Génocide rwandais, affrontement anglo-saxons/Français et la guerre au Congo: Il faut avoir un regard lucide et froid

L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu décrypte les fondements géostratégiques du génocide rwandais, souligne les mensonges de Paul Kagamé et de ses protecteurs anglo-saxons et explique pourquoi nous devons avoir un regard lucide et attentif sur ce qui est en train de se réécrire comme histoire dans la région des Grands Lacs et à travers le monde.

Sur la commémoration du 20ème anniversaire du génocide au Rwanda

Nous devons avoir un regard lucide et froid. La relecture de l’histoire des grands lacs passe par celle du génocide rwandais. Le génocide rwandais n’a pas encore livré tous ses secrets. Il est très important que les congolais puissent rester à l’écoute de l’histoire du génocide rwandais.
La guerre contre le Congo avait été présentée comme une guerre de libération, or nous nous rendons que les véritables acteurs du génocide rwandais avaient un projet. Le projet n’était pas seulement de s’arrêter en renversant le président Habyarimana. Le projet était de faire main basse des ressources du sol et sous-sol congolais. Les véritables commanditaires du génocide rwandais voulaient en finir avec l’occupation africaine du pré carré français.
Comme ce génocide était un événement profond devant conduire à la guerre de prédation qui est en train se passer au Congo depuis les années 1990 jusqu’à ce jour, nous devrions comprendre que les autres processus initiés au Congo, comme le processus électoral, n’ont aucune signification, du moment qu’ils impliquent les acteurs, les nègres de service utilisés pour réaliser ce grand projet de la prise en otage de l’espace des grands lacs africains.
Le front patriote rwandais a été utilisé comme fer de lance dans cette guerre d’agression et de prédation contre l’Ouganda, le Burundi, le Rwanda et le Congo.
Il y a moyen, si les dignes filles et fils de la région des grands lacs comprennent tout cela, qu’un processus de justice, vérité et réconciliation puisse être initié dans tous les pays de la sous-région.

Sur les déclarations de Kagamé dans l’hebdomadaire Jeune Afrique

Kagamé fait du théâtre. Les allusions qu’il fait à l’histoire de cet espace africain avec les pays occidentaux peuvent valoir leur pesant d’or. Il y a effectivement, de près ou de loin, une responsabilité des pays occidentaux qui, en occupant l’Afrique, ont eu recours à la politique du « diviser pour régner ». Mais cela étant, Kagamé persiste dans le mensonge. Il fait comme si, depuis qu’il a fait tirer sur l’avion du président Habyarimana, il n’y avait pas eu dans son entourage, des hommes et des femmes, pour donner leurs témoignages sur ce qu’il y a eu exactement.
Le génocide rwandais est un événement profond orchestré par les services de sécurité du FPR et de leurs alliés pour pouvoir atteindre un objectif que le FPR s’était assigné : Prendre le pouvoir par les armes. Il fait comme si les témoignages de ses proches étaient inexistants.

Sur les protecteurs anglo-saxons de Kagamé

Le style de Paul Kagamé est le même depuis qu’il a pris le pouvoir par les armes. Sassou en voyant l’audace ou le manque de respect de Kagamé envers la France avait confié ceci à Pierre Péan : « Quand le paralytique assis au pied du manguier joue avec des feuilles vertes, c’est qu’il y a quelqu’un dans l’arbre qui les a jetées. Sinon, il ne joue qu’avec des feuilles mortes ! » Kagamé est un paralytique qui s’amuse avec les feuilles vertes que lui envoient ses amis anglo-saxons.
A travers le discours de Paul Kagamé, c’est l’affrontement entre les anglo-saxons et la France qui se poursuit.
Contrairement à ce qui les pays dits démocratiques nous ont vendu comme idéologie, le monde n’est pas fondé sur des valeurs démocratiques. Le monde est fondé sur des rapports de force.
Kagamé, connaissant ses parrains, sait que c’est la force qui triomphe. Il sait qu’avec eux, il n’y a que la force qui compte et non les doctrines de bonnes intentions : droits de l’homme, démocratie et participation citoyenne.
Si nous perdons tout cela de vue, nous risquons de ne pas comprendre pourquoi ce monsieur là, tuant, pillant le Congo, faisant de millions de morts, jouit toujours du soutien de ses parrains.
Les pays qui vous disent qu’ils soutiennent la démocratie et les droits de l’homme, sont les mêmes qui soutiennent les Djihadistes, sont les mêmes qui soutiennent les néo-nazis, et leur recours à l’idéologie de la démocratie et des droits de l’homme est à géométrie variable.

