Par Jean-Pierre Mbelu
« Au Congo, la seule chose durable, c’est la colonisation. » – R. CUSTERS
Entendre un Lumumba (Jean-Jacques) affirmer que porter ce nom est une responsabilité est une bonne nouvelle. En quoi pourrait consister cette responsabilité ? A partager la foi de Patrice-Emery Lumumba.
Sa foi inébranlable dans un avenir autonome et souverain de son pays. Foi que le grand-oncle de Jean-Jacques Lumumba a partagée dans ce paragraphe de sa lettre à sa femme Pauline :
« Ils ont corrompu certains de nos compatriotes, ils ont contribué à déformer la vérité et à souiller notre indépendance. Que pourrai-je dire d’autre ? Que mort, vivant, libre ou en prison sur ordre des colonialistes, ce n’est pas ma personne qui compte. C’est le Congo, c’est notre pauvre peuple dont on a transformé l’indépendance en une cage d’où l’on nous regarde du dehors, tantôt avec cette compassion bénévole, tantôt avec joie et plaisir. Mais ma foi restera inébranlable. Je sais et je sens au fond de moi même que tôt ou tard mon peuple se débarrassera de tous ses ennemis intérieurs et extérieurs, qu’il se lèvera comme un seul homme pour dire non au capitalisme dégradant et honteux, et pour reprendre sa dignité sous un soleil pur. »
Opposer à cette « fraternité de la nuit » « totalitaire et capitalistique » une autre, c’est-à-dire celle de « la réincarnation » des Lumumba, des Fanon, des Sankara, des Hugo Chavez, etc. africains et kongolais ; et cela sur le temps long, en conscience, de manière concertée et désirante, sur fond du solidarisme, telle me semble être l’une des voies à emprunter pour une Afrique et un Kongo autonomes et souverains.
Cette foi est portée par un désir riche d’une grande promesse. « Je sais et je sens au fond de moi même que tôt ou tard mon peuple se débarrassera de tous ses ennemis intérieurs et extérieurs, qu’il se lèvera comme un seul homme pour dire non au capitalisme dégradant et honteux, pour reprendre sa dignité sous un soleil pur. »
En effet, aujourd’hui encore, des compatriotes corrompus travaillent à l’enfermement des frères et des sœurs de Lumumba « en une cage d’où l’on les regarde du dehors » en train de danser la Rumba. Ces compatriotes corrompus, au service du capitalisme dégradant et honteux, ne jurent que par « l’amélioration du climat des affaires » et par « l’urgence climatique ». Ils se comportent en « ennemis intérieurs » du pays de Lumumba. Dieu merci, le petit-neveu de Patrice, en bon lanceur d’alerte, a mis à nu ce réseau transnational au service du « totalitarisme capitalistique ». Ce faisant, il poursuit l’oeuvre de son grand-oncle, un critique averti du capitalisme et de l’impérialisme.
Jean-Jacques Lumumba, à travers son témoignage, montre comment l’interconnexion entre « les ennemis intérieurs et extérieurs » du Kongo-Kinshasa est toujours opérationnelle (BOSOLO | CONGO HOLD UP : EN QUOI EST-CE QUE KABILA EST IMPLIQUÉ ? JEAN-JACQUES LUMUMBA EXPLIQUE). Donc, depuis 1885 jusqu’à ce jour, la vampirisation de l’Afrique en général et du Kongo-Kinshasa en particulier est une action concertée et un processus qui dure sur le temps long. Cette concertation « invisible » constitue, pour « les ennemis intérieurs et extérieurs » du pays, « une fraternité de la nuit ». Elle est au fondement du système colonial et néocolonial où ce pays toujours plongé.
Opposer à cette « fraternité de la nuit » « totalitaire et capitalistique » une autre, c’est-à-dire celle de « la réincarnation » des Lumumba, des Fanon, des Sankara, des Hugo Chavez, etc. africains et kongolais ; et cela sur le temps long, en conscience, de manière concertée et désirante, sur fond du solidarisme, telle me semble être l’une des voies à emprunter pour une Afrique et un Kongo autonomes et souverains. Des pays de l’Afrique de l’Ouest bougent déjà dans ce sens.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961