Par Momi M’Buze
Ce lundi 19 janvier 2015, le monde qui lit et s’informe correctement, a pris connaissance de la détermination de millions d’individus à Kinshasa et Goma. Le plafond de verre est atteint et commence à se soulever par la force d’une jeunesse qui veut en découdre après avoir reçu plusieurs coups et été humiliée depuis l’institution de la monarchie Kabila à la tête du Congo-Kinshasa.
Un plafond de verre posé sur nos têtes depuis des décennies avec comme point culminant de la stupidité cette libération de mai 1997 qui n’en était nullement mais notre mise sous tutelle d’un pays voisin: le Rwanda de Saint Paul Kagamé. Fidèle gardien des intérêts des anciens et nouveaux colons ainsi que des prédateurs économique.
Des intellos politiciens pas stratèges du tout
Ce lundi 19 janvier est une date à retenir. Et pour moi, elle me refait penser à une mise en garde que j’avais fait à quelques aînés lors d’une rencontre de l’UDPS à Bruxelles au printemps 2010. Ces derniers s’évertuaient à parler de « stratégie » politique, se passant entre eux la parole tout en ignorant presque religieusement nous autres jeunes qui étions là. Et lorsque j’eus pris la parole je leur fis la remarque suivante:
« Si Kabila gagne, Tshisekedi ne va pas admettre sa défaite et il y aura des troubles et affrontements. Si Tshisekedi gagne, Kabila et son clan ne vont jamais admettre de laisser le pouvoir donc ils vont user de la force. Qu’avez-vous prévu pour ce cas là? l’UDPS ou ses satellites ont-ils un PLAN B? »
Le silence religieux qui suivi me fit comprendre que j’avais en face de moi des pacifistes naïfs qui pensent que la « Communauté Internationale » leur viendra en aide après les massacres que le régime allait commettre. Et massacre il y a eu ett la « communauté internationale » a été fidèle à elle-même: réaction tardive, discours creux, voir soutien au régime.
Qu’est-ce que j’entendais par PLAN B? Je ne le mettrai jamais par écrit et peu sont ceux qui l’ont entendu sortir de mon esprit. Ces choses ne sont pas à prendre à la légère donc à ne pas étaler partout comme certains s’en sont fait la spécialité sur Youtube et Facebook…
Ma prédiction pour l’échéance 2015
Et aujourd’hui, je me retrouve dans la même situation. Ma prédiction ets quasiment la même. La seule chose qui a changé c’est « l’omnipotence » de la population qui semble désormais se prendre elle même en main sans mettre en avant un homme politique au-dessus des autres. En face, il y a toujours les mêmes dinosaures qui ne veulent pas lâcher le morceau. Hors ils savent tous que ce morceau peut le leur être arraché par la force et dans une violence indescriptible car une population sans leadership unique et trop souvent livrée à elle-même deviendra pire qu’une légion de mercenaires si des armes lui tombaient entre les mains.
En 2014 j’avais fait une prédiction sur la manière dont je voyais ces élections ou plutôt ce troisième hold Up institutionalisé. Voici qu’elle était ma prédiction:
Sachant qu’il ne pourra modifier la constitution pour pouvoir se représenter, le « Raïs » et son « clan » vont tirer sur la corde et rendre la situation au pays explosive au point de faire exploser la poudrière et dans la foulé proclamer l’Etat d’urgence, les lois d’exceptions permettant au président et son clan de renforcer leur pouvoir, la dissolution du parlement et du sénat. Le but final étant qu’après une période de chaos où certains leaders de l’opposition auront été tourné intelligemment en ridicule (comme c’est le cas déjà avec un dont je ne citerai pas le nom), le président et son clan s’imposeront comme des pacificateurs en proposant une gouvernement restreint dans le genre des Commissaires durant la période post-révolutionnaire de Mobutu (car ce régime n’est pas à son premier copier-coller). Et dans dans ce Comité, ils nomineront quelques « opposants » amoureux des postes, des titres et des émoluments mirobolants ainsi que des personnes de la diaspora qui bavent à l’idée de pouvoir retourner au pays.
