Par Jean-Pierre Mbelu
En politique, rares sont les faits se produisant au hasard. Souvent, tout est programmé et longtemps avant la production des faits. Ainsi en va-t-il du projet de la balkanisation et de l’implosion du Congo-Kinshasa. Les balkanisateurs n’y ont pas encore renoncé. Avec la complicité de certaines filles et certains fils du pays de Lumumba, ils tiennent à passer à la vitesse supérieure. L’année 2016 risque de réserver aux Congolais(es) des surprises désagréables.
En 2013, un groupe de Congolais publiait un livre[1] dont l’actualité crève encore les yeux. Dans ce livre, ils analysaient entre le phénomène de la balkanisation et de l’implosion de leur pays ainsi qu’ils y identifiaient les différents acteurs pléniers et apparents de ce projet macabre.
Le projet de balkanisation du Congo date d’il y a plus de cinq décennies
Ce projet, en effet, date d’il y a plus de cinq décennies et ses fanatiques n’y ont pas encore renoncé. Ils sont restés attachés à cette thèse-prétexte : « Le Congo-Kinshasa est trop grand pour être dirigé à partir de Kinshasa. » Mais sous cette thèse fallacieuse se cache le projet de la balkanisation et de l’implosion du Congo-Kinshasa en de petites entités inefficaces, manipulables et malléables à souhait.
Depuis les années 90, avec la prise de pouvoir politique par ‘’les usurpateurs’’, c’est-à-dire les entreprises transcontinentales, les Etats-nations sont combattus.
Ces ‘’nouveaux cercles de pourvoir’’ instrumentalisent la guerre et le terrorisme d’Etat pour détricoter les Etats-nations, créer de grands espaces de marché autorégulé, neutraliser les velléités planificatrices de certains Etats se voulant autonomes, nationaux et sociaux, détruire tout esprit patriotique chez les citoyens en vue de les transformer en des simples consommateurs sans racines culturels et éthiques, etc.
« Le Congo-Kinshasa est trop grand pour être dirigé à partir de Kinshasa. » Sous cette thèse fallacieuse se cache le projet de la balkanisation et de l’implosion du Congo-Kinshasa en de petites entités inefficaces, manipulables et malléables à souhait.
L’instrumentalisation de la guerre et du terrorisme d’Etat passe depuis un temps par ‘’les révolutions de couleur’’ et ‘’les révoltes’’ fomentées autour des élections ratées ou du refus des régimes en fin de mandat ‘’constitutionnel’’ de le respecter .
Dans la région des Grands Lacs Africains, plusieurs régimes en fin de mandat se retrouvent dans ce cas d’espèce : l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi, le Congo et le Congo-Kinshasa.
Au sujet du Congo-Kinshasa, la nomination de l’Américain Thomas Perriello comme envoyé spécial US suscite quelques appréhensions. A tort ou à raison. En essayant de parcourir la carrière internationale de ce monsieur, nous nous rendons compte qu’il a été un consultant dans certains pays où la justice transitionnelle a été mise en marche ( ?) après une langue période de guerre (ayant conduit, pour certains, à leur balkanisation) : Kosovo (2003)[2], Darfur (2005) et Afghanistan (2007).
L’année 2016 risque d’être une année de tous les dangers pour le Congo-Kinshasa
Pour rappel, récemment, la possibilité de l’implosion et de la balkanisation du Congo-Kinshasa fut évoquée par les élites universitaires américaines vers les années 1996. C’est-à-dire quelques six ans après le début de la guerre du FPR et son extension à toute la région des Grands Lacs Africains. Et plusieurs entreprises transcontinentales trafiquant les matières premières stratégiques du Congo-Kinshasa sont américaines[3].
A tort ou à raison, nous estimons que la nomination de Thomas Perriello comme envoyé spécial US dans cette partie des Grands Lacs Africains risque d’être porteuse d’un triste message : la fin du Congo-Kinshasa comme un pays ayant 2.345.000.000 Km2.
Il y a déjà eu un signe avant-coureur : la création du marché englobant 26 pays africains du Cap ou Caire. Ce ‘’marché de l’Afrique de l’Est’’ n’est pas un projet africain. Non. C’est la réalisation du rêve de Cecil Rhodes par ‘’les nègres de service’’ des anglo-saxons dont il est l’ancêtre. Il se pourrait que cette partie de l’Afrique éclate en de ‘’petits morceaux’’ et qu’il y ait quelques gendarmes pour en assurer la protection mercantiliste. Mieux vaut prévenir que guérir, dit-on.
Il y a déjà eu un signe avant-coureur de la fin du Congo : La création du marché englobant 26 pays africains du Cap ou Caire. Ce ‘’marché de l’Afrique de l’Est’’ n’est pas un projet africain. Non. C’est la réalisation du rêve de Cecil Rhodes par ‘’les nègres de service’’ des anglo-saxons dont il est l’ancêtre. Il se pourrait que cette partie de l’Afrique éclate en de ‘’petits morceaux’’ et qu’il y ait quelques gendarmes pour en assurer la protection mercantiliste.
Les élites organiques et structurantes de la région des Grands Lacs africains en général et celles du Congo-Kinshasa en particulier doivent pouvoir exercer leur intelligence et l’opposer à celle des ‘’petites mains’’ des ‘’usurpateurs’’ qui, petit à petit, veulent réussir leur projet d’un marché autorégulé se passant de la tutelle des Etats-nations. Elles doivent travailler à l’avènement des marchés contrôlés par des Etats-nations souverains, au service des citoyens, fiers de leur identité. La Grèce vient de nous prouver qu’un peuple mobiliser comme un seul homme peut renverser les rapports de force. L’intelligentsia congolaise, partout où elle est, doit pouvoir mener ce travail de mobilisation sage et intelligente pour éviter l’implosion de son pays.
Oui, la non-organisation des élections au Congo-Kinshasa en 2016 devra être gérée avec beaucoup d’intelligence et de sagesse pour éviter ‘’la montée du terrorisme’’ profitable aux balkanisateurs.
Que nous le tenions pour dit ! L’année 2016 risque d’être une année de tous les dangers pour le Congo-Kinshasa. Son unité, le patriotisme de plusieurs de filles et fils, leur orientation souverainiste, leur propension au multilatéralisme, etc. tout cela fait peur à ceux qui ont décidé, depuis la Conférence de Berlin, d’en faire leur réservoir des matières premières, sans plus.