Par Mufoncol Tshiyoyo
Le site du journal belge La Libre Belgique a publié récemment un article dont le titre fut : « Bruits de bottes aux frontières du Rwanda ». Et l’article était signé Marie-France Cros. Il a été publié en date du 25 avril 2019 à 17h08, avec une mise à jour datant du vendredi 26 avril 2019 à 11h29.
Que disait le site du journal ? La journaliste susmentionnée a écrit entre autres : « Plusieurs pays invitent ainsi leurs ressortissants à la prudence s’ils se rendent au Rwanda, en particulier dans les zones frontalières avec l’Ouganda, le Burundi et la République démocratique du Congo. Kigali redoute en effet une attaque d’opposants armés soutenus par Kampala et Bujumbura, menée depuis le Kivu congolais. Après le Canada, l’Allemagne, voire la Belgique, l’Australie invite également ses ressortissants à la prudence, en particulier le long des frontières du Rwanda avec le Congo, le Burundi et l’Ouganda ». On trouve la même information, c’est uniquement pour vérification, sur le site de France-Diplomatie.
Une affaire rwando-rwandaise?
Au-delà de ces avertissements et de ces annonces, la question n’est pas de savoir si oui ou non une guerre entre sujets rwandais aura bel et bien lieu un jour. Et elle se déroulerait, tout en opposant des Rwandais entre eux, sur le territoire rwandais. Sur cette question, d’aucuns diront que ce serait une affaire rwando-rwandaise, bien que je sois loin de le penser sans que je ne tombe dans la psychose du complotisme, qui collerait certaines officines à la peau. Que les Rwandais puissent se battre, de quoi on se mêlerait ? Mais la persistance de l’information fait craindre le pire, si seulement si le maître du Rwanda et les forces qui ont le contrôle de la gestion des Grands Lacs parvenaient facilement à leur fin : obtenir une nouvelle guerre qui impliquerait les frontières du Burundi, du Rwanda, de l’Ouganda et du Congo.
L’ennemi ne change pas, ni non plus sa nature. Qui ne dit pas que cette fois-ci les mêmes populations rwandaises prendront de nouveau la route vers le Congo ? Est-ce que ce ne sera pas l’un des objectifs masqués et poursuivis par cette énième guerre dite du Rwanda ? Et si c’était vrai, on aimerait bien connaître le calcul derrière, quand le Congo est maintenu dans l’instabilité et se trouve, dans sa situation actuelle, sans une armée nationale et nationaliste, prête à sa défense ?
Personnellement, je ne serais jamais surpris si la nouvelle guerre du Rwanda, telle qu’elle est annoncée par les officines occidentales, avait lieu. Fervent élève de Frantz Fanon que nous sommes, nous avons tous appris de lui la leçon suivante : « Notre tort est d’avoir cru que l’ennemi avait perdu de sa combativité et de sa nocivité. Si Lumumba gêne, Lumumba disparaît. L’hésitation dans le meurtre n’a jamais caractérisé l’impérialisme. (…), Notre tort est d’avoir été légèrement confus dans nos démarches. Il est de fait qu’en Afrique, aujourd’hui, les traîtres existent. Il fallait les dénoncer et les combattre. Que cela soit dur après le rêve magnifique d’une Afrique ramassée sur elle-même et soumise aux mêmes exigences d’indépendances véritables ne change rien à la réalité. Des Africains ont cautionné la politique impérialiste au Congo, ont servi d’intermédiaires, ont cautionné les activités et les singuliers silences de l’ONU au Congo. Aujourd’hui ils ont peur. (Fanon dans « Pour la Révolution Africaine”, dernier chapitre, La mort de Lumumba : pouvions-nous faire autrement ?).
Cependant, la guerre de 1994, avec le même parrainage, et ce dernier fait comme si 1994 n’a jamais existé au Rwanda, avec toutes ses conséquences, notamment la fuite des populations rwandaises vers le Congo. Elle sera suivie par l’invasion du Congo par les forces ayant armé le Rwanda et l’instrumentalisant en le mettant au-devant de la scène pour faire croire à l’invulnérabilité de Paul Kagamé. L’ennemi ne change pas, ni non plus sa nature. Qui ne dit pas que cette fois-ci les mêmes populations rwandaises prendront de nouveau la route vers le Congo ? Est-ce que ce ne sera pas l’un des objectifs masqués et poursuivis par cette énième guerre dite du Rwanda ? Et si c’était vrai, on aimerait bien connaître le calcul derrière, quand le Congo est maintenu dans l’instabilité et se trouve, dans sa situation actuelle, sans une armée nationale et nationaliste, prête à sa défense ?
Parlons uniquement du Congo
Pendant ce temps, des adolescents congolais placés momentanément à la tête du Congo et nouvellement recrutés en remplacement de Mobutu, de Bomboko, de Nendaka, de Kengo et d’autres encore, comme agents de la CIA pour servir les causes exogènes, sont incités, et le terrain étant déjà préparé, à l’affrontement. Les voilà tout heureux de se livrer à cette bataille perdue et inutile. Ils s’invectivent alors que le pays n’a pas d’armée nationale. De ce qui précède, nul ne sait déterminer la mission dévolue aux forces militaires Tutsi du Rwanda stationnées au Congo une fois que la guerre du Rwanda éclate ? Chez nous, on nomme des gens. Chez nous au Congo, on fait danser les masses populaires qui pourtant revendiquent les armes pour se battre et mourir pour Likambo ya mabele. Qu’est-ce qui se passe au Congo ? Que se passera-t-il au Congo et avec le Congo ? C’est être pessimiste en se posant toutes ces questions ? Je connais la musique. Congo mawa!
Vous voulez être étiquetés « ministres », « premier ministrable », « sénateurs » et quoi encore, « députés nationales » ou leader supposé, mais d’un État fictif ? C’est à la fois une question de goût et de choix. De grâce, que l’on s’interdise d’embarquer tout le monde dans ce qui ressemble bien à un sacrifice collectif. Nous, et en ce qui nous concerne, parlons uniquement du Congo, au nom duquel nous engageons notre lutte.
La question principale et persistante, pour nous, reste en effet de savoir si nous devons, nous comme peuple, nous comme ses élites, refaire et mener les mêmes types de combat à chaque moment carrefour de l’histoire du Congo. Mais une lutte contre qui et de quelle nature ? On vous parle du Congo, mais en nous répondant, vous allez nous parler d’individus et de tribus. Je vous emmerde parce que la lutte pour le Congo dépasse les limites d’un individu et d’une tribu. Quand je parle et j’écris, ce n’est pas une tribu qui m’a demandé d’écrire. C’est le Congo, son état actuel et son devenir qui cause notre implication dans la lutte de l’émancipation de notre peuple.
Vous voulez être étiquetés « ministres », « premier ministrable », « sénateurs » et quoi encore, « députés nationales » ou leader supposé, mais d’un État fictif ? C’est à la fois une question de goût et de choix. De grâce, que l’on s’interdise d’embarquer tout le monde dans ce qui ressemble bien à un sacrifice collectif. Nous, et en ce qui nous concerne, parlons uniquement du Congo, au nom duquel nous engageons notre lutte. Advienne que pourra et aussi longtemps que durera la nuit.
Po likambo oyo eza ne likambo ya mabele.
Mufoncol Tshiyoyo, MT,
Les Nationalistes Authentiques Et en émergence, LNE