Par Jean-Jacques Wondo
Les témoignages se succèdent et se ressemblent et l’étau semble se resserrer sur Paul Kagame qui a fait du « génocide » rwandais son fond de commerce politique. Au fil du temps, l’opinion publique semble ne plus mordre à l’hameçon de l’homme fort de Kigali dont le comportement autocratique semble de plus en plus l’isoler sur le plan diplomatique.
Le syndrome criminologique de l’abuseur-abusé ou de la victime-criminel
Le comportement actuel de Paul Kagame est comparable en criminologie à la théorie de l’abusé-abuseur en délinquance sexuelle. En effet, plusieurs chercheurs, en majorité anglo-saxons, ont démontré que les délinquants sexuels qui déclarent avoir été abusés sexuellement sont plus déviants que les autres; plus particulièrement chez les agresseurs sexuels d’enfants (Hanson, 1991). Rapporté au comportement de Paul Kagame qui s’autoproclame comme étant le porte étendard des victimes des atrocités commises sur les ressortissants de son ethnie Tutsi, les faits tendent à démontrer que depuis qu’il a transformé le pays des mille collines en une prison à ciel ouvert, Kagame se comporte de la même manière que ceux qu’il traite de « génocidaires ».
Du génocide rwandais au génocide au Congo ? Les faits sont têtus !
Lors de l’invasion du Zaïre en 1996, la progression des forces de l’AFDL, appuyées par l’Armée patriotique rwandaise, à prédominance monoethnique Tutsi, se traduisit par de nombreux massacres et exactions à l’encontre des réfugiés Hutus. Une mission de l’ONU conduite par Roberto Garreton, déclare le 11 juillet 1997 que les massacres des réfugiés semblent mériter la qualification de « crime contre l’humanité » et même peut-être de « génocide ». Cependant, ses conclusions vont se heurter au refus du nouveau pouvoir à Kinshasa de coopérer à l’enquête de la mission onusienne. Le 8 octobre 1997, Human Rights Watch et la FIDH affirment détenir « la preuve matérielle irréfutable » de massacres perpétrés dans l’est de l’ex-Zaïre par l’AFDL de Kabila et ses alliés rwandais du FPR-APR. Le 28 février 1997, des milliers de réfugiés rwandais sont ainsi assassinés à Tingi-Tingi où se trouvent plus de 120.000 réfugiés exténués ; ainsi que le 22 mars 1997, à la borne kilométrique «52» sur la route de Kisangani. Entre le 21 et le 23 avril 1997, des expéditions punitives sont menées contre les camps de Kasese et de Biaro où des milliers de réfugiés incapables de se déplacer disparaissent sans laisser de trace. Le 13 mai 1997 à Mbandaka : tueries de plus de 1300 civils par les forces de l’AFDL/APR dirigées par le commandant Godfrey Kabanda (Les Armées au Congo-Kinshasa, 2013).
Sur l’épisode de Kisangani, dans son ouvrage revu en 2009, Les Nouveaux prédateurs, la journaliste belge Collette Braeckman déclare que « lorsque L Kabila acceptera la proposition du rwandais James Kabarebe d’emmener Joseph avec lui, de le former sur le terrain, le jeune Kabila ne quittera plus jamais James. Toujours discret, il le suivra comme son ombre. Il avancera au Kivu, prendra part à toutes les batailles su la route de Kisangani… L’histoire s’accélère. En mars 1997, Joseph Kabila devient l’adjoint de James. C’est lui qui sera officiellement crédité de la prise de Kisangani.Mais Joseph découvre aussi l’autre face de la bataille e Kisangani : il assiste à la mise en déroute des réfugiés du camp de Tingi-Tingi, à la fermeture, durant trois jours, des pistes qui mènent vers le sud, à l’entrée en action des commandos spéciaux venus de Kigali, qui massacrent les Hutus en débandade. Le fils de Kabila n’ignore donc rien des tueries dont son père sera tenu pour politiquement responsable… Mais a-t-il lui même participé aux tueries, sa responsabilité est-elle engagée ‘une façon ou d’une autre? » (pp. 168-169). Telles sont les questions que la journaliste n’osera plus jamais rechercher les réponses.
