L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu décrypte l’accord (ou la déclaration, c’est selon) de Kampala (ou de Nairobi, c’est selon) entre le gouvernement fantôche de Kinshasa et le M23 (entre autres), analyse comment les commanditaires de la guerre au Congo préparent les ingrédients pour une guerre faussement ethnique, et explique pourquoi il est temps de demander des comptes aux congolais qui ont trahi le Congo.
Sur le M23
Pourquoi le M23 doit-il avoir beaucoup plus de privilèges que les autres mouvements qualifiés de forces négatives ?
Quand ce mouvement M23 se retire en Ouganda il se démultiplie. Ecoutez les proches de Kagamé, qui ont été dans le secret de Kagamé, ils vous disent qu’il n’y a pas de M23. Ils vous disent que c’est une milice rwando-ougandaise, montée par Kagamé et son mentor, Museveni, pour pouvoir déstabiliser le Congo.
Kagamé utilise le même modus operandi depuis la guerre de l’AFDL. Demain, il pourrait y avoir même un M27. Notre bêtise est que nous n’avons pas compris que le ver est dans le fruit depuis la guerre de dite de libération, de l’AFDL.
On a un jeune homme qui joue le rôle que Gorbachev a joué contre l’URSS. Ce jeune homme là, Joseph Kabila, mène le jeu contre la souveraineté de la RDC.
Sur Museveni et l’accord de Nairobi/Kampala
Qui est Museveni ? C’est quelqu’un qui fait partie avec Kagamé d’un groupe d’africains que l’on a appelé les leaders de la renaissance africaine, c’est-à-dire des leaders appelés à travailler à la disparition de l’Afrique. Nous devons rompre à des concepts qui ne signifient absolument rien pour nous.
Museveni comme Kagamé ont adopté le modus operandi de leurs parrains anglo-saxons qui utilisent des mots qui ont une forte dose de propagande démagogique. Il n’y a rien que Museveni ne puisse propose aux congolais pour leur bien.
Museveni est en train de lutter pour que l’Ouganda puisse avoir un plus d’espace. Prenez le rapport Kassem de 2002, vous y lirez que les proches de Museveni ont été impliqués dans le réseau de prédation qui a pillé notre pays. Nous avons oublié que Museveni a été traduit en justice par la cour internationale de justice et avait été obligé de payer 10 milliards de dollars au Congo. Cet argent n’a jamais été donné au Congo. Kabila dont Museveni est un mentor ne réclamera jamais cet argent.
Les congolais ont oublié que le Rwanda de Kagamé, qui a été formé par Museveni et aidé par celui pour faire la guerre au Rwanda, et l’Ouganda de Museveni se sont affrontés sur le sol congolais parce qu’ils se disputaient nos matières premières. Donc, ces congolais ont oublié tout cela et sont allés à Kampala pour négocier l’accord ou la déclaration avec le M23. Arrêtons de rigoler !
Sur la signature de cet accord
La RDC n’est pas fondamentalement concernée par la signature de ces trois textes. Déjà, il faut rappeler que c’est le gouvernement fantôche de Kinshasa qui a supporté le séjour du M23 à Kampala. Et n’oubliez pas que les ancêtres du M23, le CNDP, le RCD sont les alliés de ce qu’on appelle au Congo la majorité présidentielle. Il faudrait qu’on arrête de se moquer des congolais. Il faudrait que les congolais comprennent eux-mêmes, qu’ils doivent arrête de se moquer d’eux-mêmes. Ces textes là sont signés, nous prenons acte. Mais nous continuons la lutte.
Ils nous prennent pour des imbéciles. Ils peuvent amnistier le M23 et garder en prison les dignes fils et filles du Congo. Qui parle de Diomi Ndongala ? A-t-il fait pire que ces tueurs ougando-rwandais ?
Nous sommes prêts à subir toutes les atrocités inimaginables, mais qu’ils sachent que, et nous, et nos enfants, nous n’allons pas nous rabaisser devant eux. Ils sont à bout d’arguments. Ils peuvent inventer tous les textes qu’ils veulent. Mais nous allons avoir raison d’eux. Parce que nous avons réussi à avoir la maîtrise de leur modus operandi.
Sur les pièges que les congolais doivent éviter
Il y a un piège énorme qui est tendu aux congolais. Il y a un risque que cette guerre de prédation soit convertie en une guerre ethnique entre les congolais qui n’ont pas signé le document du M23 et les congolais qui ont signé ce document.
Il y a un autre piège. Les commanditaires de cette guerre mettent les congolais contre les kasaiens, puis ils mettent les congolais contre l’Eglise. En même temps, ils s’en prennent à ceux qu’ils estiment être des « grandes gueules » et à ce qui est une force de la société civile qui a encore la possibilité de mobiliser les masses.
Si Mende continue à faire ce qu’il fait, si les Tshibanda, Mwamba continuent ce qu’ils font, sans se rendre compte qu’ils sont vus comme les traîtres de la cause congolaise, demain, ils auront à rendre des comptes aux congolais.
Même si l’extérieur a sa part, nous devrions de plus en plus nous en prendre aux notres.
Sur la trahison des congolais
Certains de nos compatriotes sont allés trop loin dans la traîtrise. Une maison divisée contre elle-même est vouée à sa perte. Comment voulez-vous que dans un pays où il n’y a pas de recensement effectué, que nous puissions savoir demain qui font partie de ces milices qui se sont démultipliés à Kampala et qui n’en font pas partie ?
Nous avons été infiltrés par la complicité de certains d’entre nous, parce que nous aimions manger et boire, parce que nous aimions aller à la mangeoire. Le temps est venu d’arrêter d’accuser x ou y de l’extérieur pour que nous demandions des comptes à ces gens qui sont allés signer ces accords de Kampala.
Sur la lutte à mener
Les congolais et les congolaises ont réussi à avoir la maîtrise de l’enjeu dans notre pays. Ces messieurs se trompent en pensant que les congolais et les congolaises sont bêtes. C’est faux. Les congolais vont les surprendre.
Ce qu’il faut éviter, par contre, c’est une vengeance bête. Nous luttons contre des monstres qui ont perdu leurs cœurs. Lutter contre des monstres, ce n’est pas facile, lutter contre des petits traîtres qui se prévalent d’avoir 3 ou 4 voitures, 5 ou 6 parcelles, ce n’est pas évident, mais les congolais vont poursuivre cette lutte pendant très longtemps. Mais qui pouvait croire qu’après la mort de Lumumba, les congolais pouvaient reprendre le flambeau ?
Ceux qui luttent devraient fonder leur lutte sur 3 mots : Courage, persévérance et esprit d’abnégation.
Les congolais continuent de croire que ces pays, comme la France qui torpillent la façon de faire des nôtres, représentent la démocratie et les droits de l’homme. C’est faux. Nous devons guérir notre imaginaire de ces conceptions déphasées des pays que nous considérions, quand nous étions enfants, comme des grandes démocraties. Ce sont des impérialistes et néocolonialistes qui en veulent à notre pays et à notre peuple.