Par Jean-Pierre Mbelu
La peur de ne pas subir le sort des autres dignes fils de l’Afrique les pousse à obéir aux diktats des IFI ; ces »tueurs à gage économiques » des pays du Sud.Que va signifier, demain, »la stabilité politique » exigée par le FMI pour facilité »un crédit rapide » au Congo-Kinshasa ? L’acceptation, par »les gouvernants actuels » et ceux de demain, des conditionnalités édictées par le FMI. Bref, une option résolue pour l’ultralibéralisme, ce »soft totalitarisme », ennemi de »la Révolution Populaire » et des services publics de qualité.
Une lettre écrite par la Directrice générale du Fonds Monétaire International, Christine Lagarde, circule sur les réseaux sociaux. Cette lettre est datée du 29 juin 2017. Christine Lagarde répond au »gouvernement de Kinshasa ». Celui-ci doit avoir sollicité un appui financier auprès de cette »IFI ».
Le FMI, un tueur à gage économique
Christine Lagarde dit que le FMI exige la stabilité politique pour un éventuel appui financier dans le cadre de la facilité du crédit rapide. Cette réponse a suscité quelques commentaires des »politiciens congolais » sur les réseaux sociaux. Il y en a qui estiment qu’après avoir clamé sur les toits que le Congo-Kinshasa est un pays souverain, les quémandeurs gouvernementaux de ce crédit devraient avoir honte. Il y en a encore qui fustigent leur hypocrisie. D’autres enfin estiment que tricher tout le temps est impossible, etc. Toutes ces critiques ont leur pesant d’or. Mais elles ne posent pas le problème de fond : la permanence du coup d’Etat des IFI au Congo-Kinshasa depuis les années 1960. Les critiques du »gouvernement de Kinshasa » me semblent loin de soupçonner que le FMI est un circuit aliénant. Il est, à côté de la Banque mondiale, »un tueur à gage économique » des pays du Sud. Ceux et celles d’entre nous qui en doutent peuvent lire ou relire les Confessions d’un assassin financier. La première édition de ce livre est lue gratuitement sur Internet. Le crédit sollicité est »une arme utilisée pour asservir le Congo-Kinshasa » (John Perkins en parle ici. Cette vidéo prend plus ou moins 19 minutes ; regardons-la.)
La guerre raciste de prédation que le pays connaît depuis bientôt deux décennies est entretenue par les trans et multinationales. Celles-ci ou leurs pays financent les IFI. Le produit de la prédation et du sang congolais est recyclé et revient au Congo-Kinshasa comme aide-dette (fatale). Et une bonne partie va dans les poches des criminels soutenus par les trans et les multinationales. Le coup d’Etat permanent est lié à la permanence de ce cercle vicieux.
Un petit rappel. Le Congo-Kinshasa est gouverné par les IFI depuis les années 1960 (et même bien avant). En 1966 à 1969, Jacques de Groote, Directeur exécutif au FMI et à la Banque mondiale est à la fois conseiller économique de Mobutu, de son gouvernement et la Banque nationale du Congo-Kinshasa. Et il a occupé ses fonctions aux IFI pendant 20 ans. Les éléphants blancs congolais ont été fabriqués sous les conseils de Jacques de Groote. Pendant plusieurs années, le pays de Lumumba n’a pas du tout joui de sa souveraineté économique. Il a été une néocolonie. L’imposition des programmes d’ajustement structurels vers les années 1980 jusqu’à la guerre de l’AFDL a enfoncé le clou. Donc, depuis les années 1960, économiquement, le Congo-Kinshasa est saigné par les IFI.
Laurent-Désiré Kabila a essayé, pendant deux ans, de tirer le pays de ce circuit aliénant. »Les chacals » l’ont assassiné. Revenons à la demande de crédit au FMI. A quoi répond-elle ? Pourquoi doit-on endetter odieusement un pays où les criminels économiques qui y pratiquent la kleptocratie sont connus ?
La réponse est simple. La guerre raciste de prédation que le pays connaît depuis bientôt deux décennies est entretenue par les trans et multinationales. Celles-ci ou leurs pays financent les IFI. Le produit de la prédation et du sang congolais est recyclé et revient au Congo-Kinshasa comme aide-dette (fatale). Et une bonne partie va dans les poches des criminels soutenus par les trans et les multinationales. Le coup d’Etat permanent est lié à la permanence de ce cercle vicieux.
Chasser le FMI et la Banque Mondiale du pays
Le temps long de la guerre menée par des proxys interposés crée de l’amnésie ou dégradent certains certains. Il efface une bonne partie de la mémoire collective et favorise le retour à l’esclavage financier entretenu par les IFI (Institutions Financières (dites) Internationales). Un africain présenté comme »un dictateur impénitent » par les médias dominants a voulu créer un cercle vertueux en proposant la mise sur pied du FMA (Fond Monétaire Africain). Son nom est Kadhafi. Il a été assassiné.
Tous ces assassinats frustrent. Ils créent, chez certains politiciens africains et congolais, »une désorientation existentielle ». La peur de ne pas subir le sort des autres dignes fils de l’Afrique les pousse à obéir aux diktats des IFI ; ces »tueurs à gage économiques » des pays du Sud.
Inconsciemment ou consciemment, [les politiques] mentent à nos populations en leur disant qu’ils vont apporter un changement qualitatif dans la gestion du pays. Qu’ils commencent d’abord par chasser le FMI et la BM du pays et qu’ils critiquent ouvertement les dérives néolibérales et néocoloniales dans lesquelles le pays est engouffré. Alors, il sera possible de croire en eux.
Que va signifier, demain, »la stabilité politique » exigée par le FMI pour facilité »un crédit rapide » au Congo-Kinshasa ? L’acceptation, par »les gouvernants actuels » et ceux de demain, des conditionnalités édictées par le FMI. Bref, une option résolue pour l’ultralibéralisme, ce »soft totalitarisme », ennemi de »la Révolution Populaire » et des services publics de qualité.
Le Congo-Kinshasa asphyxié est à un moment très critique de son histoire. Le débat politique y est encore très pauvre. Plusieurs attaques dirigées contre alias Joseph Kabila sont de subterfuges. Elles passent à côté du système qui l’a fabriqué et qu’il a servi avec »plusieurs de ses amis » devenus »opposants de la 25ème heure ». Et certains de leurs propos ne mentent pas. Quand ils disent par exemple qu’alias Joseph Kabila a été »un bon président jusqu’au 19 décembre 2016 », ils affirment qu’ils ont bien servi ensemble le système qui les a fabriqués. Et »la démocratie » dont ils parlent, c’est »la démocratie du marché ». Inconsciemment ou consciemment, ils mentent à nos populations en leur disant qu’ils vont apporter un changement qualitatif dans la gestion du pays.
Qu’ils commencent d’abord par chasser le FMI et la BM du pays et qu’ils critiquent ouvertement les dérives néolibérales et néocoloniales dans lesquelles le pays est engouffré. Alors, il sera possible de croire en eux. Du moment que tous ont une seule expression à la bouche : »L’amélioration du climat des affaires », croire en »leur démocratie » serait une naïveté. Oui. Le FMI est là et veut que son coup d’Etat perdure.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961