Par Mufoncol Tshiyoyo
Comme d’habitude, l’Occident, à travers ses différents agents, notamment ses nègres « alliés » ou de service et des avocats zélotes que Gramsci aurait appelé des « intellectuels organiques », revient impunément sur le lieu du « crime » où, comme tout bon criminel, il reproduit mécaniquement presque le même scénario de floutage et de dissimulation. Mais tout cela se déroule devant un public et des victimes toujours demandeurs et consentants : desquels on ne pourrait attendre autre chose que de la reproduction comportementale conditionnée au départ par une existence d’oisiveté qui les ayant réduits à la mendicité et à la prostitution.
On essaye de comprendre mais sans réellement chercher à justifier l’attitude à déplorer du public congolais qui jubile déjà du fait que le Canada, selon ce qui s’écrit et se diffuse sur la toile, menacerait d’arrestation à la CPI l’un des fidèles agents de l’Occident au Congo : « Joseph Kabila ».
Le Canada dans les guerres en Afrique centrale
À propos du Canada, il y a un jeune auteur congolais nationalisé canadien qui a consacré deux de ses publications sur le Canada : Le Canada et le pouvoir tutsi du Rwanda/ deux décennies de complicité criminelle en Afrique Centrale (2014) et Le Canada dans les guerres en Afrique centrale / Génocide et pillages des ressources minières du Congo (2012). Même sans avoir lu les deux livres, les deux titres sont éloquemment explicites.
Si le ridicule pouvait tuer, le groupuscule d’avocats canadiens à la base de l’initiative contre le pion occidental à sacrifier, « Joseph Kabila », aurait commencé par déférer le Canada devant les cours et tribunaux pour des crimes connus et commis par le Canada au Congo.
On y lit, notamment : « En 1960, le Canada a participé, avec l’ONU, à l’assassinat du premier chef de gouvernement du Congo, Patrice Emery Lumumba. Son auteur, sans concessions, dévoile l’existence d’opérations concertées entre le Canada, les puissances occidentales et leurs multinationales, par le Rwanda interposé, pour dépouiller la RDC de ses ressources stratégiques, quitte à la démembrer en de micro-États. L’auteur met en lumière l’assujettissement de la justice internationale à une communauté d’élites capitalistes et révèle comment, en 2006, la « communauté internationale » et un ancien premier ministre canadien ont parrainé une fiction électorale pour maintenir au pouvoir le président Joseph Kabila, présenté comme le garant des intérêts occidentaux au Congo. Début des années 90, le Canada soutient le régime violent du Rwanda dirigé par le Président Paul Kagame, pourtant accusé par la justice espagnole d’avoir assassiné des citoyens canadiens ».
Les deux livres susmentionnés interviennent juste après la publication d’un autre ouvrage, et du même genre presque, « Noir Canada : Pillage, corruption et criminalité en Afrique (2008) », un livre d’Alain Deneault, un Canadien français de Québec. De la lecture de ces livres et de leur contenu, celles et ceux qui ne savent lire et d’autres qui ne les ont pas encore lus, faute de temps peut-être, personne ne veut rien savoir, alors que des « intellectuels organiques » se mettent déjà à véhiculer l’image du Canada, comme quoi il s’agirait d’un pays angélique, défenseur acharné des droits de l’homme et de la maladie dénommée « démocratie ».
« Joseph Kabila », un pion condamné à l’avance au sacrifice
Seulement, si le ridicule pouvait tuer, le groupuscule d’avocats canadiens à la base de l’initiative contre le pion occidental à sacrifier, « Joseph Kabila », aurait commencé par déférer le Canada devant les cours et tribunaux pour des crimes connus et commis par le Canada au Congo. Et ce, au nom des mêmes principes qui semblent motiver leur marche à suivre. L’annonce de la CPI contre « Joseph Kabila », loin d’être un test de consommation à l’endroit des masses populaires à séduire, se résume plutôt en une fuite en avant dont le vrai motif reste de cacher, mais en vain, les crimes commis par le Canada au Congo. Qui cherche à innocenter le Canada par le crucifiement d’un nègre de maison qui a pourtant été dûment employé et rémunéré pour la cause ? Le Canada aurait recruté d’autres nègres, qui se seraient d’ailleurs vendus à un vil prix et auxquels la promesse a été faite de gérer pour un temps le même type de pouvoir : le pouvoir-os.
Faire arrêter l’agent « Joseph Kabila », un pion condamné à l’avance au sacrifice, une fois qu’il avait succombé aux sirènes de séduction de pouvoir-os, n’apparaît comme un acte de repenti ou de pardon pour un peuple déterminer à s’engager définitivement dans l’histoire.
