de Mobutu aurait mis fin au »mal zaïrois » et au système qui l’a entretenu.
Après la chute du mur de Berlin et la dislocation de l’URSS, ses autres amis occidentaux le sachant malade ont choisi de reconquérir l’Afrique des Grands Lacs par Paul Kagame et Museveni interposés en en faisant l’unique »bouc émissaire » du »mal zaïrois ». Plusieurs d’entre nous ne connaissant pas le mode opératoire de ces »agents de l’ombre » et de »leurs tueurs à gages » ont cru en ce mythe d’un Mobutu et ses dinosaures incarnant à eux seuls »le mal zaïrois ». Si cela était vrai, la mort de Mobutu aurait mis fin au »mal zaïrois » et au système qui l’a entretenu.
Non. Bientôt vingt ans après Mobutu, la situation du Congo-Kinshasa poursuit son petit bonhomme de pourrissement. En effet, s’il est vrai qu’un système ne puisse pas se disloquer du jour au lendemain sans qu’il ne soit remplacé par un autre, il est aussi vrai que cette dislocation ne peut se produire sans une bonne identification des mécanismes et de ses acteurs (à reconvertir, à co-rompre, à juger ou à mettre hors d’état d’agir) ; sans une bonne identification de leur mode opératoire à remplacer par un autre un peu plus original, patriotique et fondé sur le bien-être du peuple.
300 délégués et un cheval de Troie
Comme du temps de Mobutu, après la Conférence Nationale dite Souveraine, la situation actuelle du Congo-Kinshasa devient davantage floue (et chaotique). Des politicards congolais avides d’une lecture opportuniste des textes fabriqués pour prendre les Congolais(es) en otage voudraient les convaincre que cinq plus cinq, cela ne fait pas dix. A leur entendement, cela fait douze. Ils disent de ceux qui soutiennent que cette opération (au sujet des mandats frauduleux de leur »raïs ») relève d’un calcul mental très simple qu’ils sont tombés dans »le constitutionnalisme ». Et quand vous leur dites que vous ne pouvez pas, à huis-clos, en étant au nombre de 300, décider de l’avenir de plus de 65.000.000 de Congolais(es), au nom de la démocratie souveraine, ils vous répondent que vous lutter contre »leur jeune démocratie ».
En relisant attentivement notre histoire de ces quinze dernières années, nous retrouvons parmi ces 300 délégués au »monologue dit inclusif », des compatriotes pris dans le clientélisme avec »un Cheval de Troie » du Rwanda et mercenaire des entreprises multinationales…
Si vous leur rappelez que »leur autorité morale » avait dit que »la Constitution c’est notre Bible » et qu’il la respectera ; et que l’un de ses »proches » avait dit que pour qu’il demeure calife à la place du calife, il faut qu’il marche sur son cadavre, ils vous répondent que la politique est dynamique. Et ils ajoutent : »Nous avons signé un accord sans savoir comment il sera appliqué »… Voilà ! Ils ont tout faux. L’histoire les rattrapent.
En relisant attentivement notre histoire de ces quinze dernières années, nous retrouvons parmi ces 300 délégués au »monologue dit inclusif », des compatriotes pris dans le clientélisme avec »un Cheval de Troie » du Rwanda et mercenaire des entreprises multinationales. Les textes les indiffèrent. A plusieurs occasions, ils les manipulent pour avoir accès et/ou se maintenir à la mangeoire.
Tous participent à l’actuel pourrissement de la situation en nous présentant ce mercenaire comme l’incarnation du »mal congolais ». Ici, ils commettent de graves erreurs de lecture. Des politicards congolais ayant participé à l’entrée de ce loup dans la bergerie s’effacent (mal) pour en faire »l’unique bouc émissaire ». Ils font comme s’ils ne sont pas membres de »la kabilie ». Pourquoi ? Demain, si les choses changent, ils pourront, comme certains dinosaures mobutistes, se refaire »une nouvelle santé-politique-business ».
Les politicards congolais, la communauté internationale et le pourrissement
Disons que pendant plus de cinq décennies, des politicards congolais ont opéré au sein d’un système se reproduisant en nouant des alliances avec des parrains extérieurs sans qu’ils aient eu à rendre compte de leur survivance. Ils ont perpétué les mêmes méthodes, les mêmes réflexes, les mêmes habitudes, les mêmes comportements sans qu’ils puissent être soumis à un juste et sérieux droit d’inventaire. Ce faisant, ils ont confirmé qu’ils sont de la classe des embourgeoisés. Ces politicards participent, avec leurs parrains(ou leur progéniture), à quelques exceptions près, du pourrissement de la situation anthropologique congolaise chaque fois que les masses populaires et surtout les jeunes voudraient croire qu’ils ont renversé les rapports de force au Congo-Kinshasa.
Disons que pendant plus de cinq décennies, des politicards congolais ont opéré au sein d’un système se reproduisant en nouant des alliances avec des parrains extérieurs sans qu’ils aient eu à rendre compte de leur survivance. Ils ont perpétué les mêmes méthodes, les mêmes réflexes, les mêmes habitudes, les mêmes comportements sans qu’ils puissent être soumis à un juste et sérieux droit d’inventaire….
Une mémoire collective vigilante devrait être entretenue de façon que les jeunes générations, tout en leur exigeant un droit d’inventaire, fasse une irruption massive en politique en convertissant ce lieu de la création du vivre ensemble en une affaire de tous.
Disons que si jamais, avec un maximum d’organisation et une petite idéologie fondée sur la protection de nos terres, de nos forêts, de nos eaux et de nos airs, les masses congolaises engagées dans un grand mouvement d’avant-garde parviennent à renverser les rapports de force sur la scène politique, elles devront exiger de leur leadership collectif de constitutionnaliser le droit d’inventaire et le renouvellement de la classe politique…
En attendant, les jeunes se mettent debout et le temps de pourrissement risque de faire des cadavres parmi eux. Certains inexpérimentés comptent encore sur »la communauté internationale ». Ils ne savent pas que depuis la nuit des temps, »les ténors de la communauté internationale » luttent contre la démocratie souveraine. Et de plus en plus, ils ont peur d’une jeunesse africaine organisée et responsable. Souvent, elle crée ce temps de pourrissement pour casser toute velléité de résistance et imposer »un oiseau rare » ; c’est-à-dire »un nègre à son service ». Les jeunes doivent être éveillés. Vigilance politique oblige !
Mbelu Babanya Kabudi