Par Jean-Pierre Mbelu
« Le vrai problème est que les dirigeants zaïrois se sont laissé distraire par des discussions et des négociations futiles, en faisant régulièrement valoir leur bonne foi face à des gens qui n’en ont cure. » – C. ONANA
Après « Ces tueurs Tutsis au coeur de la tragédie congolaise » et « Europe, crimes et censure au Congo. Les documents qui accusent », « Holocauste. L’omerta de la communauté internationale. La France complice ? » de Charles Onana vient enrichir les bibliothèques des Kongolais attachés au livre. Ce livre déconstruit le discours mensonger justifiant la guerre raciste de prédation et de basse intensité orchestrée par les parrains de Paul Kagame contre le Kongo-Kinshasa . Il met à nu le storytelling qu’ils ont confectionné pour justifier leur désir d’occuper les terres kongolaises. « En sommes, écrit Charles Onana, les récits de conquête du Kivu par des Tutsis sont chimériques et ne reposent sur aucun fait historique établi ni sur une source digne de foi. » (p.279)
Une riche documentation
Charles Onana les nomme en se servant de leurs archives, des confessions de leurs diplomates, de leurs agents des services de renseignement, des documents internes à ces services, des livres écrits par des critiques occidentaux et kongolais, etc. Cette riche documentation rend la déconstruction du discours de Paul Kagame et de ses escadrons de la mort très aisé. De temps en temps, il prend Paul Kagame et son ami Museveni à leur propre jeu en les citant. Un exemple. Paul Kagame confie au ministre Charles Josselin ceci : « Cela fait cent cinquante ans que les Blancs exploitent et pillent le Congo, c’est maintenant le temps des Noirs. » (p. 381)
Ce livre est magnifique dans la mesure où il magnifie le travail intellectuel abattu sur cette guerre. Il est le fait des Occidentaux, des Africains et des Kongolais. Du côté de ces intellectuels, un effort considérable a été fourni pour briser le silence entretenu sur cette guerre raciste de prédation et de basse intensité.
Ce livre est magnifique dans la mesure où il magnifie le travail intellectuel abattu sur cette guerre. Il est le fait des Occidentaux, des Africains et des Kongolais. Du côté de ces intellectuels, un effort considérable a été fourni pour briser le silence entretenu sur cette guerre raciste de prédation et de basse intensité. Certaines actions menées pour que toute la lumière soit faite sur les tenants et les aboutissants de cette guerre et qu’un Tribunal Pénal International soit institué afin que justice soit rendue aux victimes kongolaises et africaines sont des signes qui ne mentent pas.
Donc, ce livre vient nous (re)apprendre que les Kongolais(es) n’ont pas été abandonné(es) par le monde entier à leur triste sort. Ils (elles) n’ont pas été esseulé(es). Que les réseaux mondialistes apatrides ayant préparé cette guerre longtemps à l’avance aient pesé de tous leur poids dans la balance des rapports de force pour instrumentalisée et soumettre la justice , c’est un autre problème.
Ce livre pose un problème sérieux
Ce livre, en recourant à plusieurs reprises aux écrivains , parlementaires, ministres et autres intellectuels kongolais, enseigne qu’à l’intérieur tout comme à l’extérieur du pays, des compatriotes ont essayé d’étudier cette guerre en profondeur et de tirer la sonnette d’alarme sans qu’ils soient écoutés par « les gouvernants ».
Ce livre pose aussi un problème sérieux : celui du manque de la production de l’intelligence collective dans des lieux de la pensée où « les gouvernants » travaillent, main dans la main, avec les penseurs.
Deux livres cités par Charles Onana peuvent être mentionnés à titre illustratif :
H. NGBANDA NZAMBO, Crimes organisés en Afrique centrale. Révélations sur les réseaux rwandais et occidentaux, Paris, Duboiris, 2004
J. KANKWENDA MBAYA et F. MUKOKA NSENDA (éd.), La République Démocratique du Congo face au complot de Balkanisation et d’implosion, Kinshasa, ICREDES, 2013.
Donc, ce livre pose aussi un problème sérieux : celui du manque de la production de l’intelligence collective dans des lieux de la pensée où « les gouvernants » travaillent, main dans la main, avec les penseurs. L’infiltration des institutions du pays par les mercenaires de Paul Kagame, de Museveni et de leurs parrains dans un contexte où le néolibéralisme a réduit toutes les valeurs à la seule marchande a conduit au clientélisme et à l’achat des consciences.
Le contexte néocolonial et néolibéral
De ce point de vue, ce magnifique livre de Charles Onana ne semble pas situer les magnifiques questions qu’il pose dans un contexte néolibéral et néocolonial dont la matrice organisationnelle est fortement marquée par la cupidité, par l’instinct de domination , le mépris des gens et de la vie au nom de l’unique valeur marchande.
Le triomphe du paradigme de l’hégémonie néolibérale dans les coeurs et les esprits, à l’extérieur tout comme à l’intérieur du Kongo-Kinshasa, peut expliquer, en grande partie, « l’Omerta » de « l’Occident collectif »…
Le triomphe du paradigme de l’hégémonie néolibérale dans les coeurs et les esprits, à l’extérieur tout comme à l’intérieur du Kongo-Kinshasa, peut expliquer, en grande partie, « l’Omerta » de « l’Occident collectif » -à ne pas confondre avec la communauté internationale- au sujet de l’extermination des Kongolais(es), de l’accaparement de leurs terres et de la falsification de l’histoire.
En 2007, Florence Hartmann répondait déjà à la question des « crimes sans châtiment » en écrivant un livre qui est toujours d’actualité : « Paix et Châtiment. Les guerres secrètes de la politique et de la justice internationales. »
Une petite conclusion : des rapports de force à transmuter
Oui. La guerre raciste de prédation et de basse intensité menée contre le Kongo-Kinshasa est aussi une guerre secrète de la politique et de la justice (dites) internationales dans un contexte néo et/ou ultralibérale. D’où l’Omerta. Les pyromanes refusent d’être des pompiers.
C’est la logique de ces rapports de force qu’il faut absolument transmuter en réorganisant les lieux de la production de l’intelligence collective, en créant une masse critique de souverainistes et patriotes capable de diversifier les alliances géopolitiques, géoéconomiques et géostratégiques dans une grande ouverture au monde polycentré qui est en train de naître.
Avec une armée, une police et des services de sécurité débarrassés des infiltrés et prenant appui sur les gardiens des terres que sont les chefs coutumiers et forces d’autodéfense populaire. Il s’agit là d’une question vitale pour le Kongo-Kinshasa.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961