Par Jean-Pierre Mbelu
« Ils nous dominent plus par l’ignorance que par la force ! » -Simon Bolivar
Sur Twitter comme sur Facebook, ce mardi 02 février 2021, plusieurs compatriotes kongolais transmettent une information au sujet de la Banque mondiale : elle a suspendu le versement de 100 millions de dollars en prévision de « la gratuité scolaire ». Cette suspension serait consécutive au travail abattu par l’Inspection Générale des Finances ayant découvert des détournements de l’argent destiné effectivement à « la gratuité scolaire ». Là-dessus, un journaliste kongolais fait ce ce petit commentaire : « L’ IGF fait un travail d’alerter l’opinion sur des vastes détournements dont certains sont à l’instant à MAKALA. Grâce à l’IGF l’ argent de la Banque Mondiale va désormais échapper aux voleurs qui ont détourné 62 Milliards de FC pour l’enseignement. »
Ce tweet donne à penser. Pourquoi, dans un pays où des millions et des milliards de dollars sont détournés par une mafia bien organisée, la Banque mondiale devrait-elle encore et toujours verser de l’argent ?
Le coup d’état permanent
Pour rappel, un conseiller de Luzolo Bambi a affirmé, il y a quelques mois sur Radio Okapi, que le pays perd chaque année 27 milliards de dollars. Pourquoi l’argent de la Banque mondiale est-il toujours et encore nécessaire à ce pays ? Cette question peut être posée autrement : « Pourquoi plusieurs compatriotes kongolais pensent-ils que la néo-colonisation par la dette est une bonne chose pour le Kongo-Kinshasa ? Pourquoi plusieurs parmi eux trouvent-ils cette néo-colonisation indispensable pour le pays ?
Savent-ils que la Banque mondiale est un des huissiers du capital chargés d’imposer, par la dette, les politiques économiques hégémoniques néo ou ultralibérales destinées à livrer certains pays du monde entre les mains des forces dominantes du capital ?
Savent-ils que la Banque mondiale est un des huissiers du capital chargés d’imposer, par la dette, les politiques économiques hégémoniques néo ou ultralibérales destinées à livrer certains pays du monde entre les mains des forces dominantes du capital ? Et que depuis l’assassinat de Lumumba, cette institution de Bretton Woods fait un « coup d’Etat permanent » à son pays comme l’a si bien écrit Eric Toussaint ? » (Banque mondiale : le coup d’État permanent (cadtm.org) )
Le souhait aurait été qu’en lisant cette information que les compatriotes kongolais se transmettent au sujet de la Banque mondiale, il y ait un commentaire du genre : « A quelque chose malheur est bon ! Que la Banque mondiale ne verse plus son argent à notre pays. Car son « aide » lui est fatale. »
La remise en question de « l’aide fatale »
Jusqu’au moment de coucher ces lignes, je n’ai pas encore lu un commentaire allant dans ce sens. Cela me semble inquiétant pour notre devenir collectif : la remise en question de « l’aide fatale » tarde à se faire collectivement. Pourtant, ce ne sont pas des avertissements et, des articles, des vidéos et des livres (écrits) sur sa nocivité qui manquent.
Bon ! « Lire et penser deviennent de plus en plus des crimes » pour certains parmi nous. Colporter de petites infos sans esprit critique dans un pays où le décérébrage semble se porter très bien est une des pratiques les plus rependues.
Tout comme la « Banque mondiale : le coup d’Etat permanent » , le livre intitulé « Confessions d’un assassin économique » (première édition) (Confessions d’un assassin économique (editions-ariane.com) ) est gratuitement téléchargeable sur Internet. Ces deux livres sont d’une clarté époustouflante sur les missions suicidaires des Institutions Financières (dites) Internationales.
Bon ! « Lire et penser deviennent de plus en plus des crimes » pour certains parmi nous. Colporter de petites infos sans esprit critique dans un pays où le décérébrage semble se porter très bien est une des pratiques les plus rependues.
Que faire ? Il faut poursuivre « la prédication au désert » et compter sur « les minorités éveillées », sur les relais qu’elles créent afin de poursuivre les efforts pour la création et/ou l’invention d’une masse critique au cœur de l’Afrique.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961