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Le 19 janvier 2015 au Congo : Pourquoi les violences et le combat contre la loi électorale font le jeu de Kabila et des pays occidentaux

Le 19 janvier 2015 au Congo : Pourquoi les violences et le combat contre la loi électorale font le jeu de Kabila et des pays occidentaux

Le 19 janvier 2015 au Congo : Pourquoi les violences et le combat contre la loi électorale font le jeu de Kabila et des pays occidentaux 800 602 Ingeta

L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu revient sur les fondements des événements du 19 janvier 2015, décrypte comment la violence au Congo est liée au fonctionnement du système capitaliste, explique pourquoi le combat contre la loi électorale légitime d’une certaine manière Kabila. Il souligne également les conséquences du mépris que les pays occidentaux ont pour les congolais et la nécessité pour les congolais de s’organiser en conséquence.

Sur les fondements de la journée 19 janvier 2015 au Congo

Le feu a été mis aux poudres parce que le samedi 17 janvier 2015, le jour de l’anniversaire de l’assassinat de Patrice Lumumba, il y a eu une réunion de travail à l’assemblée nationale. Et 337 députés ont voté une loi scélérate liée au processus électoral à venir.
Il y a eu, depuis la nuit du 18 au 19 janvier 2015, des politiciens congolais qui ont été enfermés dans leurs permanences de partis.
Sur la base de ces deux points, nous pouvons relever que la majorité mécanique, qui prétend être au pouvoir à Kinshasa, a craché sur la mémoire de Lumumba.
Le 26 novembre 2011, cette même police politique avait tiré à balles réelles sur des compatriotes congolais qui se rendaient à l’aéroport de Kinshasa pour accueillir Etienne Tshisekedi, président d’un parti politique congolais, qui revenait d’un voyage.
C’est cette même police politique qui avait massacré les adeptes de l’église du pasteur Mukungubila le 30 décembre 2013.
Nous avons donc des scènes de massacres et d’assassinats qui se succèdent tout au long du règne du régime de la kabilie. Il faut donc en tenir compte.
Si nous référons à ce qu’il y a eu en 2006, après les élections bidon, avec l’opposition en Bemba et Kabila, nous comprenons que ce qui se passe aujourd’hui au Congo a été pratiqué depuis très longtemps.
Ceux qui sont venus dans les mallettes de l’AFDL comme étant les libérateurs du Congo avaient un objectif bien déterminé : exterminer les congolais, dépeupler les villages congolais, balkaniser le Congo et faire main basse sur les matières premières du pays. Si nous perdons cela de vue, nous ne comprendrons pas ce qui se passe maintenant.
Ensuite, Kabila a très peur des casseroles qu’il a accumulées. Il y a tous ces massacres et assassinats qui se succèdent, mais il y a aussi de plus en plus des congolais qui se sont organisés pour le traduire en justice dans plusieurs tribunaux, le cas le plus récent étant celui de l’affaire Chebeya à Dakar.

Sur la violence, la corruption et la cupidité de la kabilie

Ce qui s’est passé à Kinshasa le 19 janvier 2015 et donc une suite logique de ce qui se passe dans le pays depuis près de 20 ans.
Tuer, massacrer, assassiner les congolais est une constante de la Kabilie, c’est sa mission. Cela est lié au fait que le conglomérat d’aventuriers qui est venu au Congo avec l’AFDL a fondé toute sa politique sur la cupidité, la corruption et la violence.
C’est comme cela que fonctionne le capitalisme bourgeois dans tous les pays du monde. Vous avez les maîtres du système qui ont leurs élites compradores, qui corrompent leurs nègres de service, notamment en essayant de financer quelques projets du pays, en essayant d’arrimer ces élites compradores à la banque mondiale et au FMI. Ce faisant les élites compradores endettent le pays et ce sont les générations futures qui devront payer cette dette.
Donc tout cela est lié au fonctionnement du système sur lequel le régime est fondé. Un système corrompu, violence, cupide, toujours tourné vers la guerre perpétuelle, de tous contre tous qui a besoin de cette haine pour intervenir et faire régner la politique du diviser pour régner.

