Par Jean-Pierre Mbelu
Accueillir Kyungu Mutanga au grand jour, à renfort de tambours et de danses, est un signe. Celui-ci demande d’être décrypté, d’être déchiffré. De quoi cet accueil peut-il être le nom ? Pourquoi ce criminel de guerre et contre l’humanité revient-il à la vie normale pendant que certains fils et certaines filles du pays sont jetés au quotidien en prison et/ou enfermés dans cette prison à ciel ouvert qu’est le Congo-Kinshasa ? Oui. Cet accueil peut être lu de plusieurs façons. Notre lecture à nous s’inscrit dans une histoire où, depuis plus de vingt ans, les seigneurs de guerres, ayant infiltré les institutions du pays, constituent un réseau d’élite de prédation puissant pour les affaiblir et dominer les populations congolaises en toute impunité.
Comment lutter contre les forces de la mort ayant infiltré paralysé les institutions politiques, économiques, sociales et culturelles du pays ? Répondre à cette question implique une autre lecture de la réalité historico-politique, socio-économique et culturelle du pays. A force de ne pas reconnaître que plusieurs criminels de guerre, criminels contre l’humanité et criminels économiques opèrent au sein d’un réseau d’élite de prédation paralysant le fonctionnement normal des institutions congolaises, plusieurs compatriotes en tombent victimes. Ils n’arrivent même plus à se rendre compte que ce réseau d’élite de prédation jouit de »la protection » de la communauté dite internationale. Il tue, vole, viole et »génocide » impunément. Il est un allié naturel du racisme anti-noirs.
Un réseau d’élite de prédation n’a pas de vertus républicaines
Reconnaître à ce réseau d’élite de prédation des vertus »républicaines » est une erreur d’approche dont les conséquences sont et risquent d’être encore catastrophiques pour le pays. Il procède par prise en otage des institutions et des populations congolaises. Il constitue »une sorte d’Etat profond » dans un Etat dévasté et manqué. Une petite preuve nous est donnée par cet article : « Corruption : comment le fonds d’investissement américain Och-Ziff a fait main basse sur l’Afrique » . Il lève un petit coin de voile du fonctionnement de cet »Etat profond » en parlant du « Responsable RDC1 » et du « Responsable RDC 2 » révélant ainsi son caractère mafieux.
Quand ce réseau d’élite de prédation jubile en accueillant un criminel de grand chemin, cela ne devrait étonner que ceux d’entre nous qui ont sombrer dans l’amnésie. Kyungu Mutanga Gédéon a commis, avec sa milice, des crimes semblables à ceux du RCD/ Goma auquel Lambert Mende et Ntambwe Muamba ont appartenu.
A force de ne pas reconnaître que plusieurs criminels de guerre, criminels contre l’humanité et criminels économiques opèrent au sein d’un réseau d’élite de prédation paralysant le fonctionnement normal des institutions congolaises, plusieurs compatriotes en tombent victimes.
Il n’ y a jamais eu un début de procès contre les abominations commises par ce parti cher à Azarias Ruberwa. Le CNDP de Nkunda s’est inscrit dans la même logique criminelle avant de devenir un allié de ce qui est dénommé chez nous »Majorité Présidentielle ». Et qui devrait être en principe dénommé une »Majorité Prédatrice (et criminelle) ». Bref, les crimes commis chez nous depuis plus de vingt ans sont restés impunis. Cette impunité a livré ce pays entre les mains d’un réseau d’élite de prédation soutenu par des parrains transnationaux.(Pour se rafraîchir la mémoire sur la nature de ces crimes, les curieux peuvent lire le livre de Jean-Pierre Badidike, Guerre et droits de l’homme en République Démocratique du Congo. Regard du Groupe Justice et Libération, Paris, L’Harmattan, 2009.)
Diversifier les méthodes, les tactiques et les stratégies de lutte
Cet »Etat profond » prédateur opère en recourant à l’oppression abrutissante et à la répression dégradante pour les masses populaire. Il est clientéliste. Il procède par débauchage à coup des billets de banque au même moment qu’il transforme le pays en une prison à ciel ouvert. Il cherche à casser toute velléité de résistance patriotique.
Cet Etat profond procède par débauchage à coup des billets de banque au même moment qu’il transforme le pays en une prison à ciel ouvert. Il cherche à casser toute velléité de résistance patriotique.
Approfondir son mode opératoire et ses faux-semblants peut aider à l’affronter autrement que par certains mécanismes classiques ayant montré leurs limites. Il instrumentalise »le processus démocratique » et »les élections » pour »durer ». Il peut à la fois créer »une cellule pour les élections » et fermer l’espace public à tout débat de fond ou envoyer ses critiques dans les mouroirs comme celui de Makala à Kinshasa.
Il y a une nécessité : diversifier les méthodes, les tactiques et les stratégies de lutte à partir d’une organisation, d’une grande organisation congolaise patriote, entretenant une conscience historique vigilante et structurée autour de quelques idées (et actions) protectrices de nos terres, de nos eaux, de nos forêts et de nos airs et créant des liens solides avec alliés géostratégiques respectueux de la politique altérophile (de la politique de l’altérité) et travaillant au respect d’un monde multilatéral.
Mbelu Babanya Kabudi