Par Jean-Pierre Mbelu
Il y a là un héritage spirituel. Il n’a rien à voir avec un certain héritage biologique ne se concentrant que sur les biens matériels que l’on va laisser le jour de sa mort.
Un jour, il y a quelques années, je donne une conférence à Rome. Un jeune compatriote s’avance vers moi et il veut compléter ses références bibliographiques faites à partir de ses auditions de nos émissions avec mon ami Etienne Ngandu. Quelle fierté ! Pour une fois, nous pouvions, avec un compatriote, parler des livres.
Un autre jour, il y a quelques années, je donne une conférence à Genève. Je m’époumonais à inviter les compatriotes présents à lire. Après la conférence, un jeune compatriote s’avance vers moi et me dit ceci : « Vous savez, monsieur, depuis que je vous suis, j’ai commencé à vendre mes DVD pour acheter les livres que vous citez dans les émissions que vous faites. Ne vous en faites pas. J’ai une vingtaine d’années. Vers la quarantaine, j’irai apporter ma quote-part à mon pays. »
Il y a, en effet, une filiation et une fraternité intellectuelles qui n’ont rien à voir avec une certaine orientation prise par les liens de sang. A mon sens, elles sont plus à rechercher que les simples filiation et fraternité biologiques purement et simplement matérialistes.
Un jour, il y a quelques mois, je termine une conférence à Lille. Dady Bayola, l’organisateur de la conférence, me passe à son GSM un compatriote. Que me dit-il ? « Je vous suis depuis très longtemps. J’ai avec moi toutes vos émissions faites avec Etienne Ngandu. Il y a du lourd dedans. » Quelle fierté !
Il y a là un héritage spirituel. Il n’a rien à voir avec un certain héritage biologique ne se concentrant que sur les biens matériels que l’on va laisser le jour de sa mort. Souvent, cette question est posée : « Soki okufi, okotikela biso nini ? » Vous avez beau fait étudier les gens et pour eux, cet héritage-là ne compte pas. Il faut du »matériel ». Ils ont peut-être leurs raisons…
Mais, ces compatriotes, « héritiers spirituels » et bien d’autres m’ont aidé, en tant que « sango », à mieux comprendre l’un des messages du « maître Jésus » quand il pose cette question : »Qui est ma mère, qui sont mes frères, qui sont mes sœurs » ? Il y a, en effet, une filiation et une fraternité intellectuelles qui n’ont rien à voir avec une certaine orientation prise par les liens de sang. A mon sens, elles sont plus à rechercher que les simples filiation et fraternité biologiques purement et simplement matérialistes.
Merci à tous ces compatriotes qui ont trouvé dans le travail que nous abattons depuis plus d’une dizaine d’années une source d’inspiration. Merci aux compatriotes critiques qui nous permettent de réajuster le tir. Merci aussi aux compatriotes sophistes qui nous ont appris qu’à certains moments la meilleure réponse c’est le silence.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961