Sur la question du génocide au Congo

Pendant qu’on célèbre le génocide rwandais, rares sont les acteurs politiques qui font allusion au Congo. Qu’est-ce que les congolais ont fait à ce beau monde ? C’est comme si tuer les congolais, les exterminer n’avait aucune espèce d’importance… Obama a un discours humaniste, mais depuis qu’il est au pouvoir aux USA, combien d’enfants, femmes et hommes ont été tués à travers le monde avec le soutien des USA ?
Nous avons aujourd’hui en Occident des hommes et des femmes qui ont compris le jeu joué par les grandes puissances en Afrique centrale. Il y a les Etats profonds occidentaux qui travaillent avec les dictateurs, avec les massacreurs de leurs peuples. Mais petit à petit, les gens sont de moins en moins dupes, ils comprennent.
Les congolais doivent rester attentifs à ce qui est en train de se réécrire comme histoire.

Sur le sommet Union Européenne/Afrique à Bruxelles

Est-ce que l’Afrique est organisée de manière à pouvoir renverser les rapports de force dans ses échanges avec l’Europe ? Est-ce que les différents traités signés entre l’Afrique et l’Europe ont profité tant soit peu à l’Afrique ?
Il ne faut pas oublier que l’Union Africaine est financé en grande partie, par l’union européenne.
Donc, le partenariat est asymétrique. Comment voulez-vous renverser les rapports de force dans un partenariat où vous comptez comme des quantités négligeables. Cela d’autant plus que la plupart des africains sont des nègres de service des pays occidentaux.
Zuma a compris qu’il n’y a pas grand-chose à attendre des discours de bonnes intentions des occidentaux. Même si sa gestion de l’Afrique du Sud n’est pas rationnelle, a opté pour les BRIC au lieu de continuer à travailler avec une Europe qui ne fait que faire souffrir l’Afrique.

Sur le forum de la plateforme « Sauvons le Congo » et ses 59 résolutions

Que ce qu’il nous reste d’acteurs politiques au Congo comprenne qu’il est important de se rencontrer, d’échanger sur le Congo, cela peut être mis à leur actif.
Mais quand vous lisez les résolutions, il y a certaines questions que l’on peut se poser. Peut-être que la plateforme a ses stratégies qui vont l’aider à infléchir la position de la « majorité dite présidentielle ». Est-ce qu’il suffit de formuler 59 bonnes intentions pour voir les choses changer comme par coup de baguette magique au Congo ?
Quelles sont les stratégies que cette plateforme arrête pour pouvoir d’abord travailler avec les masses populaires, les informer sur les dangers que le pays court en traînant un mensonge depuis les années 1990 ? Or ce mensonge est mis entre parenthèses dans les résolutions de « Sauvons le Congo ».
Kabila n’acceptera jamais de partir du Congo par le processus électoral. Il est en train de consolider sa position dans la police et dans l’armée, et il va essayer de s’imposer par les armes pour rester au pouvoir.
Nous congolais, nous devrions être suffisamment sages pour comprendre que tous ses débats, autour de la constitution, sont en train de préparer ce que seront réellement ces fameuses élections. Il ne faudrait pas exposer nos populations à la mort, n’allons pas aux élections, orientons-les dans une autre direction.