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La résolution 2098 ou l’effondrement du monopole de l’Etat Congolais (Suite)

La résolution 2098 ou l’effondrement du monopole de l’Etat Congolais (Suite)

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Par Jean-Jacques Wondo

La Brigade neutre est-ce la panacée à la crise congolaise ? Forces et limites de son action

L’ambassadeur de la Russie à Kinshasa, M. Anatoly Klimento, a déclaré au cours d’un point de presse le 02 avril 2013 : « la RDC devrait profiter de l’arrivée de la brigade d’intervention de la Monusco pour se doter d’une armée efficace et dissuasive afin de ne pas toujours compter sur la communauté internationale. » Une déclaration aux antipodes de la conférence de presse euphorique tenue conjointement la veille par les ministres Tshibanda et Mende. Il a précisé que « le gouvernement du Congo de concert avec ses partenaires devra fructifier ce temps [la présence de la Brigade] pour bien renforcer ses forces de sécurité, son armée, afin d’être capable de résoudre ses problèmes, tout seul, sans l’assistance des puissances de la communauté internationale. » Quant à l’efficacité opérationnelle de cette Brigade de l’ONU, le diplomate russe a émis de grandes réserves : « Je ne peux pas dire si le déploiement de cette brigade va résoudre tous les problèmes de l’Est. C’est certainement non parce que ça peut soulager, ça peut stabiliser, ça peut préparer le terrain pour le retour des autorités, pour le contrôle de l’Etat sur toute l’étendue du territoire du Congo », a-t-il affirmé. Tout cela, pendant que Kinshasa criait à la « victoire avant la guerre.

A l’instar du diplomate russe, je suis également d’avis que la présence de cette brigade apportera certes une valeur ajoutée nécessaire (et non suffisante) en produisant un effet psycho-dissuasif, sans toutefois éradiquer tous les groupes négatifs à long terme. Ce n’est pas la première fois qu’une action militaire de grande envergure soit menée au Congo contre les forces négatives. Rappelons-nous de l’opération conjointe RDF (l’armée Tutsie rwandaise) – FARDC appelée Umoja wetu (Notre unité) lancée à partir du 20 janvier 2009 au Nord-Kivu. Une opération qui présentait toutes les raisons politiques, militaires et psychologiques d’atteindre ses fins. Ce pour la simple raison que lorsqu’on mène une guerre contre un ennemi, disait le professeur abbé Richard Mugaruka, c’est pour une cause sacrée que le militaire s’engage à combattre au prix de son sang. Cela donne lui donne une rage guerrière et toute la sagacité de se battre à dessein. Et les RDF Tutsi, dans leur guerre exporté au Congo contre les Hutu FDLR, se battaient pour une cause sacrée liée leur survie.

Si l’armée à prédominance monoethnique Tutsi, les RDF a eu toute l’énergie du monde, en mobilisant 5.000 hommes aux côtés des FARDC, sans parvenir à éradiquer les FDLR, une des milices parmi la trentaine qui écume l’est des FARDC. Que peut-on attendre concrètement d’une force de 3.000 hommes, non concernés par cette guerre ethnique, qui viendra se battre, certainement sans motivation et sans une cause sacrée à défendre (si ce n’est de venir se battre pour les intérêts mercantiles des élites de leurs pays : la Tanzanie (où le président Kabila a investi dans l’immobilier et l’hôtellerie selon des sources de son entourage familial direct en reconnaissance au gîte et au couvert leur offert durant l’exil économique de LD Kabila) et la République Sud africaine ayant des intérêts privés en RDC par des contrats de gré à gré conclus entre les proches du président Zuma et le cabinet parallèle de M. Kabila?

D’autant que les 850 hommes promis par Pretoria ne proviendront pas d’unités d’élite sud africaine mais seront bien prélevés des casques bleus indolents et parfois affairistes déjà présents au Congo et habitués au tourisme militaro-minier. Il s’agit des hommes parmi les 1.244 du 121ème bataillon Sud-Africain d’Infanterie déjà (in)actifs au Congo où ils sont déployés au Nord-Kivu dans le cadre de la MONUSCO pour la protection de la population locale. Un bataillon qui s’occupe actuellement de la protection des civils, la protection des autorités ; les missions de reconnaissance, de patrouilles, d’escorte et de la force de réaction qui n’est qu’une des missions parmi les autres.

