Par Mufoncol Tshiyoyo
Élevons les Congolais à un autre stade de lutte en affrontant dans un combat d’hommes l’adversaire dont la véritable identité est déjà révélée. C’est le sens de notre engagement dans la lutte.
L’expression du Grand Jeu est tirée de Kim, le roman de l’anglais Rudyard Kipling (1901). C’est le récit d’un conflit larvé opposant la Russie à l’Angleterre, alors puissances de l’époque, pour le contrôle de l’Asie centrale. Les vassaux instrumentalisés et au service de l’une et de l’autre puissance donnaient l’impression de se battre, alors que c’est le résultat final de l’affrontement entre la Russie et l’Angleterre qui a définitivement fixé et déterminé leur statut. Les Pahlavi écrivent dans Le Marécage des Ayatollahs : « le 18 mai 1920, un corps expéditionnaire russe débarque à Enzel, le port persan de la Caspienne, et en chasse la garnison britannique. En 1920, les Bolcheviks menacent la Perse 8 L’Iran et les intérêts britanniques » (Pahlavi, 2015 :17). Les Tutsis du Rwanda (en qualité de vassaux et intermédiaires), sous la direction du mercenaire en chef Paul Kagame, débarquent au Congo. En 1997, le sort du « Guide », qui se prenait pour un acteur (alors qu’il ne le fut) , est scellé malgré lui.
C’est pour dire que les nègres de service congolais actuels et les intermédiaires directs, que ce soient des mercenaires Rwando-ougandais et autres africains au Congo, ne sont que les justificateurs d’une tragédie dont la scène est le Congo, mais écrite ailleurs. Pour cette raison, et aussi longtemps que le maître de céans est élevé au statut d’adversaire, il n’existe stratégiquement aucun intérêt à suivre de près tout ce beau monde. S’intéresser aux nègres de service, c’est faire le jeu de l’adversaire, jouer à son rythme et limiter son champ historique. Il n’y a rien de triste quand les masses ne suivent. Tout dépend de la nature de ce qui est défini comme combat.
Est-ce un combat populaire ou conduit par des éveillés dont le moment a sonné ? Les masses suivront. Et elles ont toujours suivi quand les éveillés transcendent le stade de l’hésitation précédant le grand rendez-vous historique. Portons, sur nos épaules, la responsabilité historique d’avoir à libérer des populations africaines, noires et résidant dans l’espace de l’Afrique, dénommé le Congo. Élevons les Congolais à un autre stade de lutte en affrontant dans un combat d’hommes l’adversaire dont la véritable identité est déjà révélée.
C’est le sens de notre engagement dans la lutte. Frantz Fanon nous demande de ne jamais être confus dans la marche à suivre. Pour lui, « notre tort est d’avoir été légèrement confus dans nos démarches. Il est de fait qu’en Afrique, aujourd’hui, les traîtres existent. Il [faut] les dénoncer et les combattre ». Mais j’insiste qu’il faille désormais dépasser le stade de n’affronter que la traîtrise. Le temps n’est pas avec nous. L’histoire créera en son temps des passerelles pour faciliter des rencontres possibles. Levons-nous et imposons à notre peuple l’inconcevable !
Mufoncol Tshiyoyo, MT,
Un homme libre