A l’heure des bilans en mai 1997, sur un 1.100.000 réfugiés rwandais présents au Kivu, après le décompte plus de deux cent dix mille réfugiés hutus étaient portés disparus. Une seconde enquête de l’ONU, menée par la Commission des droits de l’ONU, a rendu un rapport en juillet 1997, afin de se prononcer sur la qualification de génocide. La question n’a pu être tranchée, mais parmi les méthodes de l’AFDL, le rapport mentionne notamment : « les massacres délibérés et prémédités, la dispersion des réfugiés dans des zones inaccessibles et inhospitalières, le blocage systématique de l’aide humanitaire, le refus obstiné opposé jusqu’ici à toute tentative de mener une enquête impartiale et objective sur les très graves allégations reçues, sont autant d’éléments particulièrement troublants. »
En novembre 1998, L.D. Kabila reconnait l’existence de massacres, mais en attribue la paternité à son allié de l’époque, le Rwanda de Paul Kagame. Cette accusation envers les autorités rwandaises du FPR a été reprise par Rony Brauman, Stephen Smith et Claudine Vidal (africaniste chargée de recherche au CNRS), co-auteurs en 2000 d’un article selon lequel « au Congo-Kinshasa, le FPR a non seulement démantelé manu militari des camps d’exilés hutus, qui constituaient effectivement une menace existentielle, mais il a aussi persécuté, sur deux mille kilomètres à travers la forêt équatoriale, des civils dont près de 200.000 ont péri, victimes d’inanition, de maladies ou des « unités spéciales » lancées à leur poursuite depuis Kigali.
Un dernier rapport du Haut-commissariat des Nations unies pour les Droits de l’Homme de l’ONU (HCDH) publié le 1er octobre 2010 confirme le massacre systématique des Hutus par les troupes de KAGAME. Ce rapport, dit Mapping, fait l’inventaire des atrocités commises en RDC entre 1993 et 2003, Ce rapport révèle que « le FPR de Paul Kagame a délibérément commis d’innombrables actes de génocide, des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre contre les réfugiés hutus et les citoyens congolais au cours de la période susvisée ». Le rapport détaille et fait mention de la nature systématique, méthodologique et préméditée des attaques contre les Hutus qui se sont déroulées dans chaque localité où des réfugiés ont été dépistés par l’AFDL/APR sur une très vaste étendue du territoire de la RDC. Des camps entiers détruits. Des survivants poursuivis et privés d’aide humanitaire. « L’usage extensif d’armes blanches et les massacres systématiques des survivants après la prise des camps démontrent que les nombreux décès ne sont pas imputables aux aléas de la guerre », note le HCDH. Parmi les victimes se comptaient des enfants, des femmes, des personnes âgées et des malades. Ça, ce sont des faits monsieur Kagame !
Et si le capitaine Paul Barril disait la vérité qui impute l’assassinat de Habyarimana à Kagame ?
Qu’on l’aime ou pas, une chose est certaine est que le capitaine Paul Barril, membre de la cellule antiterroriste de l’Élysée sous le premier septennat de François Mitterrand, reste un des protagonistes sérieux des événements tragiques qui se sont produits au Rwanda à partir du 6 avril 1994. Depuis, malgré ses incessantes interpellations des autorités françaises et de l’ONU, tout est mis en place pour passer sous silence ses déclarations. Mais l’homme, très obstiné, ne compte pas se résigner et compte briser le silence dans un ouvrage explosif qui remet à plat des idées-reçues savamment concoctées par le lobby qui se cache derrière ‘action politique belligène de Paul Kagame en Afrique des Grands-Lacs.
