Par Jean-Pierre Mbelu
Il devient de plus en plus rare que les questions soulevées dans l’espace socio-politique congolais soient débattues froidement avec arguments historico-juridiques à l’appui. Les thuriféraires, les applaudisseurs et les autres fanatiques n’en veulent pas. Il serait fou de ne pas tenir compte de l’augmentation de leur nombre sur les réseaux sociaux. Il faut faire avec. Cela ne devrait pas empêcher aux Congolais(es) voulant créer des espaces de conflit maîtrisé, sans naïveté. C’est-à-dire en tenant compte de la colonisation des cœurs et des esprits par la pensée unique dominante et la bêtise. Il y a longtemps que la vidéosphère (sur les réseaux sociaux) a ravi la vedette au débat rationnel et raisonnable.
La question de l’identité congolaise est revenue dans l’espace socio-politique congolais. Que dis-je ? Cette question vient se rappeler à la mémoire des Congolais(es). Elle vient leur dire qu’elle n’a pas été sérieusement traitée avec »les élections-pièges-à-cons » de 2006. Comment le pouvait-elle dans un contexte où un »conglomérat d’aventuriers » voulant effectivement usurper l’identité congolais venait de coaliser avec »les grandes puissances de la mort » pour tuer les paisibles citoyens congolais comme l’avouera un jour Lambert Mende Omalanga ?
L’usurpation de l’identité congolaise
Et bien avant la guerre raciste de prédation et de basse intensité des années 1990, le Congo-Kinshasa n’avait plus organisé un recensement administrative de sa population. Et quand ce »conglomérat d’aventuriers » chasse Mobutu, il fait de certains de ces membres venus des pays voisins des »congolais(es) sans pièces d’identité ». Un exemple : James Kabarebe, l’actuel Ministre de la Défense du Rwanda, fut »un congolais » et un chef d’ Etat major dans »un Etat raté » du Congo-Kinshasa. Il ne fut pas le seul à avoir usurpé cette identité avec la complicité des Congolais(es) sous-traité(e)s et compradores.
»Les élections-pièges-à-cons » de 2006 seront organisées sur fond de cette usurpation d’identité congolaise au cours d’un processus politique ayant le mensonge systémique comme matrice organisatrice ; sans recensement. Le moratoire décrété sur »la double nationalité congolaise » après la publication de »la constitution » et avec ces »élections » ne sera jamais levé. Depuis cette guerre raciste de prédation et de basse intensité, il y a donc eu une usurpation voulue de l’identité congolaise par les copains et les coquins ayant accepté le rôle des marionnettes de »grandes puissances de la mort ». Les compradores congolais ont donné à leurs amis venus des pays voisins des noms et des patelins. Les vidéos existent. Et les archivistes congolais savent qu’un politicien belge avait demandé que la question de la »congolité » ne soit pas discutée à »l’assemblée-nationale-caisse-de-résonance » des prédateurs transnationaux avant lesdites élections.
Depuis cette guerre raciste de prédation et de basse intensité, il y a donc eu une usurpation voulue de l’identité congolaise par les copains et les coquins ayant accepté le rôle des marionnettes de « grandes puissances de la mort ». Les compradores congolais ont donné à leurs amis venus des pays voisins des noms et des patelins. Les vidéos existent.
Quand la fameuse constitution stipulera que l’identité congolaise est une et indivisible ; qu’elle ne peut pas être détenue en plus d’une autre, les institutions de »l’Etat manqué » congolais seront déjà investies par des copains et des coquins à »identités plurielles ».
Administrativement, historiquement, politiquement et juridiquement, ces copains et coquins, sous-fifres du »nouveau désordre mondial » ont joué au »Tshididi ». Ils ont, tout en étant fondés sur un mensonge systémique, opté pour la politique comme »ruse », comme »roublardise », comme »coups fourrés » donnés aux masses populaires congolaises dans leur dos. Et le prix de cette »ruse-roublardise » est là : la question de l’identité congolaise rebondit.
Le recours à la philosophie du « londeshila londeshila »
Que faire ? Un recours à la philosophie du »londeshila londeshila » est indispensable à la recherche de réponse à cette question. Elle stipule qu’un chasseur qui veut que sa chasse soit fructueuse doit avoir des repères. (Tshilembi londeshila londeshila, londeshila pa kapasu, pa kanyi ka tutele nanku kele katua mu nyama!). Sans repères administratifs, historiques, politiques et juridiques dignes de ce nom, cette question n’aura pas de réponse. Au niveau de tous ces repères, une question devra être posée : »Comment en sommes-nous arrivés là ? ». Et cette autre : »Pourquoi ? ».
Sans une bonne approche de la nature de la guerre menée contre le Congo-Kinshasa et de la régression anthropologique qu’elle a produit, il sera compliqué de trouvé des réponses idoines à la question de l’identité congolaise.
Une guerre raciste de prédation et de basse intensité portée par l’esprit de domination, de destruction (de dignité et d’identité), par le mépris et la cupidité produit un »Etat raté » au cœur duquel les identités identifiables ne sont pas nécessaire. Elle vise la massification des êtres méprises et considérés comme des moins que rien.
Sans une bonne approche de la nature de la guerre menée contre le Congo-Kinshasa et de la régression anthropologique qu’elle a produit, il sera compliqué de trouvé des réponses idoines à la question de l’identité congolaise. Cela même si les copains et les coquins ouvrent des boîtes de Pandore. Cette ouverture servira à alimenter cette guerre perpétuelle, raciste, de prédation et de basse intensité. La colonisation des cœurs et des esprits au cœur de l’Afrique semble encore avoir de beaux jours…De petites solutions fondées sur le fanatisme seront courtermistes. Il faut travailler sur le temps long.
Pour ce faire, des minorités organisées, conscientes et consciencieuses ne devraient plus se contenter de critiquer la misère politico-intellectuelle congolaise. Elles le devoir de coaliser, de former des solidarités résistantes en s’identifiant et en entretenant une relecture sans complaisance de notre mémoire collective. Elles ont le devoir de participer courageusement à la refondation de l’Etat au cœur de l’Afrique.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961