Par Jean-Pierre Mbelu
Les temps ne sont pas bons. Il n’est pas rare que les bruits sur la troisième guerre mondiale se fasse entendre. Au Congo-Kinshasa, ce débat est exclu de l’espace public. Le dialogue et le poste du premier ministre de la continuité d’un processus politique vicieux et vicié depuis plus de deux décennies captent toute l’attention. Les luttes pour les terres telles qu’elles se mènent à l’Est et au Centre du pays sont considérées comme des faits divers. Pourtant, ces luttes sont au cœur de »la guerre par morceau » que »la nation exceptionnelle » et ses alliés conduisent à travers le monde.Elle tient, »la nation exceptionnelle », à conquérir et à recoloniser l’Afrique (et le Congo-Kinshasa).Une petite preuve est donnée par l’inscription au budget de son ministère de la défense des dépenses effectuées dans plusieurs pays africains au cours de cette »guerre par morceau ».
Plusieurs d’entre nous n’aiment plus les théories. Il estiment que ce sont des » bla bla ». Ils aiment des actions pratiques. Ils estiment que partout au monde, c’est la même chose. Ils oublient que les théories fondent et guident »la guerre par morceau » menée pour l’or, l’argent, le pétrole et le coltan depuis 1914.
Les Congolais et les « bla bla »
Au même moment que ces frères et sœurs rejettent »les bla bla » de leurs compatriotes, ils croient quand même à la rhétorique de la lutte menée pour la démocratie et les droits de l’homme par les acteurs pléniers de cette »guerre par morceau ». Cherchons où se trouve l’erreur ! Nous y reviendrons.
La reconquête et la recolonisation de certains pays africains est en marche. Pourquoi ? L’ Eurasie est en train d’être occupée par la Chine et la Russie. La guerre de la Syrie est aussi celle menée contre ces deux pays. Elle participe du refus du monde multipolaire et de l’expansion de l’hégémonie anglo-saxonne.
Actuellement, les acteurs de »la guerre par morceau » sont en train de transformer l’Italie en leur base-arrière pour des attaques contre l’Afrique. Cette guerre pour l’uranium du Niger, le pétrole du Tchad, l’or du Mali, le coltan et le cobalt du Congo-Kinshasa pourra dénommée »guerre pour la sécurité et la stabilité sur le continent ». La reconquête et la recolonisation de certains pays africains est en marche. Pourquoi ? L’ Eurasie est en train d’être occupée par la Chine et la Russie. La guerre de la Syrie est aussi celle menée contre ces deux pays. Elle participe du refus du monde multipolaire et de l’expansion de l’hégémonie anglo-saxonne. »La fin de l’histoire » n’ayant pas eu lieu, le gendarme du monde, »la nation exceptionnelle », estime que »la guerre froide » peut se poursuivre et/ou se transformer en »guerre tiède » ou »chaude ».
La perpétuation de cette guerre marche de pair avec la formation US des élites militaires africaines pouvant servir leur cause : la conquête et la recolonisation de l’Afrique. Celles-ci sont fondées sur une vieille doctrine participant de la sauvegarde de »la sécurité nationale US ». Elle peut prendre la forme du »Grand Domaine » ou celle du Manifesto du 10 octobre 2001.
Les USA et la conquête de l’Afrique et du Congo
Des rivaux militaires ayant émergé en Asie »avec une formidable base de ressources », les USA cherchent depuis plusieurs années à s’emparer de celles de l’Afrique. C’est aussi simple que ça. Pour ce faire, ils créent des »guerres civiles et ethniques » participant de leur théorie du »chaos constructeur ». Là où ils ont des objectifs stratégiques à réaliser, ils arment leurs vassaux, alimentent la haine entre eux et les poussent à s’affronter sous l’ oeil vigilant de l’ONU.