Alors qu’il est lui-même visé par deux instructions liées au génocide rwandais, Paul Barril ne cesse de répéter que Paul Kagame est l’instigateur de l’attentat qui a coûté la vie, le 6 avril 1994, au président rwandais Juvénal Habyarimana, et à son homologue du Burundi, Cyprien Ntaryamira. Leur avion, un Falcon 50, a été abattu par deux missiles qui auraient été tirés, selon Paul Barril, par le Front patriotique rwandais (FPR). « Si je n’avais pas déposé une plainte, il n’y aurait pas eu d’enquête sur cet attentat de la part de la France. Alors qu’il y avait trois Français dans l’appareil : le pilote, le copilote et un mécanicien. Le lendemain, deux adjudants-chefs de la gendarmerie et leurs épouses ont également été tués », s’insurge le capitaine Barril. L’homme ne parle pas de « génocide », mais de « massacre », dont les précurseurs seraient les Tutsi, coupables d’avoir assassiné en octobre 1993 le président du Burundi et massacré 100.000 Hutu. « Un crime de masse passé aux oubliettes de l’histoire. Les Hutu du Rwanda, terrorisés, pensaient que le même sort les attendait s’ils ne réagissaient pas. Ils ont tué avant qu’on ne les tue. » (Le point.fr, 7 avril 2014)
Pour éclairer l’opinion sur les affirmations du capitaine Barril, DESC vous livre ce que cet ex-mercenaire célèbre du 20ème siècle a écrit dans un précédent ouvrage-bombe, « Guerres secrètes à l’Elysée ».Quatorze ans de coups tordus. La « Police politique » de Mitterrand…. Écoutes illégales et suicides en série. Trahisons et mensonges d’État. Eminences grises et Cabinet noir; un livre paru en 1996 chez Albin Michel.
En voici quelques extraits à propos des événements du Rwanda en 1994 :
« J’ai appris le décès de celui que je considérais comme le général en chef de la nouvelle armée de l’ombre, apte à rétablir la France, sur une colline perdue du centre de l’Afrique, au moment où les officiers tutsis du FPR, formés et conseillés par la CIA, préparaient les premiers mouvements de l’offensive qui devait leur assurer le pouvoir à Kigali, capitale du Rwanda, ainsi que le contrôle de toute la région des grands lacs. François Durand Grossouvre est mort le 7 avril 199, peu avant 20 heures. Exactement 24heures avant, le 6 avril à la même heure, l’avion du président rwandais Habyarimana explosait en plein vol, au dessus du palais présidentiel de Kigali, frappé traîtreusement par deux missiles soviétiques sol-air SAM 16. Leurs numéros de série indiquent qu’ils ont appartenu à l’armée irakienne. Peut-être ont-ils été récupérés par les soldats américains après la Guerre du Golfe. Dans ce cas devrait-on y voir une manipulation de la CIA ? Mais pourquoi ? Ou plutôt, afin de ménager les intérêts de qui, à Kigali, au Rwanda en général ?… » (page 176)
« Quoi qu’il en soit, le simple bon sens commande de s’interroger sur la proximité de ces deux événements, les morts violentes de François de Grossouvre et du président Habyarimana. J’avais présenté personnellement Grossouvre au président du Rwanda en 1992 à l’hôtel Meurice. Ils étaient devenus amis. A la suite de l’attentat, un cycle de massacres aboutit à la mise en place de la dictature pro-américaine du Tutsi Paul Kagamé. Plus d’un million de personnes ont péri au Rwanda. Qui s’en soucie ? Lors de l’attentat contre l’avion présidentiel rwandais, deux chefs d’Etat sont morts, puisque le président du Burundi accompagnait son collègue rwandais. Qui s’en soucie ? Trois citoyens français sont également morts dans cet appareil : Jacques Heraud, Jean-Pierre Minaberry et Jean-Michel Perrin, tous anciens militaires salariés de la Satif, société privée de Charles-Armand Maurice de Rochet La Baume de Depuy-Montbrun. Qui s’en soucie ?… » (page 177).
