Par Mufoncol Tshiyoyo
Nathalie Yamb, Koulibaly et Keita, votre combat intéresse l’Afrique. Mais la même Afrique a le droit de se poser des questions. Et il me semble même que c’est légitime. Puisqu’à entendre Yamb, Koulibaly et Keita, une partie de l’Afrique a l’impression de suivre le discours sur la dette africaine tenue par Thomas Sankara à Addis Abeba.
Aujourd’hui et avec le recul de temps, on peut se demander si Thomas Sankara ne se souciait guère des conséquences dont sa « déclaration » de guerre pouvait engendrer. En fustigeant l’Occident, Sankara sans se prémunir des précautions attendait bien sûr son assassinat. Par conséquent, ignorer la nature de l’adversité constituait un crime. On pourrait l’accuser d’avoir abandonné à lui seul le peuple pour lequel il se battait pourtant, car la mort de Sankara se ressent aujourd’hui comme une perte énorme. Le peuple est resté orphelin : sans boussole, sans leader, sans orientation. Alors, je peux savoir si c’est de cela qu’il est également question avec Yamb, Koulibaly et Keita ? Cette question est loin d’être une affirmation.
L’essentiel n’est pas d’énumérer des noms, loin de là, mais de tirer l’attention sur le fait que le modèle de lutte adopté ici par se dignes d’Afrique présente ses limites. Nathalie Yamb se fait exiler. La réaction locale et africaine à la suite de l’exil forcé de Yamb ne correspond à l’ampleur de l’événement. Ce qui me fait dire que l’élément peuple n’est pas pris en compte. Voilà où se situe le sens de ma crainte quand Nathalie Yamb se cache derrière Moscou, quand son équipier Koulibaly de Lider prononce un discours sans travailler sur la question de rapports de force. Non, je ne m’oppose pas à l’édification d’une conscience de masse critique, mais je m’insurge contre le fait que 60 ans plus tard après, les conséquences de nos actions ne produisent partout que l’exil (Gbagbo, Yamb, nous-mêmes), la prison et la mort sans que nos actions n’aboutissent à l’émancipation de nos populations.
Sankara, alors au pouvoir, réédite le même comportement devant Mitterrand qu’il recevait solennellement à Ouagadougou… Même pugnacité. On ne peut s’en douter. Son sort était bien scellé. Eh bien avant Sankara, l’histoire retient des noms tels que Lumumba, Nkrumah, Sékou Touré, Amical Cabral, etc. Comme dans tous les cas, le peuple qui n’a pas été suffisamment préparé n’a réagi comme il se devait face à la disparition brutale de leaders susmentionnés. Sur le compte tweeter de Koulibaly, on lit ce qui suit : « Passez votre chemin, si c’est pour pleurnicher sur le passé. Ici, nous en tirons les leçons pour penser le présent et construire le futur ». Oui, mais le passé, cher Koulibaly, devrait plutôt commencer par l’empoisonnement de l’ancien ambassadeur angolais en Côte d’Ivoire, le regretté Belli Bello dont la mort n’a jamais été clarifiée, alors qu’il s’attaqua à la France. Pour le feu Belli Bello en l’Angola, son pays, était en mesure d’arrêter la guerre en Côte d’Ivoire, si seulement Gbagbo le lui demandait. Oui, le passé, c’est aussi Laurent Gbagbo dont l’arrestation et la déportation n’ont jamais provoqué un conflit si important en Côte d’Ivoire.
L’essentiel n’est pas d’énumérer des noms, loin de là, mais de tirer l’attention sur le fait que le modèle de lutte adopté ici par se dignes d’Afrique présente ses limites. Nathalie Yamb se fait exiler. La réaction locale et africaine à la suite de l’exil forcé de Yamb ne correspond à l’ampleur de l’événement. Ce qui me fait dire que l’élément peuple n’est pas pris en compte. Voilà où se situe le sens de ma crainte quand Nathalie Yamb se cache derrière Moscou, quand son équipier Koulibaly de Lider prononce un discours sans travailler sur la question de rapports de force. Non, je ne m’oppose pas à l’édification d’une conscience de masse critique, mais je m’insurge contre le fait que 60 ans plus tard après, les conséquences de nos actions ne produisent partout que l’exil (Gbagbo, Yamb, nous-mêmes), la prison et la mort sans que nos actions n’aboutissent à l’émancipation de nos populations. Pour conclure, je reviens sur constat que j’ai toujours établi. La même adversité frappe les Asiatiques. Ils ne s’enorgueillissent jamais comme c’est le cas avec Koulibaly de ne pas avoir fait le choix de se battre armes à la main. Ils ont démenti les puissants en Indochine, au Vietnam. Les Chinois ont battu les Japonais à Shangaï. Est-ce le fait de la religion ou ce sont les séquelles de l’éducation du type occidental ou tout seulement de la naïveté devant une adversité impitoyable ? C’est peut-être la peur d’assumer des responsabilités historiques et devant les hommes. Pitié !
Mufoncol Tshiyoyo, MT
Un homme libre