Les USA ont opté pour une »guerre par morceau » qu’ils essaient de justifier en recourant à la stratégie de la propagande et du mensonge. Il est curieux que le recours permanent à cette stratégie ne puisse conduire plusieurs de nos compatriotes refusant de lire nos »bla bla » à rompre avec le larbinisme.
N’est-il pas curieux que les dépenses de l’ONU et de l’EUSEC au Congo-Kinshasa relèvent du budget du ministère de la défense américain ? Et puis, en plus du Congo-Kinshasa, plusieurs autres pays africains se retrouvent sur sa liste. Est-ce par philanthropie ? Non. Depuis ses Pères fondateurs, » la nation exceptionnelle » recourt au principe de la pure force. Les USA n’ ont pas su rester attachés à la Charte Atlantique garantissant le droit des autres peuples à l’autodétermination. Depuis plus de cinq décennies, ils ont été pris en otage par les juristes de Wall Street et le complexe militaro-industriel. Et ils ont opté pour une »guerre par morceau » qu’ils essaient de justifier en recourant à la stratégie de la propagande et du mensonge.
Il est curieux que le recours permanent à cette stratégie ne puisse conduire plusieurs de nos compatriotes refusant de lire nos »bla bla » à rompre avec le larbinisme. Tout en refusant de lire nos »bla bla », ils croient fermement que les héritiers des juristes de Wall Street et »les petites mains » du complexe militaro-industriel US sont au service de l’Etat de droit, de la démocratie et des droits de l’homme au Congo-Kinshasa et en Afrique.
Le défi est lancé
Le larbinisme ayant conquis plusieurs cœurs et plusieurs esprits rend la l’affrontement entre les Congolais(es) et les nègres de service de »la nation exceptionnelle » inévitable. Et cela va participer de la guerre perpétuelle pour la reconquête des terres, des forêts, des eaux et des airs congolais. Coachés de l’intérieur par les agences de sédition made in USA, les nègres de service de »la nation exceptionnelle » vont être montés les uns contre les autres afin qu’un chaos créé de toute pièce donne l’impression, aux plus naïfs d’entre nous, que l’alternance politique au Congo-Kinshasa, c’est pour demain.
Le défi est lancé. Les embourgeoisés friands des postes politiques et de la mangeoire vont-ils entraîner nos populations dans »une guerre par morceau » en évoquant la lutte pour la démocratie et les droits de l’homme ou vont-ils se convertir à la lutte pour les terres congolaises en en faisant un sujet de débats et de délibérations publiques ?
Steve BikoLe comble est qu’un fossé terrible existe entre ces »nègres de service », les jeunes de nos cités et les partisans du chef Kamwina Nsapu. Les jeunes de nos cités et villages ont, eux, compris, que »la guerre par morceau » est une question vitale de la protection des terres congolaises. Même si les réponses qu’ils apportent ne sont pas en tout et pour tout à la hauteur de leur compréhension de cette question essentielle, ils ont l’avantage d’en faire leur question de vivre et/ou de mourir.
Le défi est lancé. Les embourgeoisés friands des postes politiques et de la mangeoire vont-ils entraîner nos populations dans »une guerre par morceau » en évoquant la lutte pour la démocratie et les droits de l’homme ou vont-ils se convertir à la lutte pour les terres congolaises en en faisant un sujet de débats et de délibérations publiques ? Vont-ils finir par écouter ces jeunes au lieu de les tuer et de les présenter comme des malfrats pendant que leurs copains déroulent »le tapis rouge » à Gédéon Kyungu Mutanga ?
Comme ils n’ont pas le temps de lire »nos bla bla », il est possible qu’ils continuent à opter pour »la guerre par morceau » en en partageant l’acception que lui donne leurs parrains : »guerre civile », »guerre ethnique » ou »guerre pour la sécurité et la stabilité.
Un autre classe politique doit naître et/ou renaître pour que les choses soient remises à l’endroit.
Mbelu Babanya Kabudi