« En ma qualité de conseiller de la présidence rwandaise, je me suis rendu sur les lieux. J’ai récupéré environ 80 Kilos de pièces calcinées de l’avion, des boîtiers électroniques, des enregistreurs de vol, des bandes magnétiques. Je me suis rendu, également, sous un tir intense de mortier de 120 mm du FPR, à l’aéroport de Kigali pour récupérer aussi les documents originaux : carnets de l’aéroport, rapports de la météo, fax, télex, ainsi que douze bobines d’enregistrement des vols du jour fatidique. Plus tard, avec l’aide de militaires fidèles, j’ai récupéré les lanceurs des deux missiles meurtriers, trouvés aux alentours d’unezone surveillée par l’armée belge. J’ai aussi réuni quatre-vingts témoignages, directs et précis, avec les enregistrements vidéo de personnes qui virent le départ des missiles et leurs impacts sur la carlingue de l’avion présidentiel. J’ai aussi les plans des lieux, avec l’emplacement présumé des tireurs. Avec l’aide de mes avocats, j’ai saisi le secrétaire général de l’ONU. Je lui ai demandé, par écrit, d’être immédiatement entendu. Au nom du secrétaire général, l’un de ses collaborateurs m’a renvoyé sur l’aviation civile, au Canada. Sitôt dit, sitôt fait. J’ai écrit. Aucune réponse… » (page 177) « Tout comme pour le Falcon 50 de la présidence du Rwanda, le « suicide » de François de Grossouvre n’a entraîné aucune enquête digne de ce nom » (page 178).
Ainsi, pour Paul Barril, sans doute et en toute trivialité, c’est « Paul Kagame est l’homme qui est à l’origine de ce drame atroce ».
Les journalistes d’investigation Pierre Péan et Charles Onana accablent Paul Kagame
Pierre Péan, auteur de Noires fureurs, Blancs menteurs, (2005, Ed. des Mille et une nuits) et de Carnages,guerres secrètes en Afrique,(2010, Ed. Fayard), deux ouvrages explosifs sur les événements en Afrique des Grands Lacs, ne cesse d’imputer la responsabilité absolue de la crise régionale à Paul Kagame et ses parrains américains et juifs. Pour lui, il ne fait l’ombre d’aucun doute que le FPR est à l’origine de l’attentat du 6 avril 1994 qui est l’élément déclencheur du génocide pour la simple raison que les dirigeants du FPR, et leur leader Paul Kagame, l’ont déclenché en toute connaissance de cause pour s’en servir d’alibi par la suite.
Dans un entretien accordé à Boris Bertolt paru sur http://www.france-rwanda.info/article-charles-onana-paul-kagame-a-commis-des-crimes-graves-57433367.html, le journaliste franco-camerounais, Charles Onana,démonte les thèses fallacieuses des lobbyistes au service de Kagame. Il déclare ce qui suit à propos du du rapport d’enquête du juge Bruguière, qui met en cause Kagamé dans l’attentat du 6 avril 1994. « J’ai publié mon enquête en 2002 avant les révélations du juge Brugière. Je n’ai pas été influencé par ses résultats. Je constate simplement que lorsque je révèle mon enquête, on découvre que les éléments avancés par Colette Braeckman que l’attentat avait été commis par des extrémistes hutu ne sont pas du tout vrai. J’ai fait une analyse toute simple. Quel est l’intérêt pour les hutu d’assassiner un président qui leur est favorable et quel est l’intérêt pour les français de tuer quelqu’un qu’on considère comme leur allié. Donc cela paraissait totalement insensé. Par contre Kagamé avait intérêt. Finalement la place d’Habyarimana lui est revenue. Donc comme on dit toujours à qui profite le crime ? Il a été le principal bénéficiaire de cet attentat. Le général canadien Dallaire avait beaucoup de fascination pour Kagamé. Ce qui peut justifier l’attitude de la INUAR qui a protégé les actions criminelles du FPR ».