Comment faire de sorte que les 3.069 hommes de cette force deviennent effectivement des victimes propitiatoire de la cause sacrée congolaise, prêts au sacrifice suprême, alors que leurs collègues FARDC vont sans doute continuer à revendre armes et munitions aux groupes à éradiquer ? Ou que leurs homologues indiens, sénégalais, pakistanais, canadiens ou guatémaltèques poursuivront en même temps leurs business lucratifs dans le même eldorado minier qui, paradoxalement, sera transformé en même temps en une zone de bataille ? N’y a-t-il pas risque de collision possible entre ces éléments de l’ONU qui vont poursuivre des objectifs antinomiques ? Les uns au fourneau pour éradiquer les forces négatives et les autres au soleil tropical des bords des Lacs ou dans les collines de Virunga profitant du ‘club med’ militaire grassement rémunéré ?

N’y a-t-il pas risque de voir se profiler le spectre de l’enlisement vécu en 2000, qui a vu les différentes armées africaines venues s’affronter au Congo, s’affairer dans une juteuse économie de guerre par l’instauration d’un dispositif de déprédations des richesses naturelles de la RDC ? Quelle est cette cause sacrée pour laquelle se battrait un soldat Tanzanien qui n’a jamais fait de guerre depuis l’invasion de l’Ouganda en 1979 ? Ou encore de quoi seraient capables les militaires Sud-africains dont l’état de l’armée est en décrépitude, rassemblant plutôt d’ex-combattants de l’ANC – semblables à nos Maï-Maï du point de vue formation militaire lacunaire – non aguerris aux techniques de guerre et, de surcroit indiscipliné et sous entraîné. A cela, il faut ajouter un équipement obsolète, hérité du temps de l’apartheid pour une armée de 75.000 hommes faiblement équipée, vidée de l’expertise blanche et sous financée.

En bref, que peuvent réaliser toutes ces armées étrangères au Congo que n’ont pu faire les hommes de Museveni, Kagame, Kabarebe et leur contingent formant la cinquième colonne infiltrée dans toutes les institutions, l’armée et tous les services de sécurité congolais ? Comment susciter subitement une rage guerrière à des militaires habitués à se tourner les pouces ? Telles sont les questions que tout observateur attentif devrait se poser.

L’autre élément qui me rend dubitatif concerne la taille de cette force qui ne peut pas lui permettre d’opérer efficacement sur une large la bande Est du Congo allant de l’Ituri avec ADF-NALU jusqu’au Katanga avec les Raia Mutomboki et autres milices de Gédéon, sans oublier les bouillonnants Kata-Katanga. Alors qu’en 2003, les 1500 hommes de la mission européenne de l’Artémis ont, par leur action armée, certes obtenu un « succès opérationnel et politique » mais qui s’est révélé précaire après leur départ. Leur action n’a fait qu’entraîner un effet de déplacement des milices dans les zones hors de leur rayon d’action sans parvenir à les éradiquer complètement. Ces forces négatives sont revenues sous de nouvelles appellations dans cette zone où les alliances de circonstance, parfois contre nature, se font et se défont tant que chaque regroupe se « retrouve », comme aime à dire les kinois. Ainsi, rien ne dit que le M23 peut demain se transformer par exemple en N28 (allusion au 28 novembre 2011 pour réclamer la vérité des urnes qui fait également partie de leurs griefs !)

Ainsi, dans cette hypothèse, tous les scenarii sont plausibles, mêmes les plus incongrus et antinomiques : l’alliance d’intérêt ou de solidarité négative entre le M23 et les FDLR les premiers visés par cette résolution 2098. A ceux-là peut aussi s’ajouter la rébellion FNL (Forces nationales de libération) burundaise opposée à Nkurunziza et dont la base de repli se trouve également au Kivu. Ce qui pourrait donner du fil à retordre à cette brigade d’intervention car les FDLR et le M23 sont loin d’être de simples milices civiles (sans formation militaire) comme ce fut le cas avec les brigands chassés de l’Ituri par Artémis. Il s’agit bien de deux groupes regroupant en leur sein des vétérans de toutes les guerres de la région depuis octobre 1990, qui plus est des militaires bien formés à la base dont la plupart par les tanzaniens et les sud africains eux-mêmes pendant la préparation de l’invasion du Congo par l’AFDL en 1996.

