• IDEES & RESSOURCES POUR REINVENTER LE CONGO

La Belgique, le type de son nègre congolais et le Congo

La Belgique, le type de son nègre congolais et le Congo

La Belgique, le type de son nègre congolais et le Congo 610 398 Ingeta

Par Mufoncol Tshiyoyo

Lorsqu’on entend un « noir » congolais dire que la Belgique est « son » autre Congo ; un « noir », dont les ancêtres furent massacrés, vendus comme esclaves, colonisés et actuellement néocolonisés sur son territoire, on se demande, et non sans raison, ce qui n’a pas marché depuis bientôt plus de 59 ans, après la mort de Lumumba, pour qu’on note l’absence d’une charge historique dans le discours de la jeunesse congolaise, surtout celle qui prétend au leadership national. Avant toutes choses, on aimerait souligner que ceci, les propos qui précèdent, n’est pas dit dans le but de remuer le couteau dans la plaie : produire et entretenir de la haine entre les peuples, mais seulement dans le souci de laisser l’histoire s’exprimer, se dire en vue d’en tirer des leçons utiles pouvant servir à la bonne marche de l’humanité commune.

Dire que la Belgique est « son » Congo, c’est aussi insinuer que le Congo et les Congolais ont colonisé le Congo. Dans ce sens que, le peuple congolais, qui a subi la colonisation dans sa chair, partage la responsabilité morale et historique des actes qui ont été commis sur lui sous la colonisation. Non, l’idée de victimisation ne nous traverse pas, telle que comprise et enseignée par l’érudition du type occidental, du dominant qui impose ses critères de lecture à la fois pour se disculper et nourrir son épistémologie. Appeler chat un chat, pour des populations qui ont subi l’histoire, protège leur vécu historique. C’est loin des théories de victimisation occidentales. Non, la Belgique est et restera la Belgique. Même si elle fut bâtie par le travail du « nègre congolais » (les guillemets, SVP) ; que cela n’en déplaise aux enfants « gâtés » du néocolonialisme.

Qui gouverne en réalité le Congo ?

Dans tous les cas de figure, les Belges ont l’air de très bien s’amuser au Congo. Surtout, ils semblent assez bien connaître leur type de nègre, sur lequel ils gardent encore la maîtrise. Car pour ces nègres, il suffit de créer une situation donnée, qui serait une forme de cage, mais remplie d’ornement divers, et les y enfermer pour les voir reproduire des actes programmés, un peu comme dans un laboratoire de recherche scientifique : Sun City, 1+4, soumission au Rwanda, M23, partis politiques et société civile (nourris aux mamelles de la ploutocratie occidentale), filles et fils de celui-ci ou de celle-là.

À la lumière des événements qui se déroulent au Congo, la terre Congo, avec des « nègres » qui sont placés et téléguidés à sa tête, a toujours été, est et restera encore longtemps, si seulement rien de précis n’était entrepris par « des minorités », un « terrain de jeu ». Lire à ce sujet (Afrique terrain de jeu) l’article d’Éric Arthur : Bienvenue en ploutocratie : Kazakhgate, Afrique, Réseaux… Le MR à tous les étages. Entre le Rwanda, l’Ouganda, les États-Unis, la Belgique, pour ne citer que ces quelques « États » (les guillemets, SVP), qui gouverne en réalité le Congo ?

Les Belges ont l’air de très bien s’amuser au Congo. Surtout, ils semblent assez bien connaître leur type de nègre, sur lequel ils gardent encore la maîtrise. Car pour ces nègres, il suffit de créer une situation donnée, qui serait une forme de cage, mais remplie d’ornement divers, et les y enfermer pour les voir reproduire des actes programmés, un peu comme dans un laboratoire de recherche scientifique.

Un État « est communément défini comme une collectivité qui se compose d’un territoire et d’une population soumis à un pouvoir politique organisé [qui] se caractérise par la souveraineté » (Lire, Droit international des relations diplomatiques et consulaires, sous la direction d’Anna Maria Smolinska, 2015, p. 11). La notion de souveraineté, en ce qui touche le Congo, disparaît dans les propos tenus par le vice-premier ministre belge et ministre des finances, Alexander de Croo, qui répondait au micro d’une journaliste belge l’interviewant. La journaliste belge, Laurence, pose gentiment à son ministre une question bien précise (et en français en plus) : « Qu’est-ce que le « président », on l’entend bien prononcer « président du Congo », doit prouver à la Belgique » ? Ce n’est pas la question qui importe ici.