D’autres crimes sont attendus. Ils sont également prévus dans le même sens et au nom des mêmes principes par des agents capables de basses besognes et de compromission. Dans ce sens, faire arrêter l’agent « Joseph Kabila », un pion condamné à l’avance au sacrifice, une fois qu’il avait succombé aux sirènes de séduction de pouvoir-os, n’apparaît comme un acte de repenti ou de pardon pour un peuple déterminer à s’engager définitivement dans l’histoire. Faut-il en pleurer ou en rire ? Non, nous n’avons que le Congo comme tout, comme bien, comme essence, comme identité, comme avenir, comme devenir, comme honneur à défendre jalousement. Une patrie qui vaut le sacrifice de soi. Car le monde en mutation qui épie nos pas et nous observe n’aura jamais pitié d’un peuple qui a longtemps souffert et qui attend de ne pas rater l’occasion de son affranchissement alors que celle-ci ne se présente qu’une seule fois dans l’histoire.
La question, c’est pourquoi toutes celles et tous ceux qui reprennent aujourd’hui le refrain de « Joseph Kabila » à la CPI croient naïvement que tous, nous ne sommes que des cons à manipuler ? J’ai ouï dire que la justice congolaise aurait envoyé un sujet libanais en prison au Congo. Le pauvre libanais en question est un « blanc », mais un blanc arabe et pauvre, des catégories moins honorables selon les normes de l’arrogance occidentale. Ce n’est pas le fait que des avocats congolais s’expriment en français de Molière et construisent de belles phrases qui ferait que des gens comme nous seront séduits et se mettront à entonner Alléluia. Le verbe haut qui ne peut s’attaquer à l’humiliation que fait subir le Congo par le Rwanda ne provoque aucune satisfaction personnelle ou collective.
Le temps est mûr
La justice congolaise se comporterait-elle de la même manière avec un sujet canadien et américain ? Non, Mufoncol Tshiyoyo n’est pas le seul à poser ce genre de questionnement. Dans son blog, la Belge Colette Braeckman, et je sais que ce n’est pas une bonne référence, s’interroge, elle aussi, mais sous forme de moquerie : « Il apparaît probable aussi que les États Unis ont fortement encouragé le recours à la « république des juges ». S’il ne s’agît que d’une « Opération mains propres », de lutte contre la corruption, on ne peut que peut s’en réjouir et féliciter ses protagonistes, en leur demandant cependant d’élargir le champ de leurs investigations, par exemple à certains citoyens américains actifs dans le domaine minier… » (publication 20 juin 2020). Qui dit mieux ?
Nous nous battrons. Nous allons engager une bataille sans concession contre vous, entre nous, mais pour que ne triomphe finalement que Likambo ya mabele. La bagarre sera d’homme à homme.
Est-ce que le problème au Congo, c’est le nègre « Joseph Kabila » ? En pointant du doigt un sous-fifre, qui a peur d’aborder la question de la domination Tutsi dans les Grands Lacs ? Qui a peur de Paul Kagamé ? Qui a peur du Rwanda ? Est-ce parler du Rwanda, c’est parler des USA, du Canada ? Qui désigne à une catégorie du public congolais un mercenaire comme adversaire ? Le mercenaire, on l’affronte sans autres formes de procès. En affrontant « Joseph Kabila » combat-on ses multiples casquettes et ses parrains ? Ce genre de discours n’arrange pas l’image DU NÈGRE toujours bon enfant et facile à maintenir aux travaux de champ. Mais là où le bât blesse, c’est quand ce sont des nègres qui s’en réjouissent et crient à la trouvaille.
Est-ce que, comme en dit en lingala « Oyo eza koloka te ? » Non, et heureusement, qu’il se trouve encore, parmi les peuples condamnés, des « gardiens du temple » (Cheikh Hamidou Kane, 1997). Dans le testament de Hô Chi Minh, on retient trois verbes et un substantif : faire, accomplir, réaliser et aller à l’essentiel. Nous nous battrons. Nous allons engager une bataille sans concession contre vous, entre nous, mais pour que ne triomphe finalement que Likambo ya mabele. La bagarre sera d’homme à homme. Nous en appelons à la conscience de toutes celles et de tous ceux qui veulent y apporter leur concours: « Libération nationale, réveil national, restauration de la nation au peuple ou au Commonwealth, quel que soit le nom utilisé, quelle que soit la dernière expression, la décolonisation est toujours un événement violent », Frantz Fanon dans Les Damnés de la Terre. Le temps est mûr.
Likambo oyo eza likambo ya mabele.
Mufoncol Tshiyoyo, MT,
Homme libre et dissident