Un troisième argument qui pourrait rendre les hostilités difficiles si ces deux mouvements décident d’en découdre avec la force de l’ONU est leur maîtrise et connaissance du terrain militaire et de ses reliefs. Un facteur important dans la conduite tactique d’une bataille militaire qui serait plutôt à l’avantage des FDLR et du M23. Surtout pour ce qui est du M23, un pur produit de James Kabarebe, comme l’attestent les rapports d’experts de l’ONU. Un Kabarebe qui n’a pas hésité de se vanter auprès d’une blogueuse belge en 2012 qu’il connait Rutshuru et ses environs millimètre carré par millimètre carré. Qui dit mieux ?

A cela s’ajoute la menace psychologique du M23 de promettre l’enfer à la Brigade internationale et la reprise de Goma, ils en a les moyens, si jamais il était attaqué par la brigade internationale. Voilà qui annonce les couleurs du sans à couler à l’avenir. Et dans cette rhétorique guerrière, le Rwanda et ses alliés sont passés maîtres en la matière. Ils ont toujours annoncé leur prochaine cible avant de l’attaquer. Un effet d’annonce censé jouer sur le moral de l’ennemi et le pousser à détaler. Est-ce les menaces actuelles du M23 contre la Monusco produiront-elles le même effet que lors des guerres contre le Congo ?

En conséquence, la taille réduite de cette Brigade internationale ne lui permettra pas d’étendre son rayon d’action de peur d’élargir ses lignes de combat et les rendre poreuses. Ce qui favoriserait les contre-infiltrations de ses adversaires mieux aguerris dans les combats de type asymétrique et non classique. Ainsi, le choix des sites de déploiement de la Brigade, notamment Goma (état-major), Rushuru, Walikale, Masisi, Béni qui ne se trouvent pas à la frontière rwando-congolaise mais bien à l’intérieur du Congo peut faciliter certains renforts et ravitaillement du M23 au départ du Rwanda, malgré la présence des drones. A cela s’ajoutent les contraintes liées aux moyens de transmission et de communication (notamment avec les populations locales francophones), logistique, équipement, logement, charroi et autres.

D’ici là, rien n’est gagné ni perdu d’avance dans un camp ou dans l’autre car il faudrait également suivre le débat en RSA où Zuma est particulièrement mis sous pression par l’opinion publique et la société civile depuis la mort des militaires en RCA. Sans oublier d’autre part l’offensive diplomatique dissuasive du lobbying excellemment bien mené conjointement par le M23 et le Rwanda, qui s’opposent au déploiement de cette Brigade. Il ne faudrait pas alors s’étonner, comme je l’écrivais dans une analyse précédente que le scénario de Novembre 1996 où le Rwanda et son allié l’AFDL ont devancé la mise en application de la résolution 1080, mettant l’ONU devant un fait accompli, en la plaçant dans l’incapacité d’envoyer la force multinationale temporaire.

Mon scepticisme semble également partagé par Roland Hureaux qui dans l’analyse intitulée « Massacres au Congo : la France peut-elle vraiment abandonner le Kivu à son sort tragique ? » évoque l’appui stratégique que l’Afrique du Sud fournit au Rwanda qui soutient le M23, une des cibles militaires des soldats de Zuma de la Brigade d’intervention de la MONUSCO. (http://desc-wondo.org/exclusif-massacres-au-congo-la-france-peut-elle-vraiment-abandonner-le-kivu-a-son-sort-tragique-par-roland-hureaux/). Un paradoxe inextricable ! Et l’analyste de se poser la question : « A quoi va conduire la résolution du Conseil de sécurité, adoptée le 28 mars dernier, créant la Brigade d’intervention de la Monusco, composée de 3000 hommes, tous africains (Tanzanie, Malawi, Afrique du Sud) dans le Nord-Kivu ? Même si elle semble fraîchement accueillie par le pouvoir rwandais (qui vient de livrer des missiles sol-air aux rebelles !), il y a peu de chances qu’elle ramène la paix dans cette région. Même s’il faut faire la part de la forfanterie, on peut croire le lieutenant-colonel Vianney Kazarama, porte-parole militaire du M23, quand il dit, dans un entretien à l’AFP : « La Brigade d’intervention de l’ONU n’arrivera pas à faire ce que les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), soutenues par les 20 000 casques bleus de la Mission de l’ONU pour la stabilisation du Congo (MONUSCO) n’ont jamais fait ».