Les prédateurs et leurs gouverneurs coloniaux nègres ont toujours un coup d’avance car pendant que nous réagissions à leurs actions, eux sont déjà à l’étape suivante. C’est ce qui fait que les africains ne parviennent pas à déjouer les pièges de l’impérialisme dans nos pays et au Congo en particulier.
Et pendant ce temps, tout ce petit monde aura accepté de maintenir « Raïs » à la tête de l’Etat, le temps d’une transition qui devra aboutir à une NOUVELLE CONSTITUTION donc un troisième mandat pour « Raïs » d’office et un maintien du régime.
Le plan B local des impérialistes
Mais n’oubliant pas les forces extérieurs, principales bénéficiaires des 4 à 8 millions de morts congolais, j’ai su développer une autre option de maintien du régime en place. Les « parrains magiques » du régime se seront arrangés pour offrir un exile doré sous haute protection à « Raïs » dans un pays d’Afrique de l’Est comme le Kenya très hostile à la CPI en espérant que les autorités de ce pays hôte et certains penseurs africains influents militeront pour que « Raïs » ne soit pas envoyé à La Haye.
Et pendant, qu’il sera en « sécurité » hors du pays, eux placeront intelligemment leurs pions dont la plupart ont déjà pris des postures d’opposants crédibles et dynamiques. A mon sens, il y en a déjà au moins 4 en liste, dans l’opposition comme dans les coulisses du régime car le but est et reste le même: maintenir le système de prédation et de pillage qui existe depuis Léopold II à ce jour.
Les prédateurs et leurs gouverneurs coloniaux nègres ont toujours un coup d’avance car pendant que nous réagissions à leurs actions, eux sont déjà à l’étape suivante. C’est ce qui fait que les africains ne parviennent pas à déjouer les pièges de l’impérialisme dans nos pays et au Congo en particulier.
Que faire pour s’en sortir
Le « que faire » ne doit pas nous faire croire qu’il y a quelque part un Sauveur Messianique qui viendra du Ciel ou sortira de Facebook. Il n’y aura pas de Prophète ni de Héros tout fait. Les uns devraient penser à éduquer, former et sensibiliser la jeunesse afin de la rendre conscient des enjeux et à développer une capacité à transcender ses besoins primaires du manger et du boire pour entrer dans la lutte: pacifique et non violente pour les uns, armés et violentes pour les autres. Oui, la voie armée est une possible déviation car tout le monde n’est pas au même niveau dans cette lutte et n’a pas la même sensibilité du combat de libération.
Nous manquons d’idéologie, et donc nous peinons à faire naître au sein de notre nation un leadership politique viable et libre du parasitage de l’Occident qui puisse imposer son rythme au monde entier dans l’intéret du peuple congolais, de l’Afrique et de ces potentiels alliés politiques.
Mais pour ma part, je dirai ceci: apprenons à developper des stratégies dans la durée. Des actions sur 10 ou 20 ans afin de ne plus être emporté par d’autres. Il faut imposer son rythme à l’ennemie et pour celà, il faut prendre sa propre allure et forcer l’énnemi qui veut vous battre à s’adapter à votre rythme et suivre vos traces. Rappellez vous la chute de Blaise Compaoré… Il est tombé en quelques jours. Mais combien d’années sont passées entre l’assassinat de Thomas Isidor Sankara et la chute honteuse de Compaoré le traitre? Plus de vingt ans. vingt années pendant lesquelles une voire deux générations ont batît un socle idéologique sankariste même au-delà des frontières du « Pays Des Hommes Intègres ».
Conclusion
Congolais de l’interieur comme de l’extérieur, nous ferions mieux de prendre exemple mais surtout d’étudier les révolutions des autres pour les comprendre et developper notre propre idéologie de libération intellectuelle, culturelle et spirituelle afin de parvenir à la vraie libération. Et celà, ne se fait pas en un jour. Si le peuple était mature et prêt en 1997, l’ADFL n’aurait pas pu prendre le pouvoir et Tshisekedi serait déjà président.
Nous manquons d’idéologie, et donc nous peinons à faire naître au sein de notre nation un leadership politique viable et libre du parasitage de l’Occident qui puisse imposer son rythme au monde entier dans l’intéret du peuple congolais, de l’Afrique et de ces potentiels alliés politiques.