Par Jean-Pierre Mbelu
Le 22 mars 2015 risque d’être une date rapidement oubliée par plusieurs compatriotes congolais pressés d’aller aux élections de 2016 sans prendre le temps de s’arrêter, un tant soit peu, sur les discours de ‘’la majorité mécanique de la kabilie essoufflée’’.
Pourtant, il semble prudent de revenir sur les noms d’oiseaux que se sont distribués ses membres à Kingakati ce dimanche 22 mars 2015.
Kyungu, pour avoir travaillé à l’intérieur du ‘’système mobutiste’’ en est arrivé à relativisé ‘’le règne de Kabila et son palais de ‘’Kingakati’’. Voici comment il s’exprime :
« Kyungu à Shadai en swahili : « Mantsho iriona birima ayezi kushutuka mabonde (Traduction : Les yeux qui ont vu les montagnes ne peut être impressionnés par les vallées). En vérité, je vous le dis, ce que vous avez amassé et vu chez Joseph Kabila n’est rien comparé à ce que moi, j’ai vu et amassé chez Mobutu Sese Seko. Joseph Kabila, c’est rien comparé à Mobutu. Mobutu, c’est 50 fois plus que Kabila. Si pour vous, Kingakati est le paradis, je vous informe que ce n’est rien comparé aux maisons de Mobutu »
Pour ‘’un dur de la kabilie’’, Kyungu a commis ‘’un crime de lèse-majesté’’. Il risque la mort. Cishambo, parce ce que c’est de lui qu’il s’agit, se fâche et dit à Kyungu : « Vous risquez la mort. » Grave !
Lisons bien cet échange. Il ne porte pas sur ce que ‘’les vieux dinosaures’’ et ‘’les nouveaux prédateurs’’ ont pu faire pour le pays. Non. Il porte sur ce qu’ils ont pu amasser. Ils s’empoignent là-dessus. Ils se promettent même la mort.
Ils sont placés face à une option : ou entourer le chef et le caresser dans le sens des poils pour amasser les biens ou remettre en question ce qu’il fait et être envoyé à la mort. Grave ! Où est la politique dans tout ça ? La politique comme participation citoyenne à l’édification de la cité et aux actions garantissant l’égalité, l’équité, la liberté et la fraternité ? Où est-elle ? Où sont les convictions politiques sur lesquelles ‘’la kabilie’’ est fondée ? Rien. Il n’y a rien en dehors de l’accumulation des biens matériels et des louanges au ‘’chef’’.
A entendre Cishambo, il ne serait pas trop osé de lui poser cette question : « Combien de Congolais(es) ayant remis en question le mode de gestion de votre chef envoyé(es) à la mort connaissez-vous ? » Et cette autre : «Floribert Chebeya et Fidèle Bazana seraient-ils du nombre comme en témoignent Paul Mwilanbwe au Sénégal ? »
A entendre Cishambo, nous pourrions nous dire : « Qu’avons-nous encore besoin de preuves ? De l’intérieur de ‘’la majorité mécanique kabiliste essoufflée’’, nous savons davantage que tuer est un mode opératoire à côté de bien d’autres tels que le vol, les fraudes, les tricheries, le mensonge, etc. » De là à croire que pour éviter la mort, les Congolais(es) critiquant ce mode opératoire choisiront toujours le servilisme, il y a un pas que ‘’les durs’’ de la kabilie devraient se garder de franchir.
Plusieurs de nos jeunes ont choisi d’être et de rester debout malgré la prison et la torture. Les 19, le 20 et le 21 janvier, plusieurs compatriotes Congolais ont prouvé, mains nues, qu’ils pouvaient se battre au nom de leur dignité pour rester debout.
Ce n’est qu’un début d’une longue et périlleuse lutte contre les escadrons de la mort de ‘’la kabilie’’ et les ‘’nègres de service domestiques’’ du système néolibéral. Oui. Le peuple Congolais debout rejette le servilisme et le matérialisme lui servant de corollaire. Il veut rester digne et fier. Même au prix de la mort.
Mbelu Babanya Kabudi