La résolution 2098 et la mise sous tutelle étrangère de l’Etat congolais ?

Par la résolution 2098, les partenaires étrangers viennent pallier l’incapacité du gouvernement congolais d’assurer son droit au monopole de la violence. De ce fait, l’extérieur dépossède l’Etat congolais du contrôle de ce secteur stratégique de la sécurité, domaine par excellence de la souveraineté d’un Etat. Et pourtant, la communauté internationale, loin d’avoir permis à l’Etat congolais de former une armée républicaine et dissuasive, par manque de stratégie, complaisance et agendas divergents dans le cadre des coopérations bilatérales déstructurantes, le décharge par cette résolution de ses responsabilités de définir en premier lieu la forme et la puissance de son armée car il apportera désormais ce qu’il faut au Congo pour sécuriser l’Est. Cet assistanat technique permanent va encore maintenir pour longtemps le Congo dans une dépendance chronique, qui à son tour, semble appeler à la tutelle extérieure comme s’en sont réjouis MM Tshibanda et Mende. Ce que le professeur Guy Aundu Matsanza (l’Etat au monopole éclaté, 2012) qualifie de « régence extérieure » et de cercle vicieux. C’est le perpétuel recommencement dans l’armée, une « marche sur place » qui entretient la mainmise des réseaux (internes et externes) sur son organisation et son fonctionnement. Par ces « aides », les partenaires se dotent de créneaux d’influence au sein de l’Etat qui de fait est mis sous tutelle.

La résolution 2098 vient renforcer la dépossession de l’Etat congolais de la gestion du monopole de la contrainte légitime. La nouvelle brigade internationale viendra consolider la main mise des réseaux externes construits à partir des canaux d’assistanat étrangers ou de coopération internationale (MONUSCO, EUSEC, AFRICOM, CIRGL, SADC, Angola, RSA, Belgique, USA, Chine…) dans l’objectif de contrôler des moyens de contrainte, afin de faire triompher les intérêts particuliers et centrifuges qui contribuent à la fission des structures de l’armée en rompant ou paralysant les liens structurels et fonctionnels prônés par les principes d’institutionnalisation de l’armée. La puissance publique que symbolise l’armée (et la police) est émiettée par ces pôles multiples, tacites ou explicites et centrifuges, d’autorité.

L’analyste Thierry Vircoulon (ICG) qualifie le régime d’accompagnement de la RDC par la communauté internationale de « mise sous tutelle de fait » mais refusée et refoulée qui se traduit par une responsabilisation partielle du gouvernement de transition. C’est particulièrement le cas dans le processus d’adoption de programmes d’action RSS ou de textes juridiques (La Constitution par exemple conçue depuis les ‘bureaux climatisés’ de l’Université de Liège). D’autres analystes, dont Gauthier de Villers, qualifient de « semi-tutelle », le régime instauré sous le leadership du Conseil de sécurité en RD Congo. Ou encore, à la suite de Vircoulon à nouveau qui qualifie le mécanisme mis en place de régime de « souveraineté contrôlée », mais en précisant alors que le contrôle recherché ne fut guère effectif. (Conjonctures Congolaises 2012 ; L’harmattan, Paris, 2013, pp-289-293). D’autres, James Fairon et David Laitin, vont plus loin et plaident même pour un transfert de souveraineté de l’Etat failli par la mise en œuvre de formes de « new international trusteeship ». Il s’agit en fait de confier la responsabilité des missions de stabilisation d’un Etat échoué à une autre puissance étatique ou régionale qui serait fortement impliquée dans le pays en crise, soit en raison de liens historiques, soit à cause des menaces que la situation de crise fait peser sur sa sécurité.

