Par Jean-Pierre Mbelu
Tant que « les crimes organisés » au Congo-Kinshasa resteront impunis, que leurs auteurs et commanditaires seront « les parrains » des politiciens congolais et/ou oeuvreront au sein des institutions de notre « Etat manqué », ce pays sera toujours une néocolonie.
1. En écoutant cette vidéo, il serait possible de dire que, de plus en plus, un consensus se dégage sur le processus électoral tel qu’il est organisé au Congo-Kinshasa depuis 2006. Il est chaotique.
2. Néanmoins, les causes profondes de ce »chaos électoral » ne semblent pas être sérieusement analysées. Le juriste et analyste, Christian Bosembe, a de la peine à constater que ces »élections » ayant été le produit d’une stratégie du chaos, la guerre de prédation et de basse intensité menée contre notre pays par des proxies interposés, ne pouvaient être que chaotiques.
3. Le juriste et analyste, critique du système dont ces élections sont le fruit évite de le nommer. Il ne semble pas s’être rendu compte que la stratégie du chaos a engendré une néocolonie au service du capitalisme ensauvagé.
4. Ayant pris parti pour ce système néocolonial, il éprouve de la peine à le remettre en question profondément.
5. Amoureux de la pensée, des idées et des livres, il cite, tout au long de son émission, quelques penseurs et écrivains. George Orwel, Michel Onfray, Honoré Ngbanda Nzambo, etc. Il est plein d’admiration pour ce dernier. Il avoue qu’il écrit bien. Peut-il le lire ?
6. S’il lit Honoré Ngbanda Nzambo, Christian Bosembe pourrait être obligé de revoir la copie de plusieurs de ses émissions au cours desquelles il fait allusion à la guerre et au Rwanda.
7. Il pourrait lire : « Crimes organisés en Afrique centrale. Révélations sur les réseaux rwandais et Occidentaux » (2004) et « Stratégie du chaos et du mensonge. Poker menteur en Afrique des Grands Lacs » (2014).
8. Il connaîtrait la nature du système d’abrutissement et d’assujettissement des masses qu’il a de la peine à nommer.
9. Ce système est décrié par d’autres penseurs et écrivains. L’un fait allusion à la présence de l’ONU et des multinationales sur le sol congolais depuis la guerre de l’AFDL et écrit : « « Les faiseurs de paix ». Gestion d’une crise internationale dans un Etat sous tutelle » (2007). Il s’agit de Jean-Claude Willame. L’autre, Ludo De Witte, soutient que la situation politico-économique et sociale du Congo-Kinshasa n’a pas beaucoup changé depuis le coup d’Etat de 1965 et écrit : « L’ascension de Mobutu. Comment la Belgique et les USA ont installé une dictature » (2017). Il aide à comprendre comment l’assassinat de Lumumba a plongé le pays dans une crise de légitimité (devenue une débâcle).
10. Amoureux de la pensée, des idées et des livres, Christian Bosembe pourrait être surpris d’apprendre que notre pays est sous « les coups d’Etat permanents » de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international en lisant Eric Toussaint. Il a écrit, entre autres, un livre intitulé : « Banque mondiale. Coup d’Etat permanent » (Banque mondiale : le coup d’État permanent)
Tout ceci n’innocente pas « les compradores » congolais et leurs clients. Ce petit apport permet d’établir le lien transnational entre ces « compradores » et « leurs parrains ». Toutes les fois que passons à côté de ce lien, nous risquons de ne pas comprendre le fonctionnement du système néocolonial au Congo-Kinshasa.
Ce petit apport pourrait aider le juriste et analyste, Christian Bosembe, à se faire à l’idée que tant que « les crimes organisés » au Congo-Kinshasa resteront impunis, que leurs auteurs et commanditaires seront « les parrains » des politiciens congolais et/ou oeuvreront au sein des institutions de notre « Etat manqué », ce pays sera toujours une néocolonie.
Ce pays a besoin d’une « révolution ». C’est-à-dire d’un processus d’insurrection des consciences pouvant déclarer « révolu » tout ce qui nuit à la dignité des Congolais(es) et mettre hors d’état de nuire tous ceux ont trempé dans ces « crimes organisés ». Ce pays a besoin d’une « Ethique reconstructive » dont une véritable « justice transitionnelle » serait un petit point de départ.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961