Par Jean-Pierre Mbelu
« Force-les de bâtir ensemble une tour et tu les changeras en frères. Mais si tu veux qu’ils se haïssent, jette-leur du grain. » – Antoine de Saint-Exupéry
Se mettre debout après avoir été longtemps mis à genou par les paradigmes de néantisation et d’indignité que sont l’esclavage et la colonisation demande un décryptage collectivement partagé de ces paradigmes. Qu’ont-ils produit dans les cœurs et les esprits ? En marge de la résistance, il y a eu assujettissement, asservissement, servilité, abâtardissement, larbinisme, marionnettisme, etc. Le néolibéralisme et le néocolonialisme ayant succédé à ces paradigmes négatifs ont été intériorisés par plusieurs compatriotes remis à genou par leur amour pour l’esclavage volontaire fruit du snobisme.
Méditer collectivement sur l’hymne national serait une action salutaire, un catalyseur dans la production d’une intelligence collective pouvant redonner un nouveau souffle à un « biso » national, à un « nous collectif ». Il pose aux « minorités organisées et conscientes » la question de savoir ce qu’elles ont fait et pourront encore faire pour que l’unité créée par le sort devienne courageusement et consciencieusement une unification fondée sur une bonne mémoire collective et une bonne connaissance partagée de l’histoire commune du pays.
Les résistants et les patriotes souverainistes ayant lutté pour que les 450 tribus kongolaises unies par le sort, unies dans l’effort pour l’indépendance, deviennent un seul et même peuple ont été, pour la plupart, trucidés. Et l’indépendance politique formelle n’a pas pu être accompagnée de l’indépendance économique dont ils avaient rêvé.
A quelques jours du 33ème anniversaire de l’indépendance politique formelle du pays, méditer collectivement sur l’hymne national serait une action salutaire, un catalyseur dans la production d’une intelligence collective pouvant redonner un nouveau souffle à un « biso » national, à un « nous collectif ».
Il pose aux « minorités organisées et conscientes » la question de savoir ce qu’elles ont fait et pourront encore faire pour que l’unité créée par le sort devienne courageusement et consciencieusement une unification fondée sur une bonne mémoire collective et une bonne connaissance partagée de l’histoire commune du pays. Surtout en ce moment où « les mammonistes vampires » ont besoin des sacrifices humains.
Le fait est là que la manipulation et/ou l’instrumentalisation des identités tribales servant la politique du « diviser pour régner » retarde la production de l’intelligence collective structurant un « biso » pouvant transformer les Kongolais(es) et les Kongolais en frères et soeurs, solidaires, décidés à devenir, au quotidien, les acteurs dans la construction d’un pays plus beau qu’avant. (à suivre)
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961