Mais c’est la réponse du ministre belge, porte-parole ou pas du gouvernement belge, qui parle du président d’un État supposé être souverain : « Le président doit prouver qu’il est le président pour les Congolais ». De quel droit la Belgique et les Belges peuvent parler en ces termes et exiger d’un « président » de lui prouver qu’il était ce qu’il prétendait être ? Si seulement c’était le cas, le pauvre pion nègre devrait-il le prouver aux Congolais ou à la Belgique. Dans les deux cas, au nom de quel principe les Belges et la Belgique se réservent le droit de juger et d’apprécier des faits et gestes d’un « président » (les guillemets, SVP), d’un État souverain ?

Hô Chi Minh ou l’enseignement gratuit

C’est un choc, mais qui ne surprend guère, du moment qu’il atteste que le nègre congolais reste aux yeux du Colon son objet et sa créature. Ceux qui en parlent dans tous les camps ne soulignent ce fait qui saute pourtant aux yeux. Le pouvoir au Congo est ailleurs. Le nègre congolais se trompe, même s’il est habillé en costume et en cravate et voyageant en première classe.

Qu’est-ce qui n’a pas marché chez nous, alors que Frantz Fanon nous a avertis à travers son texte « La mort de Lumumba : pouvions-nous faire autrement ? » : « Notre tort à nous, Africains, est d’avoir oublié que l’ennemi ne recule jamais sincèrement. Il ne comprend jamais. Il capitule, mais ne se convertit pas. Notre tort est d’avoir cru que l’ennemi avait perdu de sa combativité et de sa nocivité. […] Notre tort est d’avoir été légèrement confus dans nos démarches. Il est de fait qu’en Afrique, aujourd’hui, les traîtres existent. Il fallait les dénoncer et les combattre. Que cela soit dur après le rêve magnifique d’une Afrique ramassée sur elle-même et soumise aux mêmes exigences d’indépendances véritables ne change rien à la réalité » (Frantz Fanon (1 964), Pour la Révolution Africaine).

Hô Chi Minh a imposé à son peuple une guerre, la souffrance et non le mirage d’une gratuité de l’enseignement qui malgré tout forge le nègre à l’adaptation.

Qu’est-ce qui ne va pas avec « nous » quand le monde entend reparler de la « reprise de la coopération au développement » entre le Congo et le Royaume de la Belgique ? J’évite les regards moqueurs de l’Italien Luciano Canfora qui, au sujet des relations de la Belgique et du Congo, a écrit dans « L’Imposture démocratique, du procès de Socrate à l’élection de G.W. Bush » : « Quand la richesse des nations dominantes se fonde sur des mondes lointains subalternes et dépendants ». Quand Luciano Canfora avait vingt ans, « la marche apparemment triomphale de la liberté, c’est-à-dire de l’égalité, s’appelait Congo ou Algérie. Patrice Lumumba, dont le nom fut donné \a l’Université pour étrangers de Moscou aujourd’hui en déshérence, fut sans la rhétorique du patriote italien, le Mazzini du continent le plus malheureux […] Et Lumumba a été torturé et tué par ses frères obnubilés : un mercenaire blanc l’acheva. Ainsi fut accomplie la volonté de l’Union minière, multinationale franco-belge. Et qu’aujourd’hui, quarante ans après, dans les pages intérieures des journaux, nous lisons ce que nous avons toujours su, […], l’Union minière condamna aussi à mort (« par accident d’avion ») Dag Hammarskjöld, le secrétaire général de l’ONU, coupable de s’opposer à la sécession du Katanga, chasse gardée de l’Union minière » (Canfora, 2002 : 37, 142, 143).

Face à la réalité chinoise, à son avènement, à la résistance vietnamienne hier et vénézuélienne aujourd’hui, face à la résistance et au baroud d’honneur russe en Syrie, la voix de l’Iran qui s’exprime dans le monde, le Hezbollah au Liban, le Congo, et l’Afrique en général, ne devrait pas saisir cette opportunité qui se présente à elle pour se transformer, devenir et construire un laboratoire de résistance permanente et d’avènement d’un monde où sa place devient palpable et réalité ? Hô Chi Minh a imposé à son peuple une guerre, la souffrance et non le mirage d’une gratuité de l’enseignement qui malgré tout forge le nègre à l’adaptation.

Likambo oyo eza likambo ya mabele…

Mufoncol Tshiyoyo, MT,
Les nationalistes émergents, LNE

INGETA.

REINVENTONS

LE CONGO

Informer. Inspirer. Impacter.

Notre travail consiste à :
Développer un laboratoire d’idées sur le passé, présent et futur du Congo-Kinshasa.

Proposer un lieu unique de décryptage, de discussion et de diffusion des réalités et perspectives du Congo-Kinshasa.

Aiguiser l’esprit critique et vulgariser les informations sur les enjeux du Congo, à travers une variété de supports et de contenus (analyses, entretiens, vidéos, verbatims, campagnes, livres, journal).