Par Jean-Pierre Mbelu
Au fur et à mesure que s’éloigne la date du 17 mai 1997, date au cours de laquelle notre pays fut « libéré », plusieurs d’entre nous plongent dans l’amnésie et dans l’ignorance, la lobotomisation aidant. L’auto-flagellation revient au galop. Les Congolais(es) ayant réussi à mettre à nu un complot de la balkanisation et de l’implosion de leur pays sont, souvent sans exception, qualifié(e)s de tous les noms d’oiseaux.
L’élite compradore au service des acteurs majeurs et alliés pléniers revient sur le devant de la scène en vue de falsifier notre histoire et de faire des pyromanes les pompiers du feu bouté à la maison Congo. Dieu merci ! Les minorités organisées et agissantes ne dorment ni ne sommeillent. Elles viennent de remettre sur Internet un document rédigé à partir des preuves du juge espagnol Fernando Andreu Merelles dans l’assassinat de ses compatriotes par le FPR au Rwanda. Ce document semble être un appel à la vigilance et à la guérison contre toute forme d’amnésie et d’ignorance. Il montre comment à partir des stratégies, des tactiques, des méthodes et des moyens bien concoctés par l’élite dominante anglo-saxons (et ses alliés) une planification de l’occupation et de l’implosion de la sous-région des Grands-Lacs africains a été menée. Et qui dit planification dit entre autres une étude de haut vol à court, moyen et long terme visant à atteindre des objectifs précis. Qui dit planification dit aussi adaptation ou révision patiente du plan du départ en fonction des imprévus. Il dit adaptation ou révision des stratégies, des tactiques, des méthodes, des moyens, etc. A ce point nommé, le décervelage par médias (ou intellos) interposés est l’une des tactiques (et ou stratégies) efficace à laquelle recourent les alliés pléniers. Sur ce point, plusieurs médias kinois répondent positivement. Ils participent de ce travail de décervelage conduisant à l’amnésie et à l’ignorance. Certains médias congolais alternatifs sont en train d’être pris dans le même piège. Pourquoi ? Parce que la lutte des idées est plus difficile à gagner que celle des armes. Celle-ci ne peut être gagnée que si les esprits et les cœurs ont été mangés par l’idéologie dominante portée par l’élite dominante et ses valets.
Voilà pourquoi la vigilance doit être de mise.
Revenons au cas du Congo. L’évolution de la situation chez nous ne semble pas augurer des lendemains qui chantent. La référence permanente à l’Accord-cadre d’Addis-Abeba donnent des sueurs froides aux minorités organisées et agissantes. Elles retrouvent, dans le mécanisme de suivi de cet accord, les pays et les criminels impliqués dans la planification de l’occupation et de l’implosion du Congo et du remodelage anglo-saxon de la sous-région des Grands-Lacs africains. Au Congo, un membre du FPR, Joseph Kabila, fait semblant de mettre sur pied un mécanisme de suivi de cet Accord-cadre après avoir fait des dignes fils de notre peuple ses propres prisonniers politiques.
L’implication de l’ONU dans la fameuse brigade d’intervention à l’Est semble convaincre plusieurs d’entre nous que la guerre de basse intensité menée contre notre pays touche à sa fin. Une rigolade ! Les membres du M23 ont infiltré les FARDC. Ils rejoignent ceux du RCD et du CNDP qui étaient déjà là pour que l’extermination de nos populations se poursuive par le banditisme, les hommes en uniforme non autrement identifiés, les milices en divagation, etc. Nous avons, pour plusieurs d’entre nous, de la peine à comprendre que les commanditaires et les initiateurs du remodelage de la sous-région des Grands-Lacs africains travaillent sur le court, moyen et long terme. Et que nous n’avons rien à attendre de leurs marionnettes oeuvrant dans nos institutions ; qu’ils soient de l’ AFDL, du RCD, du CNDP, du PPRD ou d’autres partis politiques ou mouvements sociaux satellites. D’où l’importance d’une alternative crédible planifiant les choses sur le court, moyen et long terme.
Une guerre planifiée prend du temps et cherche, psychologiquement à casser les ressorts de résistance d’un peuple (congolais) luttant mains nues. A force de prendre du temps et de cacher ses objectifs, elle peut mener à l’auto-flagellation et à la haine de soi ; ou à la disqualification du peuple au profit des « experts » censés savoir ce qui est bien et démocratique pour tous.
A ce point nommé, les minorités organisées et agissantes doivent pouvoir être vigilantes et renvoyer aux textes. La tendance facile à lire notre histoire collective mentalement, à partir de petits commentaires des médiamensonges sans référence aux documents historiques (comme les preuves du juge espagnol susmentionné) ,fait partie du décervelage de notre peuple et ses résistants. D’où l’urgence d’une mise sur pied formel ou informel d’un leadership collectif visionnaire, des médias alternatifs informés sur la planification du remodelage de la sous-région des Grands-Lacs africains et de l’éveil des masses critiques à même d’une révolution mettant hors d’état d’agir et les planificateurs et les collabos de notre commune disparition comme peuple historique. Un leadership collectif réunit des compétences pouvant faire des propositions différentes concourant à la sortie du cercle vicieux de notre commune humiliation et de notre esclavage sur la terre de nos ancêtres. Il opère à partir du choc des idées formelles et informelles. En marge de toute lobotomisation et de toute agencification occidentale avilissante. Le recours aux textes reste incontournable dans notre lutte d’émancipation contre les forces de la morts internes et externes.
Mbelu Babanya
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1. Ce document est intitulé : « Génocide rwandais : le peuple crie justice ! » Il date de 2008 et encore d’actualité.
2. Lire J. KANKWENDA MBAYA, La République Démocratique du Congo face au complot de balkanisation et d’implosion, Kinshasa, Iccredes, 2013.