Par Jean-Pierre Mbelu
Lutter sur le temps long, revenir sur certaines questions essentielles autour de « la guerre de prédation et de basse intensité » menée contre le Congo-Kinshasa, essayer, en permanence d’identifier les acteurs pléniers ayant orchestré cette guerre et leur mode opératoire, identifier « leurs intérêts » sur le court , moyen et long terme, tout cela exige et exigera des penseurs africains et congolais d’éviter de se laisser souvent distraire par des questions dites d’actualité.
Pour une raison évidente : les acteurs pléniers sont capables de lutter et de guerroyer pendant plusieurs années. Ils ne lâchent pas le morceau tant que leur objectif majeur n’est pas atteint. Ce sont « les joueurs de billards… ». Le contrôle des cerveaux, des terres, des mers, des airs et des marchés font partie de cet objectif majeur. Pour le réaliser, ils peuvent mener des guerres froides, chaudes ou tièdes aidés par des think tanks décervelant. Mais aussi par des « négriers des temps modernes », leurs fanatiques, leurs thuriféraires et leurs tambourinaires.
Tant que les filles et les fils du Congo-Kinshasa, dans leur immense majorité, n’auront pas ce mode opératoire afin de s’organiser en connaissance de cause, « les bétons » n’arrêteront pas la descente du pays de Lumumba aux enfers. Mitiger un peu « l’enthousiasme » du moment, penser et méditer sur le »tshikuipata ka ntshiye, tshidi tshiase musumba dishiya » (ce qui te mène la vie dure n’est pas parti, il a simplement élu domicile ailleurs).
Les nouvelles venant du pays et d’ailleurs ne pourraient pas justifier un quelconque enthousiasme collectif. Frantz Fanon nous a depuis longtemps avertis sur « notre tort à nous Africains ».
Des alliances compromettantes avec les acteurs pléniers de ce qui se passe au Congo-Kinshasa ne sont pas de nature à garantir un bonheur collectif partagé sur le temps long. Il est possible que « mon pessimisme » ne se justifie pas sur le court terme. En effet, bien qu’espérant contre tout espérance, j’ai appris, peut-être à tort, à ne pas m’enfermer dans l’immédiatisme et dans le courtermisme.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961