Rappelons que les affirmations de Charles Onana sont abondamment explicitées dans ses ouvrages, notamment : Les Secrets du génocide rwandais: enquête sur les mystères d’un président, avec Déo Mushayidi (Éditions Duboiris, 2002) ; Enquêtes interdites (Duboiris, 2002) ; Les Secrets de la justice internationale: enquêtes truquées sur le génocide rwandais, préface de Pierre Péan, (Duboiris, 2005) ;Silence sur un attentat, (Duboiris, 2005) ; Ces tueurs tutsi au cœur de la tragédie congolaise, préface de Cynthia McKinney (Duboiris, 2009).
La thèse de la complicité du Canada est également soutenue par le chercheur-journaliste d’investigation d’origine congolaise, Patrick Mbeko, dans son remarquable ouvrage « Le Canada dans les guerres en Afrique centrale – Génocides et pillages des ressources minières du Congo par le Rwanda interposé » (Nègre éditeur, 2012). L’auteur y aborde de manière scientifique et factuelle le rôle macabre joué par le Canada dans les guerres de ressources en Afrique. Il y dévoile « l’existence d’opérations concertées entre le Canada, les puissances occidentales et leurs multinationales, par le Rwanda interposé, pour dépouiller la RDC de ses ressources stratégiques, quitte à la démembrer en de micro-Etats ». L’auteur récidive dans un autre livre d’investigation qui vient de paraître cette année et intitulé « Le Canada et le pouvoir tutsi du Rwanda – deux décennies de complicité criminelle en Afrique centrale » (Ed. L’Érablière, 2014). Il y déconstruit de manière méthodique, avec une abondante documentation à l’appui, la version officielle des événements tragiques qui se sont déroulés au Rwanda en 1994.
Barril rejoint par les ex-lieutenants de Kagame : Ruzibiza, Karegeya, Kayumba et Micombero
Le premier à témoigner contre son maître fut le feu lieutenant Abdul Joshua Ruzibiza, un témoin clé de l’attentat contre l’avion du président rwandais Juvénal Habyarimana en 1994. Il avait accusé le FPR de Paul Kagamé d’avoir perpétré l’attaque contre l’avion transportant le président hutu Habyarimana, élément déclencheur du « génocide » rwandais. Dans un livre, « Rwanda. L’histoire secrète », il affirme que « sur l’ordre direct de Paul Kagame qu’il avait personnellement participé au network commando qui a abattu l’appareil, le 6 avril 1994 et aux massacres des Hutus perpétrés systématiquement par l’APR, dont les cadavres ont été brûlés .Mais l’homme décédera quelques temps après, après s’être rétracté, dans les conditions non élucidées à ce jour.
Dans un entretien exclusif avec le magazine belge-flamand MO*, le général Kayumba Nyamwasa et le colonel Patrick Karegeya, deux anciens collaborateurs de haut niveau de Paul Kagame qui se sont retournés contre leur ancien chef ont à leur tour affirmé que c’est Kagame qui a donné l’odre d’abattre l’avion du président Habyarimana. Et Patrick Karegeya d’asséner : « Nous le savons tous. Le génocide était en pleine préparation et le MRND, le mouvement extrémiste Hutu au pouvoir alors, avait pris les mesures nécessaires pour mettre le pays sans dessus dessous. Mais il est sûr qu’il y aurait eu beaucoup moins de victimes innocentes si Habyarimana avait encore vécu. Il n’aurait jamais permis que les Interhamwes tuent aussi massivement. Tous les officiers supérieurs du FPR savent que Kagame en a donné l’ordre. Nous en présenterons aussi les preuves nécessaires très bientôt.
Dans un entretien accordé à la journaliste Sonia Rolley de la RFI, à la question : Vous accusez aujourd’hui le président Kagame d’être derrière l’attentat contre l’avion de Juvénal Habyarimana. Avez-vous des preuves de son implication ? Karegeya a répondu : « Si nous n’en avions pas, nous ne dirions pas ça. Évidemment, nous en avons. Nous ne spéculons pas. Nous ne sommes pas comme ceux qui essaient d’enquêter, qui disent que le missile venait de Kanombé (ndlr : camp militaire des FAR, l’armée rwandais de l’époque). Nous savons d’où les missiles sont partis, qui les a acheminés, qui a tiré. Nous ne spéculons pas. On parle de quelque chose que l’on connait. »
Et Kayumba Nyamwasa de conclure: « Pendant les premières années après le génocide, j’ai assez vite compris que nous avions combattu pour chasser un dictateur, mais placé au pouvoir un nouveau despote ».