« Un pouvoir dépendant de soutiens extérieurs », c’est ce que relève l’ICG en réponse à la question : Que reste-t-il au président Joseph Kabila pour asseoir son autorité en RDC ? Visiblement plus grand chose à en croire l’analyste Marc-André Lagrange. L’Etat central n’existe plus et les provinces, de plus en plus « indépendantes« , gèrent les problèmes sécuritaires avec des partenaires extérieurs. Dans l’affaire des Maï-Maï Bakata Katanga de Lubumbashi, c’est en effet le gouverneur du Katanga et la mission des Nations unies au Congo (Monusco) qui ont obtenu leur reddition. « Une fois de plus, les Nations unies et le pouvoir local ont dû se substituer à un gouvernement absent« , souligne Marc-André Lagrange. Dans l’autre dossier « chaud » congolais, celui du Nord-Kivu et des rebelles du M23, là encore, le président Kabila s’en remet à « des acteurs extérieurs » pour gérer la crise. Les autorités congolaises attendent en effet leur salut de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et de l’arrivée de la brigade spéciale d’intervention de l’ONU, pour lutter contre les groupes rebelles. Après « sept ans de régime kabiliste », ICG note que « les capacités de gouvernance institutionnelle sont toujours très faibles » et que le pouvoir est « complètement dépendant de soutiens extérieurs » et d’un système de gouvernance par substitution« .(Afrikarabia, 22 avril 2013)

La résolution 2098 ne suffit pas, il faut surtout former et entretenir les FARDC

De l’analyse susmentionnée, on est forcé de constater que la résolution 2098 ne suffira pas à juguler la violence à l’Est de la RDC ni rétablir l’autorité dissoute de l’Etat dans l’ensemble du territoire.La fin de l’instabilité dans un court délai (un an de mandat) est un pari quasi utopique. En réalité, l’amorce de la stabilisation de l’Est du Congo ne pourra être effective sans une politique volontariste de l’Etat congolais qui doit s’atteler en même temps à former, équiper correctement, encadrer et surtout bien entretenir les FARDC afin qu’elles prennent immédiatement la relève à l’issue du mandat de cette Brigade d’intervention qui n’apportera pas le salut invoqué par les autorités congolaises. En bref, il faut professionnaliser l’armée pour la rendre performante et dissuasive afin qu’elle devienne un vrai rempart servant à préserver la souveraineté et l’intégrité territoriales du Congo contre les velléités de balkanisation manifestées par nos pairs africains. Les FARDC, contrairement aux déclarations fallacieuses des autorités congolaises, ne font pas l’objet d’embargo ». En effet, l’embargo sur les armes en RDC ne touche uniquement que les groupes armés auxquels des officiers généraux FARDC – cités dans des rapports d’experts onusiens – vendent des armes et munitions destinées aux FARDC.

Dans ses vœux de Nouvel An 2013 adressés à la Nation le 31 décembre, le président Kabila déclare que la réforme de l’armée est une des priorités du Gouvernement. Cette déclaration était consécutive à son traditionnel discours annuel sur l’état de la Nation devant l’Assemblée nationale et le Sénat réunis en congrès, prononcé le 15 décembre 2012 où il a mis l’accent sur la crise dans le Nord-Kivu en évoquant sa triple stratégie (Militaire-Diplomatique-Politique) mise en place pour régler la crise. En réalité, ces deux interventions visaient plutôt à baisser la tension politique qui ne cessait de se polariser autour de sa personne après la débâcle de Goma qu’une réelle volonté de mener des réformes attendues par tous depuis dix ans. Quatre mois après cette dernière sortie médiatique, on est en droit de constater qu’aucune action concrète d’envergure n’est réellement entreprise dans le sens des discours présidentiels aux accents d’effet d’annonce soporifique.

Autant un vrai dialogue citoyen et républicain sur la cohésion nationale reste un impératif absolu pour ressouder le pays meurtri à la suite des élections chaotiques de 2011, autant la tenue simultanée états-généraux de l’armée devient une urgence incontournable pour remettre sur les rails un nouveau processus de refondation d’une armée républicaine, dissuasive à vocation nationale qui doit prendre le pas sur l’armée des milices que sont les FARDC. Ne pas s’y soumettre c’est créditer et encourager la thèse de l’effondrement du monopole de l’Etat congolais.

Jean-Jacques Wondo Omanyundu
Analyste des questions sociopolitiques et sécuritaires de la RD Congo

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