L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu décrypte le discours de Kabila du 29 juin 2015, rappelle pourquoi Kabila est le problème principal quant à l’intolérance politique en RDC, propose des remèdes à apporter au grand malade qu’est la RDC et expose les enjeux du leadership congolais.
Sur l’intolérance politique au Congo
Au Congo règne l’intolérance politique, mais aussi l’impunité perpétuelle. N’oubliez pas que Kabila s’inscrit dans une guerre perpétuelle menée contre le Congo-Kinshasa depuis les années 1990, une guerre raciste entretenue par ceux qui ont voulu et veulent encore chasser les congolais de leurs terres et faire main basse sur les matières premières stratégiques du pays.
Kabila est le problème pour ce qui est de l’intolérance politique au Congo. Quand il y a eu de la violence autour des élections de 2006 et 2011, les rapports qui ont été établis ont prouvé que c’est Kabila, ses milices et sa police politique qui étaient à la base de cette violence.
Quand Kabila parle de la tradition des règlements pacifiques des conflits au Congo, il fait allusion à quoi ? Depuis qu’il est là, combien a-t-il recouru à un règlement pacifique des conflits ?
La tradition dont il parle dans son discours du 29 juin dernier, est une invention de son imagination.
Kabila est le problème pour ce qui est de l’intolérance politique au Congo. Quand il y a eu de la violence autour des élections de 2006 et 2011, les rapports qui ont été établis ont prouvé que c’est Kabila, ses milices et sa police politique qui étaient à la base de cette violence.
Quand Kabila parle de la tradition des règlements pacifiques des conflits au Congo, il fait allusion à quoi ? Depuis qu’il est là, combien a-t-il recouru à un règlement pacifique des conflits ?
La tradition dont il parle dans son discours du 29 juin dernier, est une invention de son imagination.
Sur le discours de Kabila du 29 juin 2015
La RDC a permis à Kabila de s’enrichir, illicitement. Il en connaît la valeur. Il est droit de chérir la RDC, parce que passer de son état de chauffeur de taxi au milliardaire qu’il est aujourd’hui, c’est un miracle. Ce miracle, il le doit à la RDC qu’il cherche à chérir sans ses habitants. S’il lui était donné d’exterminer tous les congolais pour pouvoir poursuivre le chérissement de cette terre, il le ferait.
Ensuite, il parle de paix et de stabilité pour le Congo, alors que presque chaque jour, nos compatriotes sont tués à l’Est du pays. Il parle de paix, mais il n’y a pas de paix sans pain. La justice sociale est la chose la plus négligée aujourd’hui au Congo. Par manque de pain, nos compatriotes meurent au quotidien.
Les frontières du pays sont poreuses, il ne se passe pas quelques mois ans qu’on nous parle de l’intrusion des ougandais du côté de l’Ituri ou de l’invasion des rwandais du côté du lac Kivu, en marge de ceux qui opèrent déjà de l’intérieur des institutions du pays.
Kabila parle de paix et stabilité pendant qu’il a ses prisonniers politiques à lui.
Ensuite, il parle de paix et de stabilité pour le Congo, alors que presque chaque jour, nos compatriotes sont tués à l’Est du pays. Il parle de paix, mais il n’y a pas de paix sans pain. La justice sociale est la chose la plus négligée aujourd’hui au Congo. Par manque de pain, nos compatriotes meurent au quotidien.
Les frontières du pays sont poreuses, il ne se passe pas quelques mois ans qu’on nous parle de l’intrusion des ougandais du côté de l’Ituri ou de l’invasion des rwandais du côté du lac Kivu, en marge de ceux qui opèrent déjà de l’intérieur des institutions du pays.
Kabila parle de paix et stabilité pendant qu’il a ses prisonniers politiques à lui.
Sur les remèdes à apporter au grand malade qu’est la RDC
Il serait important de revenir sur des questions restées sans réponses et d’y trouver des réponses, et de punir les personnes, physiques ou morales, impliquées dans les réponses qu’on aura trouvées.
Qui a tué Lumumba, et pourquoi ? Qui a tué Laurent-désiré Kabila et pourquoi ? Qui a tué les 6 millions de congolais à partir de 1996, et pourquoi ?
Si petit à petit, on arrive à trouver des réponses tant soit peu définitives à ces questions, et de réparer, en traduisant en justice, les personnes impliquées dans ces différents assassinats, et dans le génocide congolais, on peut mettre tant soit peu, mettre fin à l’impunité perpétuelle. Comment pouvons nous construire un pays plus beau qu’avant en accumulant des actes d’impunité ?
Il faut plus que de la volonté politique. Il faut résoudre prioritairement la question de la direction. Si demain, la RDC a un leadership responsable à sa tête, certaines de ces questions là commenceront à trouver leurs solutions.
Regardez ce que le jeune premier ministre grec est en train de faire : Elu sur un programme de gouvernement luttant contre l’austérité, Tsipras, en contact permanent avec son électorat, a réussi le dimanche 5 juillet 2015 à renverser les rapports de force en faisant voter son peuple qui a rejeté à plus de 60% les mesures d’austérité et la dette imposée à la Grèce.
Il n’y a pas de fatalité, c’est un problème lié à la direction mais aussi à la formation, à l’éducation patriotique des masses populaires pour les transformer en masses critiques capables de faire comme les grecs, renverser les rapports de force. Il y a les grecs, mais nous avons déjà vu, cela avant, en Amérique latine.
