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Entretenir le chaos en RD Congo, c’est handicaper l’unité de l’Afrique…

Entretenir le chaos en RD Congo, c’est handicaper l’unité de l’Afrique…

Entretenir le chaos en RD Congo, c’est handicaper l’unité de l’Afrique… 641 427 Ingeta

L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu précise la fausseté du processus électoral dans lequel le Congo est engagé, pose les fondations de la réinvention de la culture politique en RDC, explique pourquoi les conflits sont entretenus au Congo et rappelle pourquoi Kabila avait été choisi pour être à la tête du pays.

Le message est principal est le suivant : « Il est temps de pouvoir organiser et entretenir notre mémoire historique pour échapper à la mort orchestrée contre nous. »

Sur le (coût du) processus électoral en RDC

Le processus électoral au Congo est un faux. Il ne faut pas perdre de vue que le processus politique dans lequel le Congo est engagé depuis la guerre de l’afdl est un processus vicié, vicieux et faux. Comment se fait-il que Malu malu qui a organisé un fiasco électoral en 2006 puisse se retrouver à la tête de la commission électorale nationale dite indépendante pour 2016? Qui l’a désigné?
Le coût électoral n’est pas un problème. Ce qui est un problème, c’est le faux qui couvre tout le processus politique dans lequel le Congo est impliqué.
Ceux qui font office de politicards au Congo participent à une théâtralisation de la politique pour donner l’impression aux masses congolaises qu’ils sont en train de se battre pour un autre Congo.
Vous ne pouvez pas vous engager dans un processus électoral dans un pays sous occupation de militaires venant de l’extérieur, dans un pays sous la tutelle de l’ONU. On ne peut pas prétendre organiser des élections dignes de ce nom dans un Etat raté, sous occupation, sous tutelle.
Il n’y a même pas de débat autour de ce processus électoral. Il faut tout remettre à plat. Le problème est que, au fur et à mesure que le temps, l’amnésie s’impose.
Nous avons malheureusement aujourd’hui au Congo des compatriotes qui veulent jouer à fond la carte des nègres de service du néolibéralisme. Il faut renouveler la classe politique congolaise en commençant par se débarrasser de tous ces politicards qui font du bruit pour leur propre ventre. Ils sont en train de flouer les masses congolaises, tenues à l’écart de toutes les informations sensibles.

Sur la réinvention de la culture politique au Congo

Aujourd’hui, les mesures d’austérité, appliquées dans plusieurs pays occidentaux ne concernent pas que les pays occidentaux. Dans les années 1990, l’Afrique a connu des mesures d’austérité que certains pays occidentaux connaissent aujourd’hui. Regardez les cas de l’Espagne, du Portugal ou de la Grèce.
Ce qu’il nous fait, c’est opérer des ruptures.
D’abord, dans l’organisation de la pensée politique. Dire « Kabila dégage », n’est pas une pensée politique. A moins d’y ajouter par exemple qu’on veut un Congo débarrassé de l’occupation militaire rwando-ougandaise, de la tutelle de l’ONU et un Congo dirigé par les dignes filles et fils du Congo, appuyés par les masses populaires. Mao disait, Pour mettre de l’ordre dans l’organisation, il faut commencer par la mettre dans l’idéologie. Que voulons-nous pour le Congo de demain ? Est-ce que nous voulons un Congo servile au service des intérêts néolibéraux ? Ou est-ce que nous voulons un Congo souverain, politiquement, culturellement, économiquement et qui est au service des intérêts des fils et filles du Congo et qui protège.
Ensuite cette rupture dans la pensée politique va engendrer, petit à petit, une rupture dans l’imaginaire politique congolais. Cela va nous aider à mettre sur pied un imaginaire politique alternatif, c’est-à-dire, un imaginaire politique débarrassé de toute servilité, émancipé de la pensée néolibérale et refondu sur la solidarité et la coopération.
Deux grandes priorités donc. Une pensée politique alternative qui conduit à la mise sur pied d’un imaginaire politique alternatif. Mais cela ne peut être conduit qu’au sein de mouvements congolais solidaires.
Nous appelons à la mise sur pied de mouvements congolais solidaires qui entraîneraient toutes les congolaises et tous les congolais qui estiment que nous avons besoin d’une pensée alternative et qui auraient à sa tête un leadership alternatif et collectif, fondé sur autre façon de penser la politique, différente de la politique business qui a amené un bandit comme Joseph Kabila.

