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Stratégie du chaos et thérapie de choc. Nécessité d’un sérieux reformatage d’un certain imaginaire congolais au sujet de  »l’aide humanitaire » (suite et fin)

Stratégie du chaos et thérapie de choc. Nécessité d’un sérieux reformatage d’un certain imaginaire congolais au sujet de  »l’aide humanitaire » (suite et fin)

Stratégie du chaos et thérapie de choc. Nécessité d’un sérieux reformatage d’un certain imaginaire congolais au sujet de  »l’aide humanitaire » (suite et fin) 787 525 Ingeta

Par Jean-Pierre Mbelu

Dans la première partie de cet article, j’ai essayé de montrer le lien transnational existant  »les donateurs » de  »l’aide humanitaire » et  »le conglomérat d’aventuriers » kleptocrate rejetant l’appel de Genève à partir du Congo-Kinshasa.Mon objectif était de soutenir que dès que ce lien est oublié, les plaintes formulées à l’endroit de ces sous-fifres relèvent de l’ignorance du fonctionnement de ce lien. Je concluais cet article en affirmant que  »l’aide humanitaire » est un ingrédient de  »thérapie du choc » et en renvoyant à certains ouvrages ayant déjà abordé cette question.

En effet,  »les donateurs » et  »les décideurs » montent des stratégies de chaos avant de proposer à ceux qui en sont victimes des solutions qu’ils ne seraient pas disposées à accepter en temps normal. Les guerres racistes de prédation, hégémonistes et impérialistes (https://www.youtube.com/watch?v=ZyicdFoanSU) , les coups d’Etat militaires, la répression et l’oppression des masses, les assassinats extrajudiciaires des leaders populaires ou leur emprisonnement, des plans austéritaires producteurs du précariat, etc. peuvent être classifiés dans les stratégies du chaos.

Une entreprise destructrice fonctionne sur fond de mensonge et d’hypocrisie

« Les donateurs » et « les décideurs » ont aussi la capacité de tirer profit des catastrophes naturelles pour imposer à leurs propres populations ou à celles des pays qu’ils veulent dépouiller de leur dignité, de leur souveraineté et de leurs richesses des  »thérapies de choc » en vue de casser leur propre pouvoir organisationnel. Cette entreprise destructrice fonctionne sur fond de mensonge et d’hypocrisie . Bruno Guigue en rend compte quand, traitant du cas récent de la Syrie, il note ceci : « En réalité, la politique belliciste d’un Occident en mal d’hégémonie pourrit tout ce qu’elle touche. Elle brandit les droits de l’homme, mais c’est pour soutenir les terroristes. Elle chante les louanges du droit international, mais c’est pour mieux l’anéantir. Elle parle de démocratie, mais elle la viole à domicile tout en déniant aux autres nations le droit à l’autodétermination. »

Cette entreprise destructrice produit  »un chaos contrôlé » par  »les donateurs »,  »les décideurs » et leurs sous-fifres. Elle produit  »un chaos constructeur » d’un  »nouveau désordre mondial » que le réseau transnational de prédation auquel ils participent contrôle tant bien que mal. La méconnaissance et/ou l’ignorance de mode de fonctionnement, de ce mode opératoire, pousse certains compatriotes à croire en une certaine  »aide humanitaire » qui n’en est pas une. Pourquoi y a-t-il cette méconnaissance et/ou cette ignorance du mode opératoire de cette entreprise destructrice ? Comment en arrive-t-on à ne pas en saisir le fonctionnement ?

La politique belliciste d’un Occident en mal d’hégémonie pourrit tout ce qu’elle touche. Elle brandit les droits de l’homme, mais c’est pour soutenir les terroristes. Elle chante les louanges du droit international, mais c’est pour mieux l’anéantir. Elle parle de démocratie, mais elle la viole à domicile tout en déniant aux autres nations le droit à l’autodétermination.

Plusieurs raisons peuvent justifier cela. Il y a la volonté d’ignorer ou le refus d’apprendre comment  »les donateurs »,  »les décideurs » et leurs sous-fifres fonctionnent en réseau. Plusieurs compatriotes se pensent vaincus et dominés. Il y a plus. Il n’est pas toujours facile de faire la différence entre la propagande officialisée de cette entreprise destructrice et la réalité des faits. Ses journalistes, ses experts, ses médias, ses écoles et ses universités mènent un lobbying décervelant sur le temps très long. La révolution numérique aidant, plusieurs compatriotes, amis de la vidéosphère, ont renoncé à l’étude approfondie de l’histoire, au débat rationnel et raisonnable, au conflit maîtrisé et ont choisi de s’enfermer dans l’instant présent de l’actualité  »arrangée ».

