Par Jean-Pierre Mbelu
Après soixante ans d’indépendance formelle, toutes les élites kongolaises ayant une approche critique info-formée des questions essentielles du pays devraient procéder à une division intelligente du travail.
De quelles questions s’agit-il ? De celles liées au fonctionnement du système néocolonial et néolibéral au cœur de l’Afrique ; de celles liées à la souveraineté, à la balkanisation, à l’implosion du pays et à l’intégrité territoriale ; de celles provoquées par les mécanismes d’infiltration des institutions et autres structures étatiques en vue de leur affaiblissement ; de celles engendrées par la régression anthropologique, la culture de la mort, le déstructuration culturelle, etc. ; de celles liées à la thérapie collective après plus de 130 ans de guerre raciste de prédation et de basse intensité ainsi que celles liées aux exigences de la justice juste; etc.
Pour une irruption des élites intellectuelles conscientes en « politique » au pays de Lumumba
Il est temps que les élites intellectuelles ayant la conscience économique, juridique, politique, géopolitique, géostratégique et historique de ces questions fassent leur irruption en « politique » au pays de Lumumba pour éviter que « les médiocres » continuent de dicter « leur loi » en attendant « le grand soir ». Il s’agit bien de celles qui le veulent et qui acceptent de rester interconnectées aux forces critiques ne voulant pas perdre leur autonomie de penser.
Il est temps que les élites intellectuelles ayant la conscience économique, juridique, politique, géopolitique, géostratégique et historique de ces questions fassent leur irruption en « politique » au pays de Lumumba pour éviter que « les médiocres » continuent de dicter « leur loi » en attendant « le grand soir ».
Il est ici question d’une organisation intelligente consistant à ne pas mettre tous les œufs dans un même panier. L’interconnexion et « l’intersocialité » peuvent devenir le mode opératoire de ces élites soucieuses de faire bouger les lignes en allant à l’assaut du système malgré sa pesanteur et sa grande capacité de nuisance. Organiser et financer elles-mêmes des conférences sur le fonctionnent de ce système serait déjà un grand pas.
Cette « entrée en politique » pourrait être le début de la guérison de la tare du « tout ou rien ». Oui, plusieurs de ces « élites » ont raison quand elles estiment qu’une refondation de l’Etat, de l’école, de l’université est indispensable à l’avènement d’un autre Kongo-Kinshasa. Mais qui va, à leur place, ou sans elles, impulser cela de l’intérieur ? Il est possible qu’elles se soient constituées en « une fraternité de la nuit » mue par des « consciences adjugées ». Bravo si elles en sont là !
Les élites intellectuelles consciences volontaristes n’ont plus d’excuses
Dans le cas contraire, oser leur « entrée en politique » maintenant pourrait être un acte courageux. En Amérique Latine, Hugo Chavez, après un coup d’Etat raté, s’est lancé en politique de manière active et le chavisme est né. En Bolivie, Evo Morales a osé, en prenant appui sur un vaste mouvement populaire et ce petit pays se consolide de plus en plus comme un Etat souverain.
Une bonne division du travail orchestrée par « les élites kongolaises conscientes » pourrait engendrer un leadership collectif ayant un mandat impératif le sommant de se livrer à une reddition des comptes permanent.
Une bonne division du travail orchestrée par « les élites kongolaises conscientes » pourrait engendrer un leadership collectif ayant un mandat impératif le sommant de se livrer à une reddition des comptes permanent tout en bénéficiant du soutien multiforme de ses interconnectés et de ses inter-associés à travers le monde.
Après soixante (60) ans, accumuler les diplômes, les brandir ainsi les noms des pays où ils ont été obtenus ne sert plus à rien dans un pays en ruine. Les élites intellectuelles consciences volontaristes n’ont plus d’excuses. Elles devraient accepter de se jeter à l’eau. Ce n’est qu’un souhait. Pas un diktat !
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961