Sur l’entretien des conflits au Congo

Dans un pays miné par une guerre de basse intensité, quel est le rôle des conflits ? Dans une guerre de basse intensité, les conflits sont utilisés pour permettre effectivement la domination globale anglo-saxonne.
Quand vous créez des conflits, vous avez à un certain moment, besoin d’avoir recours aux artisans de paix, aux forces de la paix de l’ONU par exemple. Mais quand l’ONU vient s’installer, c’est pour perpétuer la domination globale de ceux qui la financent. Et ceux qui financent l’ONU chez nous, ce sont les anglo-saxons. L’ONU au Congo travaille au final à l’expansion de la domination globale anglo-saxonne, avec Africom, qui s’annonce au Congo, avec les infiltrations rwando-ougandaises mais avec cet appel de pied pour faire la guerre aux FDLR.
Il y a des conflits qu’on entretient au Congo entre des acteurs politiques inutilement opposés entre eux, parce qu’ils sont tous d’accord pour servir les intérêts extérieurs, pour permettre à la domination anglo-saxonne de pouvoir réaliser son expansion à partir du Congo. Le Congo a 9 pays voisins. Ainsi entretenir le domination globale made in USA à partir du Congo, c’est neutraliser du même coup les 9 voisins du Congo. C’est handicaper l’unité africaine. Face à ces enjeux, Kabila est une diversion, une distraction. Que vont devenir nos terres congolaises ? Que vient faire Africom au Congo ? Comment allons-nous faire pour ne plus dépendre de la banque mondiale et du FMI ? Comment allons-nous pour créer un mouvement pour un Congo solidaire en nous débarrassant des intrus qui sont dans l’armée ? Voilà des questions que les politicards congolais n’abordent pas.

Sur le refus de Kabila de collaborer avec l’ONU pour traquer les FDLR

Il ne s’agit pas de nier que parmi les FDLR présents au Congo, il y en ait qui aient trempé dans le génocide, mais il ne faut pas non plus nier le fait que les procès menés au tribunal pénal international pour le Rwanda ont montré déjà en 2008 qu’il n’y a jamais eu de planification de génocide entreprise par les hutus.
Ce qui se passe est qu’on oppose les bantous, les uns contre les autres. Pourquoi on entretient la guerre en Afrique centrale ? Pour ceux qui veulent la guerre en Afrique centrale ne se font pas la guerre entre eux ? Ils disent vouloir lutter contre le terrorisme et en même temps, ils veulent entretenir en Afrique centrale des guerres entre les ethnies.
Voilà la tactique. Comment à partir des différences réelles entre ethnies en Afrique, entretenir une guerre perpétuelle dans laquelle pourraient intervenir les missions de paix pour perpétuer la domination globale anglo-saxonne.
Aujourd’hui, le régime de Kabila est pris dans son propre piège. Il a tué des congolais. Il ne peut plus prendre appui sur les congolais. Si ce régime était intelligent, il aurait pris appui sur les congolais pour confondre ses parrains. Mais ces derniers savent comment il joue.
Comment travaillent ces parrains : Ils vous mettent vos masses populaires sur le dos en vous incitant à les tuer. Ils créent les conditions pour que les masses populaires vous haïssent. Après ils vous haïssent eux-mêmes. Parce que Rome ne paie pas toujours les traîtres. C’est toujours la même tactique : on vous instrumentalise contre vos populations. Quand vos populations commencent à vous haïr, ceux qui vous ont instrumentalisé, vous vomissent. Et le comble c’est qu’à ce moment là, ils vont fabriquer d’autres nègres de services, à qu’ils vont promettre qu’ils feront mieux. Il y a aujourd’hui des tonnes de livres sur ces tactiques et stratégies, nous ne les maîtrisons pas. Il y a aujourd’hui des politicards congolais qui sillonnent le monde pour demander à ceux qui ont fabriqué Kagamé, Kabila et Museveni de les parrainer contre leurs ex-créatures. C’est ça la tragédie de l’Afrique.
Kabila n’a rien à dire au monde diplomatique au Congo. N’eussent été ces ambassadeurs, il ne serait pas là où il est aujourd’hui. C’est signe que cet homme ne réfléchit pas. Il n’a pas compris et n’est pas capable de comprendre la stratégie d’instrumentalisation dans lequel il est plongé. Ce n’est pas pour rien qu’il a été choisi. C’est parce qu’il n’était pas capable de comprendre.

Sur la date du 16 février et l’entretien de la mémoire au Congo

Comment voulez-vous qu’un pays qui ne crée pas de monuments, qui n’entretient pas sa mémoire historique en s’arrêtant sur ses grandes dates, ait une mémoire?
Un peuple tient le coup à travers l’histoire par sa capacité à entretenir la mémoire historique. Qui enseigne le 16 février dans nos écoles ? Qui va enseigner le 26 novembre au Congo ?
Demain si les dignes filles et fils du Congo prennent le pouvoir, il leur faudra entretenir la mémoire historique en créant différents musées (de la colonisation, du 4 janvier 1959, de l’assassinat de Lumumba, de ceux qui ont résisté contre les forces de Mobutu, etc.) C’est comme cela qu’un peuple se construit, en essayant d’entretenir sa mémoire en disant « plus jamais ça ». Comme nous n’avons jamais de pouvoir à même d’organiser notre « plus jamais ça », ils vont encore continuer de nous tuer. Il est temps de pouvoir organiser et entretenir notre mémoire historique pour échapper à la mort orchestrée contre nous.

INGETA.

REINVENTONS

LE CONGO

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