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« Tirer pour tuer » et être dénommées « forces de l’ordre » est un abus de langage

« Tirer pour tuer » et être dénommées « forces de l’ordre » est un abus de langage

« Tirer pour tuer » et être dénommées « forces de l’ordre » est un abus de langage 976 549 Ingeta

Par Jean-Pierre Mbelu

Cela dure. Ils tirent toujours pour tuer. Et l’ONU, contrôleuse de la pensée congolaise voudrait, à travers  »sa narration officielle », que ces sous-traitants des sous-traitants de  »la guerre par morceau » au Congo-Kinshasa soient dénommés  »forces de l’ordre ». Non. Ce sont des forces de la mort. Tous les rapports des  »experts » de cette machine mise au service des  »enrichis » contre  »les appauvris » en témoignent. Mais comme il n’y a pas d’experts neutres, ceux de l’ONU sont au service de  »la narration officielle », dangereuse et trompeuse.

Il y a une constante dans plusieurs rapports publiés par  »les experts de l’ONU ». Du rapport Gersony de 1994 au dernier du BCNUDH du 28 février 20117. Tous ces rapports rendent compte des  »Carnages » dont les pays de l’Afrique des Grands Lacs sont victimes depuis la chute du mur de Berlin.

Le côté trompeur des rapports

Il est curieux qu’ils n’aboutissent pas à la mise en accusation des commanditaires matériels et intellectuels de ce sale boulot, de cette  »tactique commerciale ». Tous ces rapports ont un côté trompeur très prononcé. Ils traitent des droits de l’homme dans des pays où une minorité de sous-traitants est au service du 1% dominant le monde. Ils éclipsent la division de  »la société globalisée » en classes. Il y a, d’une part, la classe des riches auquel appartient Warren Buffet et ses amis (Blair, Clinton, Bill Gates, etc.) et celle des  »appauvris matériellement , spirituellement et intellectuellement » à travers le monde.

L’ONU vient brouiller les cartes en faisant comme si elle était au service des « appauvris ». Pourtant, elle est la carte juridique que joue la classe des riches dans son recours permanent du principe de la force. Elle ne croit pas dans les droits de l’homme. Cela d’autant plus qu’il y a, pour elle, des hommes inutilisables.

Un jour, Warren Buffet n’a pas eu froid aux yeux pour dire que les deux classes sont en guerre et que les riches sont en train de la gagner. Cette  »guerre sociale », le Pape François l’a dénommée  »guerre par morceau ». Elle se déroule sur un temps très long au point de ne plus être perçue comme une guerre des classes. L’ONU vient brouiller les cartes en faisant comme si elle était au service des  »appauvris ».

Pourtant, elle est la carte juridique que joue la classe des riches dans son recours permanent du principe de la force. Elle ne croit pas dans les droits de l’homme. Cela d’autant plus qu’il y a, pour elle, des hommes inutilisables.  »Tirer pour tuer » des hommes et des femmes  »inutilisables » sert la cause du  »réseau transnational de prédation » ; c’est-à-dire  »la classe des enrichis » et leurs sous-traitants.

Cette classe sous-traite sa guerre en recourant aux  »ensauvagés » et autres abrutis soucieux de paraître comme étant, dans les pays du Sud, de  »nouveaux riches ». Ces sous-traitants ( »Bintuntu » ou  »bimbuluntuntu » sous-traitent à leur tour les jeunes appauvris anthropologiques de  »la guerre de l’AFDL » , soucieux, eux aussi, de devenir des  »mvuama », de  »nouveaux riches » (sans cœur). Tous  »ces nouveaux riches », sous-traitants conscients et inconscients de  »la guerre des enrichis contre les appauvris » recourent à  »la narration officielle » d’un Etat normal, bien organisé.

Pour une dépollution de la pensée congolaise et africaine

Cette  »narration officielle » est fausse. Elle induit en erreur. Elle crée un  »imaginaire violé » et de manière permanente. Dénommer par exemple des tueurs issus de la guerre de l’AFDL, de différentes opérations de mixage et de brassage de  »ces ensauvagés »  »forces de l’ordre » est une aberration pour les jeunes voulant servir un véritable Etat au Congo-Kinshasa, demain, sous le drapeau. Ils risquent de prendre ces  »forces de la mort » comme référence. Cette  »narration officielle » participe du phénomène de  »la vilénisation des cœurs et des essprits », de leur  »bintuntuïsation ». Si après ces  »tués », il y a impunité, les jeunes risquent de croire que  »tuer, c’est bien ». Disons que dans le contexte d’un Etat manqué, d’un Etat failli,  »la narration officielle » est à la fois trompeuse et dangereuse. Elle impose un discours servant un régime de la mort.

Nous en appelons à la dépollution de la pensée congolaise et africaine et à la création des  »feux du soir » comme  »foyers d’émergence du Bomoto ». Nous n’avons pas le choix : opposons notre intelligence-sagesse à l’intelligence de l’autre.

Rappelons que depuis plus de trois six décennies,  »la guerre par morceau », a produit, au cœur de l’Afrique, un nombre important de  »bintuntu » ou des  »binbuluntuntu » ; des hommes et femmes  »à visage humain », bourrés de biens (bintu), évidés de l’esprit, sans cœur, sans  »tête » (NTU), sans sagesse (lungenyi),etc. Plus ils ont de biens, plus ils volent, tuent et se cachent. Plus ils sont impuissantés. Et plus ils deviennent psychopathes et sociopathes. C’est-à-dire  »des hommes et femmes zéro »,  »binbuluntuntu ». La mort de l’école a conduit à les placer sur le piédestal et à en faire des modèles, des références des  »vies réussies ». Plusieurs d’entre nous les ont suivis, pour  »le pire et pour le meilleur ».

Nous en appelons à la dépollution de la pensée congolaise et africaine et à la création des  »feux du soir » comme  »foyers d’émergence du Bomoto ». Nous n’avons pas le choix : opposons notre intelligence-sagesse à l’intelligence de l’autre ; engageons-nous, collectivement sur la Voie de la Nouvelle Conscience Congolaise en nous  »débintuntuïsant » dans une sorte de  »Mouvement civico-écologique » dépolluant les cœurs et les esprits de  »la narration ensauvagée de notre quotidien ».

Les esprits et les cœurs massivement dépollués peuvent, en conscience, renverser les rapports de force. Sur le court, moyen et long terme.
Il n’y a actuellement que les sourds et les aveugles qui ne se rendent pas compte du bruit que fait la forêt qui est en train de tomber. Celle qui pousse, lavée par  »leurs tueries », leurs massacres extrajudiciaires et leurs cachots cachés, ne fait presque pas de bruit.

 

Babanya Kabudi
Génération Lumumba

 

INGETA.

REINVENTONS

LE CONGO

Informer. Inspirer. Impacter.

Notre travail consiste à :
Développer un laboratoire d’idées sur le passé, présent et futur du Congo-Kinshasa.

Proposer un lieu unique de décryptage, de discussion et de diffusion des réalités et perspectives du Congo-Kinshasa.

Aiguiser l’esprit critique et vulgariser les informations sur les enjeux du Congo, à travers une variété de supports et de contenus (analyses, entretiens, vidéos, verbatims, campagnes, livres, journal).