Par Bénédicte Kumbi Ndjoko
Une penseuse américaine avait dit que dans le cas du Congo, il fallait nous laisser nous battre entre nous jusqu’à épuisement avant de nous asséner le coup de grâce. C’est ce qui se passe.
Au Congo, il ne se passe pas un jour sans que le spectacle de la conflictualité gagne à lui des partisans et des opposants. Parce que l’on ne sait plus vivre, que la mort rode sans gêne tous les jours, à chaque instant, que la faim est là tenace, la seule solution qui est laissée aux gens, c’est de s’exprimer dans la passion de la colère. La dernière levée d’armes des uns et des autres tourne autour du procès du siècle. La pomme de la discorde est le fait que certains veulent absolument croire que la justice congolaise est revenue d’entre les morts et partant que l’Etat de droit est en marche et ceux qui au vu de l’histoire de ce pays mettent cela en doute. Afin de les aider à répondre à cette question, le FCC, du moins ses animateurs drogués, s’évertuent de faire des propositions de lois pour mettre au pas une justice déjà en laisse. Pour les croyants de la rédemption de la justice ceci constitue une preuve irréfutable, aussi il faut absolument la soutenir contre les vautours.
Pourtant lorsque l’on se donne le temps de fouiner un peu, même si c’est interdit, on apprend que ces mêmes juges qui devaient jeter un os à ronger à la population en manque de justice, sont tous passés à la présidence RDC qui avait pour mission de leur donner la marche à suivre venue de l’ombre. Il ne s’agissait pas de la culpabilité d’un voleur que tout le monde a vu s’enrichir, non c’était juste un règlement de compte. Un seul homme a refusé d’entrer dans ce jeu et nous connaissons tous son sort. Pour le conglomérat d’aventuriers de l’AFDL, comme dans le cas des élections frauduleuses, il s’agit toujours de répondre à la question: comment maintenir l’état de peur permanent en même temps que l’on applique une violence permanente? Tout ce qui se fait au Congo ce n’est à chaque fois que la mise en lumière d’un des éléments constitutifs de la guerre qui nous est faite, des épisodes dans le film global.
Tout ce qui se fait au Congo ce n’est à chaque fois que la mise en lumière d’un des éléments constitutifs de la guerre qui nous est faite, des épisodes dans le film global. Une penseuse américaine avait dit que dans le cas du Congo, il fallait nous laisser nous battre entre nous jusqu’à épuisement avant de nous asséner le coup de grâce. C’est ce qui se passe.
Une penseuse américaine avait dit que dans le cas du Congo, il fallait nous laisser nous battre entre nous jusqu’à épuisement avant de nous asséner le coup de grâce. C’est ce qui se passe. Bagarres entre ceux qui croient en une pseudo justice et ceux qui ne la constatent pas. Bagarres entre ceux qui pensent que le meilleur moyen de répondre à un situation de guerre c’est de former un État fédéral, ou devenir indépendant, ou se préparer aux élections pour 2023, et ceux qui disent faisons en sorte de mettre fin à cette guerre. Bagarre entre ceux qui croient que seule la tribu compte et ceux qui pensent que c’est d’abord le Congo. Bagarre entre ceux qui affirment que les intellectuels ont échoué et ceux qui disent qu’il faudrait déjà avoir une idée claire de ce qu’est un intellectuel. Bagarre entre ceux qui se présentent comme chrétiens et ceux qui veulent un retour à la spiritualité africaine. Bagarres entre ceux qui préfèrent le fufu de manioc et ceux qui préfèrent la semoule…En attendant, six armées étrangères sont sur notre sol. Je ne vois pas les néoapôtres de la justice-Etat de droit répondre à ces agressions, comme ceux du fédéralisme, de la sécession, des élections de 2023.
On pourrait ici encore égrener plus en avant ce chapelet conflictuel mais je crois qu’il n’y a qu’une seule question à poser: sommes-nous prêts à réévaluer nos priorités ou voulons-nous tous mourir comme des idiots?
Bénédicte Kumbi Ndjoko