Sur la classe politique congolaise

Avec ce qui s’est passé au Congo aujourd’hui. Les congolais peuvent au moins lister 300 prédateurs qu’ils pourront tenir à l’œil.
Il y a un travail à faire pour que demain, ces prédateurs n’aillent pas dire, « voilà nous avons servi dans ce système là comme vous vous avez dans le système de Mobutu mais maintenant nous passons dans l’opposition ».
Il est temps que les congolais et congolaises apprennent à lister tous ces politiciens et politiciens cupides et corrompus, pour que si jamais demain, le Congo devenait un véritable état de droit, qu’ils puissent rendre compte de leurs forfaits. Il faut qu’il y ait une justice qui revienne sur leur gestion depuis la guerre de l’AFDL.
Il y a 337 députés qui ont décidé de vendre leur âme pour voter une loi scélérate…

Sur le combat contre la loi électorale et Kabila

C’est vrai qu’il faut à un certain moment mettre les congolais debout pour l’aider à se transformer en peuple, c’est-à-dire en une entité citoyenne consciente de ses droits et qui a réussi à rompre avec la peur.
Mais les choses telles qu’elles se passent nous donnent l’impression que pour pouvoir se maintenir à la place où il est jusqu’en 2020 ou 2030, Kabila a besoin des élections. Non. C’est là que nous nous mentons à nous-même. Kabila a été placé là où il est sans que des élections aient été organisées. Il a triché en 2006 et en 2011. Donc, en essayant de lutter pour la loi électorale, on fait le jeu de Kabila parce qu’on le reconnaît comme président. Or Kabila est un mercenaire, tricheur et faussaire.
Comment tout en mettant le peuple debout ne pas faire le jeu de ce faussaire ?

Sur les revendications à porter et à développer

Dire que le peuple se met debout pour la démocratie, c’est poursuivre un objectif vague.
Dans la nuit du 18 au 19 janvier 2015, on a enchaîné les portes des permanences des politiciens congolais. C’est un symbole très fort. Parce qu’il s’agit de transformer les congolais en esclaves enchaînés et baillonnés. Au même moment, qu’on cadenassait les permanences des partis politiques, les signaux de télévisions privées congolaises ont été coupés.
Nous disons non à l’esclavagisme au Congo, nous sommes pour la liberté, nous luttons pour l’égalité, pour la santé et l’éducation gratuite, pour la facilité d’accès à l’emploi.
On peut se fixer un petit programme qui aide le peuple à se mobiliser et à évaluer ceux qui le mettent debout demain si jamais ils n’arrivaient pas à respecter ce petit programme sur laquelle la résistance serait fondée.
Pourquoi la lutte pour les terres congolaises ne pourrait pas devenir l’objectif majeur qui mobilise les masses populaires au Congo ?

Sur les pays occidentaux et les Congolais

Ce qui s’est passé au Congo le 19 janvier 2015 est très grave. Mais les médias qui ont crié qu’ils étaient tous « Charlie » n’ont presque pas parlé de l’actualité congolaise. Et pourtant on tue au Congo.
Nous devrions nous convaincre davantage que ceux qui ont choisi de faire du Congo leur réserve de matières premières ne considèrent pas les congolais et les congolaises comme des êtres humains au même titre qu’eux. C’est ainsi qu’ils louent des alliances avec des congolais et des africains qui ont du mépris pour les congolais ou les congolaises. Toute la kabilie a beaucoup de mépris pour les Congolais.
Comme leurs parrains ne parviennent pas à comprendre que nous partageons une même une humanité, ils peuvent s’arranger avec leurs médias dominants pour que l’on soit tué incognito. Ce n’est peut-être qu’en début d’après-midi que l’on a commencé à parler du Congo via l’AFP et pourtant le monde entier a suivi ce qui s’est passé à Charlie Hebdo, il y a quelques jours.
C’est vrai, c’est leurs médias, ils peuvent en faire ce qu’ils veulent. Mais dans un monde qu’ils prétendent être globalisé comment peut-on expliquer le Congo ait été ignoré toute la matinée du 19 janvier 2015.

Sur la différence entre le Burkina et le Congo

La kabilie a peur du peuple. Elle a peur que le peuple puisse avoir accès à une bonne, vraie information. Elle a peur d’un peuple organisé en connaissance de cause et en conscience. C’est sur ces éléments là que les minorités organisées congolaises devraient travailler.
Le Congo n’est pas le Burkina. Non pas parce que les congolais étaient incapables de se mettre debout, mais qu’ils n’étaient pas capables de faire en un rien de temps ce qui s’est passé au Burkina parce que 1. Les enjeux sur lesquelles la guerre contre le Congo a été faite sont colossaux. 2. Le Congo est un continent. Sans des moyens de communications et télécommunications conséquents, il devient difficile de pouvoir mobiliser toute la population 3. La sensibilisation de ces masses pour qu’elles comprennent les enjeux peut prendre un peu de temps.

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