Par Jean-Pierre Mbelu
Il y a un exercice souvent difficile à faire quand il s’agit de la RDC : lire les infos et les livres, apprendre à tout recouper et émettre des hypothèses falsifiables. Apprenant que le gouvernement fantoche de Kinshasa va finalement signer la déclaration/accord de Kampala, nous nous sommes livré à cet exercice et nous avons émis nos hypothèses. Elles ne sont pas « lettres d’évangile ». Elles peuvent être discutées et mêmes rejetées.
Après « les victoires ambiguës » des FARDC sur le M23, cette milice rwando-ougandaise appelée à « s’auto-dissoudre », s’est, au contraire, démultipliée en Ouganda. Et pendant que l’envoyé spécial US dans la région des Grands Lacs, Russel Feingold, soutenait que le Rwanda en tant qu’Etat souverain ne peut pas négocier avec sa rébellion, les FDLR, il invitait le gouvernement fantoche de Kinshasa à finaliser ses pourparlers avec le M23 à Kampala. L’ONU et certains de ses envoyés spéciaux en Afrique centrale tiennent à la conclusion de ces pourparlers en accordant au M23 un statu différent de celui des FDLR. Pourquoi ? Une question difficile ! Une question dont la réponse pourrait être une hypothèse falsifiable : la communauté internationale tient à la balkanisation et à l’implosion effective de la RDC. En dehors de la guerre de prédation et d’usure qui perdure, la chasse aux sorcières initiée à Kinshasa et poursuivant « les kuluna » et les vendeurs des journaux sent mauvais.
Elle serait une façon de préparer l’opinion politique congolaise à avaler les couleuvres que le gouvernement fantoche de Kinshasa chercher à lui offrir en signant un accord ou une déclaration avec le M23. Le comble est que les articles de cet accord/déclaration échappent à l’opinion publique congolaise. Ils ont été partagés sur l’Internet congolais par effraction !
Le comble est (aussi) que certains membres du M23 se confiant aux experts de l’ONU avaient déjà affirmé que cette milice est à 95% rwandaise. Et à une question posée à un ex-proche de Kagame, Kayumba, voici ce qu’il répond : « Il n’y a pas de M23 ». Ce dont on parle, c’est une histoire concoctée par le Rwanda. Depuis la guerre de l’AFDL, Kagame agit de la même façon : il crée des milices et son « cheval de Troie » les entretient avec ses complices sur la terre des ancêtres de Lumumba. Kayumba affirme même que jusqu’à ce jour, il y a toujours des militaires rwandais au Congo. Le général Olenga se confiant à Colette Braeckman après « les victoires des FARDC » a dit a peu près la même chose : les opérations de mixage et de brassage ont favorisé la prise en otage de l’armée congolaise par ses ennemis.
Lisons le texte de Kayumba[1]. Il est clair et limpide comme l’eau de roche. En répondant à la question qui lui est posée, il est d’avis que l’armée rwandaise est en RDC depuis la guerre de l’AFDL jusqu’à ce jour.
Pourquoi ? Nous émettons une hypothèse. Kagame est en train de devenir une créature de l’histoire. Le Rwanda pourrait en être débarrassé d’un moment à l’autre. Son « cheval de Troie à Kinshasa » serait aussi dans le collimateur des « faiseurs des rois ». Débarrasser l’Afrique centrale de deux « nouveaux leaders de la renaissance africaine » à la fois serait préjudiciable pour ces « cosmocrates ». L’une des choses à réaliser serait de s’en débarrasser tout en gardant les rênes des armées. Les nègres de service pouvant les remplacer pourraient être contrôlés, en RDC comme au Rwanda, par des armés aux ordres des « faiseurs des rois ». Rappelons que l’IPP (initiative public-privé) sur laquelle travaillent les USA et la RDC consacrerait le renoncement au droit de regard sur le sol du côté congolais (sur les Kivu, l’Ituri et le Katanga). Elle aurait besoin des chiens de garde pour sa réelle mise en pratique.
En attendant, les « faiseurs des rois » font jouer un rôle de bouffon à notre compatriote Tshibanda. Il est prêt à retourner en Ouganda. La main sur le cœur, voici ce qu’il dit (selon l’agence Xinhua) : « Sans conclusion de Kampala, le pays se prive d’une base consensuelle pour solder la rébellion du M23 et notamment régler la question du rapatriement, cantonnement, démobilisation et réinsertion sociale de ses ex-combattants aujourd’hui réfugiés au Rwanda et en Ouganda. » Lisons encore ceci : « Signer le document final des pourparlers de Kampala, a-t-il ajouté, c’est établir le certificat de décès du M23, qui permet qu’en soit tiré toutes les conséquences juridiques et pratiques. » Tshibanda se trompe consciemment ou inconsciemment. Il n’y a pas de rébellion. Nous avons affaire à une milice rwando-ougandaise démultipliée en Ouganda. Et selon les informations dont nous disposons et confirmées par les propos de Kayumba, au moins les 50% de cette milice se retrouvent déjà en RDC. La chasse aux « Kuluna sans cravate » et aux vendeurs des journaux à Kinshasa est un signal fort. Ne sont-ce pas « ces infiltrés » qui ont pris l’uniforme de la police congolaise pour semer la mort et la peur dans « la ville frondeuse » ? Les dés semblent pipés.
Néanmoins, rien de consistant ne peut, sur le long terme, se construire sur le mensonge et les faux-semblants. Les Congolais(es) finiront par être vainqueurs. Leurs minorités organisées et agissantes ont compris la leçon de Mao : « De défaite en défaite jusqu’à la victoire finale. » En marge des patriotes-résistants de la diaspora, quelques milliers des jeunes congolais sont debout au pays. Rien ne les arrêtera…Un autre « à venir » est possible pour le pays de Lumumba…
Mbelu Babanya Kabudi
[1] Talking about time running out for the Kigali establishment. You have commanded Rwandan troops in DR Congo before. Do you think Rwanda is involved in DR Congo (M23 war)? True, I was involved in the DR Congo war in 1997-2002 and yes the Rwandan troops were and are still heavily involved in the war there. Even today, Rwandan soldiers are still in DR Congo. And the other thing that is very important is that there is nothing like M23. M23 does not exist; it is the concoction of the government of Rwanda