Par Jean-Pierre Mbelu
Construire une patrie sur des bases éthiques et politiques solides prend du temps. Beaucoup de temps. Le temps de créer des idées-force sur lesquelles elle doit être fondée. Ces idées peuvent naître des échanges avec ‘’les anciens’’, avec les Pères et les Mères fondateurs de la nation et leurs alliés. Elles peuvent s’enrichir d’une lecture calme, posée et réfléchie de l’histoire de la nation depuis son indépendance nominale jusqu’à ce jour.
Sur ‘’le temps long’’, il est possible de réussir, tant bien que mal, la conjonction entre la connaissance historique de la nation et la conscience du devoir patriotique d’en faire un espace de lutte permanente pour un vivre-ensemble apaisé. La politique est une affaire du ‘’temps long’’. Elle engage la conquête des cœurs et des esprits des patriotes et des masses populaires par ces idées-force. Celles-ci peuvent être traduites dans ‘’une idéologie mobilisatrice’’ à revoir et à corriger constamment.
Avoir son ‘’idéologie mobilisatrice’’ peut aider dans l’approche des idéologies des autres et dans le commerce politique avec eux. Il est curieux que l’approche de ‘’la nation indispensable’’ par certains politiciens congolais puisse faire l’impasse sur son ‘’idéologie mobilisatrice’’ au profit d’une rhétorique mensongère sur la démocratie et les droits de l’homme.
Après la chute du mur de Berlin, ‘’la nation exceptionnelle’’ a crié à ‘’la fin de l’histoire’’ et au triomphe de ‘’la démocratie capitaliste’’ ; au triomphe de la démocratie du marché.
L’un de ses idéologues néoconservateurs, Paul Wolfowitz, a estimé, en 1992, que ‘’la nation indispensable’’ devait tout faire pour éviter ‘’la réémergence’’ d’un nouveau rival après l’Union Soviétique. Elle devait, stratégiquement, conjuguer ses efforts pour éviter que ce ‘’nouveau rival’’ en vienne à contrôler des espaces géographiques dont la mainmise sur les richesses peut lui permettre de dominer le monde. Elle devait, dorénavant, éviter ‘’la réémergence’’ d’une ‘’puissance hostile’’, c’est-à-dire d’une nation dont la politique serait indépendante de la sienne.
Oui. La politique est une affaire d’un ‘’temps long’’. Le court-terme l’enferme dans le temps d’une ou de deux élections. Et les acteurs politiques fanatiques, ignorants et/ou esclaves volontaires enfermés dans ce court-terme finissent par être victimes de leurs turpitudes. Et aux dépens des masses populaires et d’un vivre-ensemble apaisé.
L’idéologie de ‘’la nation indispensable’’ définie par Paul Wolfowitz n’est pas un secret. Elle peut être lue sur Internet. Mais il peut se faire que le fanatisme, l’esclavage volontaire ou le refus d’en savoir un peu plus sur les idées-force de ‘’la nation exceptionnelle’’ constituent un handicap sérieux à la compréhension de son mode opératoire. Plusieurs politiciens congolais de l’opposition comme de la majorité se retrouvent dans ce cas de figure.
Ils ont de la peine à comprendre qu’il ne peut y avoir, selon cette idéologique, qu’une seule ‘’nation indispensable’’ et ‘’exceptionnelle’’. Courir chez ‘’les petites mains’’ de cette ‘’nation’’ pour leur dire que le Congo-Kinshasa voudrait devenir un Etat réellement souverain est une provocation. C’est-à-dire que le Congo-Kinshasa voudrait devenir ‘’une puissance hostile’’ comme la Russie, la Chine, l’Iran, la Bolivie, le Venezuela, l’Equateur, l’Argentine et la Syrie. Or, ‘’la nation exceptionnelle’’ est en guerre contre ‘’les puissances hostiles’’.
Il lui est donc impossible de soutenir une démarche de souveraineté. Voilà ce que plusieurs politiciens Congolais ne semblent pas comprendre. Il se pourrait qu’ils soient plus ‘’malins’’ que les acteurs majeurs de ‘’la nation indispensable’’…Mais il ne peut y avoir qu’une seule et unique ‘’nation indispensable’’…
Oui. La politique est une affaire d’un ‘’temps long’’. Le court-terme l’enferme dans le temps d’une ou de deux élections. Et les acteurs politiques fanatiques, ignorants et/ou esclaves volontaires enfermés dans ce court-terme finissent par être victimes de leurs turpitudes. Et aux dépens des masses populaires et d’un vivre-ensemble apaisé…
Mbelu Babanya Kabudi