Par Jean-Pierre Mbelu
« Le héros tragique meurt de son hubris. Il meurt de transgresser dans un champ où il n’existait pas de limites connues d’avance. » – C. CASTORIARDIS
La facilité avec laquelle plusieurs compatriotes kongolais oublient l’histoire du pays, avec ses acteurs pléniers, ses acteurs apparents, ses pantins, ses marionnettes et ses larbins me paraît à la fois très déconcertante et très effrayante. Ezo pesa nzoto malili.
Un somnambulisme suicidaire
C’est comme si plusieurs compatriotes étaient programmés mentalement pour demeurer à tout jamais des esclaves ! Kokamwa ! Plus la mémoire collective est enterrée, plus, ces compatriotes essaient de se raconter des « histoires », kobeta masolo, comme on dirait à Kin. Ceci me paraît très dangereux pour notre devenir collectif. Ce somnambulisme est suicidaire.
Plus la mémoire collective est enterrée, plus, ces compatriotes essaient de se raconter des « histoires », kobeta masolo, comme on dirait à Kin. Ceci me paraît très dangereux pour notre devenir collectif. Ce somnambulisme est suicidaire.
Rares sont, de moins en moins, ces compatriotes pouvant, sur le moyen et long terme, identifier tout ce beau monde et dire le rôle mortifère qu’il a joué dans la régression anthropologique du pays.
Il semble que plus l’amnésie triomphe au Kongo-Kinshasa, plus la lecture ethniciste et clientéliste de la politique gagne du terrain, plus le triomphe du fait économique sur le fait politique devient de moins en moins perceptible. La production de l’intelligence collective en prend le coup. Les fanatiques, les thuriféraires et les tambourinaires des acteurs apparents s’emparent des médias en ligne et des journaux stipendiés au point d’étouffer toutes les voix discordantes. Et la critique systémique en paie les frais.
Critique systémique & mauvaise foi
En effet, à quelques exceptions près, la critique systémique reste encore la chose la moins partagée au coeur de l’Afrique. Elle est souvent assimilée à de la mauvaise foi, à la haine tribale, à la remise en question des bonnes intentions des acteurs apparents, etc.. Ceux-ci peuvent être pris en otage par des »assassins financiers » sans que cela ne puisse émouvoir grand monde.
La critique systémique reste encore la chose la moins partagée au coeur de l’Afrique. Elle est souvent assimilée à de la mauvaise foi, à la haine tribale, à la remise en question des bonnes intentions des acteurs apparents, etc..
Dans ce contexte, comment reconstruire l’humain kongolais, reconquérir toutes les terres kongolaises, mettre fin à la guerre raciste de prédation et de basse intensité dans un pays pris en otage systémiquement par « des assassins financiers » assistés de plusieurs larbins ? Un pays pouvant être frappé à tout moment par l’application des »règles d’exterritorialité » à cause de son manque de souveraineté politique, économique et monétaire. Comment faire ?
Répondre à cette question exige une remise en cause sérieuse de la façon dont la politique est faite et lue au Kongo-Kinshasa. Souvent, le débat ouvert se contente d’analyser les épiphénomènes au dépens des questions de fond liées à la souveraineté du pays.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961