Entre temps, Karegeya, à l’instar de Ruzibiza, est décédé, trouvé mort dans une chambre d’hôtel à Johannesbourg. Kayumba quant à lui, vient de subir sa deuxième tentative d’assassinat. Une provocation de trop qui réfroidit les relations, autrefois décrites de privilégiées, entre Pretoria et Kigali.
Last but not least, Jean-Marie Micombero, un ancien major du FPR et officier de renseignement du 3ème bataillon de l’APR, qui a assisté à la préparation de l’attaque de l’avion du président Habyarimana, affirme que « Paul Kagame est le seul auteur de l’attentat terroriste qui a tué le président Habyarimana du Rwanda et Ntaryamira du Burundi, acte déclencheur du génocide. Les enquêtes françaises en cours en France et en Espagne et au TPIR au sujet de cet attentat devraient prendre en considération ce témoignage de première main ». Son témoignage crucial sur les événements de la journée du 6 avril 1994 contredit les affirmations de Kigali et les conclusions de l’instruction française. Il a rencontré à Paris les juges Nathalie Poux et Marc Trévidic, les 5 juillet 2013 et 30 janvier 2014. Son audition sera-telle prise au sérieux avant qu’il ne subisse le sort de Ruzibiza, Karegeya ? Car Kagame les a bien avertis après l’assassinat de Karegeya : « La trahison a des conséquences… Tous ces types n’auraient rien été sans le Rwanda. C’est le Rwanda, qu’ils dénigrent aujourd’hui, qui a fait d’eux ce qu’ils sont… Quiconque trahit notre cause ou souhaite du mal à notre peuple deviendra une victime. Il reste seulement à savoir comment il deviendra une victime ».
Qui d ‘autre que Mme Braeckman est mieux placée pour décrire la responsabilité de Kagamé en ces termes bien gravés dans son ouvrage ‘Les nouveaux prédateurs‘: « J’avoue que c’est au Congo, au vu du comportement des hommes de Kagame (Ndlr DESC. qui y occupent encore actuellement les hautes fonctions politiques et militaires), que j’ai pris la mesure des accusations de crime de guerre qui pesaient sur le FPR pour son comportement urant le génocide – et même durant les années précédentes. C’est au vu de la violence déployée hors des frontières, de ce mépris manifesté à l’égard des Congolais, dont la mort ou la vie ne pesaient d’aucun poids, que s’est dissipé le crédit accordé au FPR rwandais depuis qu’en 1994 il avait défait les forces du génocide et mis en échec l’une des dernières aventures postcoloniales de la France. Les dramatiques événements du Congo, où l’exportation de la violence a de loin dépassé la nécessaire sécurisation des 260 kilomètres de frontière commune, m’ont obligée à prendre du recul, incité à me rappeler les origines du mouvement et la trajectoire personnelle de ses principaux membres (Braeckman, 2009, p.269). Et la journaliste de poursuivre : « Avec aplomb, sans que rien ne révèle un trouble éventuel, à part les bras qui s’agitent et de longues jambes qui se croisent ou se replient, Kagame peut nier les évidences, mentir en vous regardant droit dans les yeux… C’est pour cela que cet homme peut susciter, d’un même élan, l’admiration ou la haine, la sympathie ou l’effroi : parfois il ment en laissant délibérément apparaître le fil blanc de sa tromperie, parfois il ment avec d’indiscutables accents de vérité… ».(Braeckman, 2009, p.265).
Kagame, maintenant que l’étau se resserre progressivement sur vos mensonges qui ne font plus recette, n’est-ce pas les faits sont têtus, tout comme la Vérité qui finit par poindre ?
Jean-Jacques Wondo
Analyste des questions politiques et sécuritaires de la RD Congo
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