Par Mufoncol Tshiyoyo
Comment s’adresser au peuple congolais, sous forme de quel discours, comment se présenter devant lui, et non pour lui plaire, mais pour lui faire entendre la forme de message qu’il est sensé entendre surtout en ce moment où beaucoup, et ce pour des raisons multiples, tentent de conserver des privilèges acquis comme conséquence de leur « collaboration ».
Je me demande quoi ou que dire à un peuple qui, 17 années durant, depuis 1996 à ce jour, a vécu et est soumise à la domination du Rwanda et de Paul Kagamé, les deux opérant comme mercenaires rémunérés et au service de l’élite atlantique.
Je m’interroge également comment s’adresser au peuple congolais, sous forme de quel discours, comment se présenter devant lui, et non pour lui plaire, mais pour lui faire entendre la forme de message qu’il est sensé entendre surtout en ce moment où beaucoup, et ce pour des raisons multiples, tentent de conserver des privilèges acquis comme conséquence de leur « collaboration ». Plusieurs le font par lâcheté. D’autres, c’est faute de mieux. Car s’accommoder au joug du Rwanda et de Kagamé est tout ce qui leur est offert par ceux qui refusent de se regarder en face et de se questionner sur leur sort, le nôtre comme un tout, comme une nation, comme un peuple, comme une histoire. D’où, la justification de la musique actuelle, entre autre, « démocratie », respect de « constitution », Edem Kodjo, et j’en passe.
Sassou, le paralytique et le cheval de Troie
Mais moi je refuse de me fier à tout ce qui se dit et se raconte par des Congolais et autour d’eux-mêmes. Car depuis toujours, les propos de Sassou Nguesso hantent mes nuits et mes jours. Merci à Pierre Péan qui les a consignés dans « Carnages, Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique », ouvrage diffusé par Fayard en 2010. Et en lisant Sassou, je ne cesse de fournir un effort pour appréhender l’homme et de là saisir l’esprit dans lequel ses propos furent énoncés. Alors je me dis si l’homme le pensait réellement, ce qu’il devrait et doit souffrir de vivre avec un voisin que l’histoire de la RD-Congo, et ce telle que les Congolais de la RDC la mènent, lui impose. En outre, je tiens à préciser que Sassou n’est pas congolais de Kinshasa. Et bien qu’il ne le soit, lui qui est congolais de Brazzaville, a osé affirmer ce qu’aucun congolais de Kinshasa, politique, société civile, ancien comme nouveau, ne se montre jusque-là capable d’avouer.
Pourquoi Sassou, dont la fonction de président de la République, et en plus d’un État voisin, se dispense des réserves diplomatiques pour oser déclarer solennellement ce qu’aucun congolais, particulièrement ceux qui sont dans les institutions en place, n’ose se l’avouer. Le monde nous regarde, Des voisins d’Afrique nous regardent.
Que dit Sassou ? Pierre Péan qui cite Sassou écrit notamment ce qui suit : « Quand le paralytique assis au pied du manguier joue avec des feuilles vertes, c’est qu’il y a quelqu’un dans l’arbre qui les lui a jetées. Sinon, il ne joue qu’avec des feuilles mortes ! […] Il suffirait à Paris [qui n’a plus de force, elle-même est sous ordre] de dire à ses amis les protecteurs de Kagamé -les États-Unis, la Grande Bretagne et Israël, de calmer […] leur protégé. [Et Sassou parlant du] mystère Joseph Kabila, [il dira] Venu de nulle part, en quinze jours il a eu les honneurs de Paris, Bruxelles, Londres et Washington…Joseph est un cheval de Troie du président rwandais. Officiellement, pendant la journée, il s’oppose à Paul Kagamé, mais, la nuit tombée, il marche avec lui…Or, en Afrique, c’est la nuit que les choses importantes se passent», (Péan, 2010: 531-532).
Qui dit vrai ? Qui ment ? Qui cache quoi et pourquoi ? Mon souci, en reprenant ces propos, n’est pas de parler de Sassou. Je m’adresse ici à ceux qui ne l’aiment pas. Mais je mets l’accent sur ce que Sassou dit au sujet d’un voisin qui reste perché comme le corbeau sur un arbre dénommé la RD-Congo. Pourquoi Sassou, dont la fonction de président de la République, et en plus d’un État voisin, se dispense des réserves diplomatiques pour oser déclarer solennellement ce qu’aucun congolais, particulièrement ceux qui sont dans les institutions en place, n’ose se l’avouer. Le monde nous regarde, Des voisins d’Afrique nous regardent.
Ne plus faire usage de la langue de bois
Les Anglo-saxons eux-mêmes nous regardent. Et comment se faire respecter lorsque nous ne savons pas être ce que nous sommes, c’est-à-dire nous-mêmes. Sommes-nous alors un peuple drôle, bizarre, peureux, lâche ? Ce n’est pas non plus ce que j’affirme, mais je vous interroge, comme je m’interroge face au discours du respect de la constitution que j’entends, face au discours du dialogue, sa musique en sourdine qui ne parvient, face au débat autour des candidatures et des candidats qui semblent parler à des inconnus et à genoux. Tout ce que j’entends et qui se dit est faux et n’a rien avoir avec la réalité que vit ce peuple et que traverse la RD-Congo.
Nous invitons le peuple de la RD-Congo, à ne plus faire usage de la langue de bois. Désormais, un chat sera désigné par son nom : « chat ». Que notre jeunesse cesse de marcher pour répéter « Kabila dégage ». C’est ce que l’Occident attend de nous et de vous. Le peuple du Congo dans son ensemble doit demander à l’occident de faire un choix, de choisir entre la RD-Congo et les mercenaires rwandais payés et nourris par l’Occident.
Alors que faire, comment se comporter, comment être. 2016, que réellement faire pour que l’élite atlantique comprenne que des Congolais ont « suffisamment » saisi que Paul Kagamé et le Rwanda , comme mercenaires et pour des services rendus aux anglo-saxons, c’est-à-dire pour avoir chassé Mobutu de Kinshasa, devraient se faire payer par l’exploitation et l’humiliation de la RD-Congo. Mais 17 ans, c’est quand même trop. Et c’est trop. Les peuples de la RD-Congo n’en peuvent plus.
« Nous » en avons marre. C’est pourquoi, nous autres, par cette voie, nous invitons le peuple de la RD-Congo, à ne plus faire usage de la langue de bois. Désormais, un chat sera désigné par son nom : « chat ». Que notre jeunesse cesse de marcher pour répéter « Kabila dégage ». C’est ce que l’Occident attend de nous et de vous. Le peuple du Congo dans son ensemble doit demander à l’occident de faire un choix, de choisir entre la RD-Congo et les mercenaires rwandais payés et nourris par l’Occident.
Congolais et Congolaises, « Oyo ekoya eya »…
Mufoncol Tshiyoyo