Par Jean-Pierre Mbelu
« L’histoire nous apprend que nous ne savons pas apprendre de l’histoire. » (M. Jean)
Le Kongo-Kinshasa devrait accorder une attention particulière à ses philosophes et ses penseurs critiques.
Dans un article intitulé « « Sauver Kabila » relève désormais du devoir citoyen » publié sur son blog ce lundi 21 décembre 2020, Barnabé Kikaya Bin Karubi écrit ce qui suit: « Dans les salons huppés de la ville haute, des rencontres politiques s’organisent avec pour thématique étrange l’arrestation de Joseph Kabila (sic) et son transfèrement à la CPI (resic). Coïncidence : apparaît au même moment un montage sonore attribué à Sonia Rolley de RFI suggestionnant l’exil du sénateur à vie à partir de son séjour dans le Grand Katanga. »
Un secret de polichinelle…
Et voici comment il conclut son texte : « Le congolais est tenu au devoir de savoir qu’il y a un prix pour sa préservation : l’Accord général de Berlin ouvrant le bassin de son Congo au commerce mondial.Pour l’heure, le seul Congolais à le connaître est Joseph Kabila Kabange obligé d’édifier son successeur et, par ricochet, ses successeurs. Malheureusement, c’est contre lui (et ses proches) qu’une chasse aux sorcières stupide et idiote s’organise, comme si après avoir livré Kasa-Vubu, Mobutu et L-D. Kabila aux parrains, le Congo a vu des investissements extérieurs, principalement occidentaux, venir à flots. S’il est une leçon à en tirer pour tous les Congolais, c’est celui de considérer le salut de Joseph Kabila Kabange comme celui de la République Démocratique du Congo, notre patrimoine commun. »
Comment se fait-il que ce Professeur d’Université et journaliste de carrière n’ait pas compris, un peu tôt, que « Rome ne paie jamais ses traîtres » ou bien que si elle les paie, c’est souvent en monnaie de singe.
Après la lecture de tout l’article, il est possible de se poser plusieurs questions : « Comment se fait-il que ce Professeur d’Université et journaliste de carrière n’ait pas compris, un peu tôt, que « Rome ne paie jamais ses traîtres » ou bien que si elle les paie, c’est souvent en monnaie de singe. Que s’est-il tout d’un coup passé dans les têtes de certains caciques de la kabilie ayant déifié leur « Raïs » pour qu’ils commencent à avouer, à haute voix, qu’il n’était qu’une « créature des décideurs » ? Comment peuvent-ils, comme le fait Kikaya, demander à un peuple chosifié, soumis, assujetti, tué, massacré, violé, détruit, enterré dans les fausses communes, appauvri, etc. sous « le régime de la kabilie » d’accomplir un devoir citoyen à l’endroit de l’un de ses bourreaux sans qu’il n’ait répondu de ses forfaits ? » La liste de ces questions peut se poursuivre jusqu’à l’infini.
L’article de Barnabé Kikaya Bin Karubi reprend des lieux communs tout en prenant les Kongolais pour des imbéciles. Comment peut-il prétendre -bien sûr à tort et en tordant l’histoire de son raïs- qu’il est « pour l’heure, le seul congolais (sic) » à « savoir qu’il y a un prix pour pour sa préservation : l’Accord général de Berlin ouvrant le bassin de son Congo au commerce mondial »? Non, Prof. Ceci est un secret de Polichinelle. Un Kongolais normalement éduqué (à l’école) et à l’université le sait. De bons autodidactes kongolais le savent très bien.
Ce qui devrait arriver risque d’arriver
L’article de Barnabé Kikaya Bin Karubi devrait interpeller tous les compatriotes fanatiques, thuriféraires, tambourinaires et applaudisseurs « des créatures des décideurs ». Dans leur inconscience, ils creusent la tombe des « traîtres de Rome ». Cet article devrait surtout interpeller « les mammonistes » entourant ces « traîtres ». Ils leur fabriquent une fausse image d’eux-mêmes pour assouvir leur avidité, leur cupidité et leur convoitise avant leur probable transhumance. Ils sont les bourreaux de leurs propres amis, frères et compatriotes.
L’après Kabila était déjà contenu dans le dévolu jeté sur lui par « les faiseurs des rois ». Je sais, par mes lectures, que « Rome ne paie jamais ses traîtres »…A mon avis, le Kongo-Kinshasa devrait accorder une attention particulière à ses philosophes et ses penseurs critiques.
Voilà que ce qui devrait arriver risque d’arriver. De « Raïs » wumela, certains caciques de la kabilie sont en train de passer à « Sauver kabila relève un devoir citoyen ». Pourtant, il n’y a pas si longtemps qu’ils disaient : « Akozonga en 2023 ; il ne faut pas jouer avec le feu (de paille?). »
Et moi, humblement, connaissant plus ou moins bien le mode opératoire des « décideurs », j’ai écrit, en 2018, un petit livre intitulé : « Demain, après Kabila ». A mes yeux, son après était déjà contenu dans le dévolu jeté sur lui par « les faiseurs des rois ». Je sais, par mes lectures, que « Rome ne paie jamais ses traîtres »…
A mon avis, le Kongo-Kinshasa devrait accorder une attention particulière à ses philosophes et ses penseurs critiques. De tout ce qui précède, la grande leçon est celle que j’en tire à partir de ma culture : « Bipata nshimba, mbala kuseki, nlubilu luetu lua bukua nyama ! »
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961