Il y a aussi le fait que les guerres perpétuelles, l’instrumentalisation permanente des catastrophes naturelles, les coups d’ Etat militaires et les assassinats des leaders populaires, la répression et l’oppression, etc. peuvent provoquer la régression et/ou l’appauvrissement anthropologique et la crise de sens. Ils peuvent conduire, petit à petit, à la perte progressive du  »Bomoto », du  »Bumuntu » et à l’évidement intérieur ; à la perte progressive de repères du point de vue socio-politique, économique, culturel et spirituel.Qui dit perte du  »Bomoto », du  »Bumuntu » fait allusion (surtout) à la renonciation à l’usage sage et intelligent du  »Ntu », du  »Mutu », du  »Moto » (de la tête).

Pour un reformatage sur fond d’un « Bomoto » enrichi

D’où la nécessité du déformatage de l’imaginaire des collectifs congolais, victimes consentantes ou inconscientes de l’hégémonie culturelle dominante, de son discours mensonger et hypocrite pour un reformatage sur fond d’un  »Bomoto » enrichi des expériences contemporaines ayant trait à la souveraineté des peuples et à leur interdépendance. Pour dire les choses autrement, je soutiens que les collectifs congolais envoûtés par l’hégémonie culturelle dominante ont besoin d’une thérapie collective de désenvoûtement indispensable à la renaissance d’un imaginaire éveillé et averti.

Il est difficile d’établir notre responsabilité historique collective sans avoir organisé collectivement une évaluation des conséquences séculaires produites en nous et dans notre pays par les différentes stratégies du chaos orchestrées par ledit réseau transnational de prédation et de la mort.

Souvent, j’attends l’un ou l’autre compatriote dire qu’il ne sert à rien de renoncer à notre responsabilité dans ce qui nous arrive en accusant toujours les autres. Ce discours n’intègre pas le travail mené en réseau par les uns et les autres. Quand j’écris que le réseau de prédation et de la mort opérant au Congo-Kinshasa depuis plus de cinq siècles est transnational, cela signifie que ses membres appartiennent à plusieurs nations (ou pays) ; et que des Congolais(es) y participent. Et que souvent, ils (elles) y jouent un certain rôle (de porteurs des mallettes, de nègres de service).

Donc, le discours interpellant la responsabilité des Congolais(es) dans la perte progressive de leur  »Bomoto » devrait tenir compte de la transnationalité du réseau de prédation et de la mort nuisant à la dignité, à la souveraineté et au souhait d’autodétermination de plusieurs compatriotes (et du pays). Aussi est-il difficile d’établir notre responsabilité historique collective sans avoir organisé collectivement une évaluation des conséquences séculaires produites en nous et dans notre pays par les différentes stratégies du chaos orchestrées par ledit réseau transnational de prédation et de la mort.

Pour des Etats généraux des stratégies du chaos et des thérapie de choc

A mon avis, une sorte d’  »Etats généraux des stratégies du chaos et des thérapie de choc » devrait être un premier pas important à amorcer sur la nouvelle voie d’une thérapie vitale indispensable au reformatage de l’imaginaire collectif. Cette hypothèse ne vaut que si elle est associée à une démarche citoyenne fondée sur une  »Ethique reconstructive » du Congo-Kinshasa accordant une place importante à  »La Justice, à la Vérité et à la Réconciliation » (du peuple congolais avec lui-même et avec son histoire millénaire) en vue de rebâtir la confiance au cœur de notre peuple.

Une sorte d’Etats généraux des stratégies du chaos et des thérapie de choc devrait être un premier pas important à amorcer sur la nouvelle voie d’une thérapie vitale indispensable au reformatage de l’imaginaire collectif.

Finalement, la question congolaise est fondamentalement organisationnelle. Des filles et des fils de ce pays, capables de se mobiliser en trois jours 22.000 dollars pour soutenir la famille de Rossy Mukendi Tshimanga frappée par son assassinat, d’envoyer à leurs familles respectives des milliards de dollars au cours d’une seule année, ont besoin de se penser à partir d’une grande organisation pouvant convertir leurs actions ponctuelles en des actions pouvant durer sur le temps, de combiner solidarité familiale et solidarité nationale en restant ouverts à l’interdépendance entre les peuples respectueux des droits collectifs de l’égalité souveraine, de la réciprocité entre les Etats -même si le leur est à refonder- et de la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats tiers.

Le Cuba, la Bolivie, le Venezuela, le Vietnam, la Russie, l’Iran, la Chine, la Corée du Nord, la Syrie, etc. nous disent que cela est possible. Ces pays nous disent qu’il est possible de rompre avec l’humiliation et la mendicité et de demeurer digne en entretenant des relations géostratégiques adultes ou matures. Malgré les hauts et les bas.

 

Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961

INGETA.

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