Nous avons un problème pour arriver à avoir un nombre suffisant de masses critiques qui ont, en leur sein des élites organiques et structurantes, qui ont suffisamment de maîtrise de notre histoire, de notre mémoire vivante, qui partagent cette mémoire avec les mêmes masses, pour arriver avec ces masses citadines et paysannes à renverser les rapports de force au pays.
Qui a tué Lumumba, et pourquoi ? Qui a tué Laurent-désiré Kabila et pourquoi ? Qui a tué les 6 millions de congolais à partir de 1996, et pourquoi ?
Si petit à petit, on arrive à trouver des réponses tant soit peu définitives à ces questions, et de réparer, en traduisant en justice, les personnes impliquées dans ces différents assassinats, et dans le génocide congolais, on peut mettre tant soit peu, mettre fin à l’impunité perpétuelle. Comment pouvons nous construire un pays plus beau qu’avant en accumulant des actes d’impunité ?
Il faut plus que de la volonté politique. Il faut résoudre prioritairement la question de la direction. Si demain, la RDC a un leadership responsable à sa tête, certaines de ces questions là commenceront à trouver leurs solutions.
Regardez ce que le jeune premier ministre grec est en train de faire : Elu sur un programme de gouvernement luttant contre l’austérité, Tsipras, en contact permanent avec son électorat, a réussi le dimanche 5 juillet 2015 à renverser les rapports de force en faisant voter son peuple qui a rejeté à plus de 60% les mesures d’austérité et la dette imposée à la Grèce.
Il n’y a pas de fatalité, c’est un problème lié à la direction mais aussi à la formation, à l’éducation patriotique des masses populaires pour les transformer en masses critiques capables de faire comme les grecs, renverser les rapports de force. Il y a les grecs, mais nous avons déjà vu, cela avant, en Amérique latine.
Nous avons un problème pour arriver à avoir un nombre suffisant de masses critiques qui ont, en leur sein des élites organiques et structurantes, qui ont suffisamment de maîtrise de notre histoire, de notre mémoire vivante, qui partagent cette mémoire avec les mêmes masses, pour arriver avec ces masses citadines et paysannes à renverser les rapports de force au pays.
Sur le leadership congolais
Tous les leaders naissent au cours de certaines circonstances de l’histoire. Les hommes font l’histoire, mais l’histoire peut aussi faire les hommes. Il a fallu que la Grèce soit soumis pendant plusieurs années aux mesures d’austérité pour que l’un de ses dignes fils se lève et se dise avec ses copains, il y en a marre.
Nous avons aujourd’hui des congolais et des congolaises capables de mener le même combat. Ils sont déjà là, ils avancent. Ils vont peut-être étonner le monde de demain. Mais petit à petit, l’histoire force ces congolais et congolaises à dire, « il y en a marre. Nous devons pouvoir travailler pour la justice sociale et pour notre dignité, et sauver ce pays ».
Vouloir imposer à un peuple, la soumission à tout prix, cela a des limites.
Ce combat les congolais ne peuvent pas le mener seuls. Il doit se faire dans un cadre panafricain. Parce que le Congo n’est pas une île. Beaucoup de questions posées au Congo, sont aussi posées à plusieurs pays africains, voire occidentaux.
Il y a beaucoup de choses qui sont déjà mures, il y a toute une culture générale que les congolais ont acquise. Il y a aussi cette autre espèce de congolais habituée à tapoter sur des claviers d’ordinateurs et à ne pas aller loin dans l’approfondissement de certaines questions. Ce n’est pas une spécificité congolaise mais vu les enjeux auxquels nous devons faire face, il faut apprendre à fouiner. Ce qui importe d’abord, c’est le débat d’idées. Et comme le disait Fidel Castro, on ne tue pas les idées. Quand on a les idées en place et bien en place, et des bonnes idées, on peut faire avancer son pays et son peuple.
Nous avons aujourd’hui des congolais et des congolaises capables de mener le même combat. Ils sont déjà là, ils avancent. Ils vont peut-être étonner le monde de demain. Mais petit à petit, l’histoire force ces congolais et congolaises à dire, « il y en a marre. Nous devons pouvoir travailler pour la justice sociale et pour notre dignité, et sauver ce pays ».
Vouloir imposer à un peuple, la soumission à tout prix, cela a des limites.
Ce combat les congolais ne peuvent pas le mener seuls. Il doit se faire dans un cadre panafricain. Parce que le Congo n’est pas une île. Beaucoup de questions posées au Congo, sont aussi posées à plusieurs pays africains, voire occidentaux.
Il y a beaucoup de choses qui sont déjà mures, il y a toute une culture générale que les congolais ont acquise. Il y a aussi cette autre espèce de congolais habituée à tapoter sur des claviers d’ordinateurs et à ne pas aller loin dans l’approfondissement de certaines questions. Ce n’est pas une spécificité congolaise mais vu les enjeux auxquels nous devons faire face, il faut apprendre à fouiner. Ce qui importe d’abord, c’est le débat d’idées. Et comme le disait Fidel Castro, on ne tue pas les idées. Quand on a les idées en place et bien en place, et des bonnes idées, on peut faire avancer son pays et son peuple.