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Silence : Le processus de balkanisation et d’implosion du Congo se poursuit…

Silence : Le processus de balkanisation et d’implosion du Congo se poursuit…

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L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu expose le processus d’infiltration des rwandais et des ougandais dans les institutions congolaises, analyse le non pouvoir au Congo et ses conséquences sur les enjeux de justice notamment, décrypte l’analyse du professeur Mbata au sujet du « grand soir » du régime kabiliste et rappelle pourquoi nous avons besoin d’une intelligentsia organique et structurante pour inventer un autre Congo.

Sur l’incursion rwandaise sur le sol congolais

Le Rwanda et même l’Ouganda n’en sont pas à leurs premières incursions. D’ailleurs, est-ce qu’il faut même parler d’incursion ? Est-ce que nous nous ne leurrons pas, en nous mentant à nous-mêmes que la guerre (contre le Congo)dans laquelle le Rwanda et l’Ouganda ont été impliqués depuis 1996, a pris fin ?
Voici ce que nous ne semblons pas voir : Depuis cette guerre, il y a eu des éléments ougandais et rwandais dans les différentes institutions congolaises, l’armée incluse. Et ces infiltrations se font de manière permanente.
Ce ne sont pas des incursions, le Rwanda et l’Ouganda sont présents dans l’armée congolaise et dans plusieurs institutions du pays. Ils sont en terrain conquis, au Congo.
C’est nous qui sommes en train de nous mentir, en croyant qu’il y a un gouvernement normal au pays, qu’il y a des institutions qui fonctionnent normalement, et qui sont gérés par les congolais, qu’il y a une armée nationale dans laquelle les postes de commandement sont tous confiés aux congolais.
Ces soi-disant incursions, qui n’en sont pas, devraient conduire les compatriotes à ouvrir davantage l’œil et le bon. C’est le même mode opératoire qui se poursuit depuis la guerre de l’AFDL.
Le pays va de plus en plus vers son implosion, et malheureusement, pour certains d’entre nous, nous lisons très mal les faits.

Sur le non pouvoir au Congo

Le pays n’est pas gouverné, il n’y a rien. Mende essaie de temps en temps de donner de la forme à cette maison Congo qui n’est pas gouverné et dans lequel il y a du non pouvoir.
Le gouverneur passe à côté de la plaque, quand il écrit, en supposant qu’on va demander aux militaires rwandais de pouvoir retourner chez eux. A quels militaires rwandais, on va demander cela ? A ceux qui font ces « incursions » ou à ceux qui sont déjà dans l’armée congolaise ?
Nous sommes dans un processus chaotique et mensonger que nous n’arrivons pas à approfondir et analyser de manière sérieuse. L’occupation du pays se poursuit et cela que signifie le silence des gouvernants de ce pays.
Ce non pouvoir au Congo finira par conduire à sa balkanisation et à son implosion, si nous n’ouvrons pas l’œil.

Sur les états généraux de la justice à Kinshasa

La justice au Congo est instrumentalisée par les mafieux et les nouveaux prédateurs qui sont aux affaires. Le changement de mentalité ne veut rien dire, ce n’est pas un apport du point de vue structurel du fonctionnement de la justice.
Tant que ce processus qui a commencé avec la guerre de l’AFDL ne sera pas examiné sérieusement, tant que la vérité ne pourra pas être faite sur ce qu’il y a eu depuis cette guerre là jusqu’à ce jour, tant que les chambres mixtes prônées, par les experts de l’ONU lors du rapport Mapping de 2010, ne seront pas mises en place, tant que les victimes de cette guerre ne pourront pas obtenir justice, on ne peut pas parler des états généraux de la justice au Congo.
Il y a tout un processus chaotique, mensonger à remettre en question si nous voulons que ce pays revienne sur le droit chemin.
On ne peut pas, en 2015, mettre en parenthèses, deux décennies de guerre et prétendre qu’on va faire les états généraux de la justice et prônant le changement de mentalité. Cela ne veut rien dire.
Kabila a un mépris indescriptible pour les congolais qui ne répondent pas à ses caprices et il estime que la meilleure façon d’exprimer se mépris à l’endroit des congolais est de les envoyer, quand il en a envie, en prison.
Rien ne marche au Congo, et il y a, en plus, une complicité terrible entre ceux qui tiennent ces discours creux et les institutions bidon du pays. Une complicité qui va dans le sens de la déstructuration totale du pays.

Sur le professeur Mbata et le « grand soir » du régime kabiliste

Le professeur Mbata va en profondeur de l’analyse de la situation du pays. IL est très rare qu’il y ait un compatriote congolais qui ose une analyse aussi profonde que celle qu’a livrée le professeur Mbata. Il fait partie de ce qu’on peut aller l’intelligentsia congolaise organique et structurante par sa capacité d’analyse, mais aussi par sa capacité de proposition.
Cependant on peut noter quelques petites contradictions : Il critique certains tambourinaires tout en encensant certains autres. Il y a donc une reddition des comptes que notre jeunesse devra demander à tous ces tambourinaires pour éviter, que lorsqu’il y a un changement au Congo, de reprendre les mêmes et de recommencer.
Quand on voit comment un pays comme le Congo-Kinshasa est en train d’avancer aujourd’hui, tous ceux et toutes celles qui estiment qu’il serait mieux de créer une intelligentsia organique et structurante, tous ceux qui s’adonnent à un travail sérieux de l’intelligence, tous ceux qui essaient d’opposer l’intelligence à l’intelligence, sont des éléments à abattre. Il y a des escadrons de la mort qui estiment que les penseurs congolais, les congolais qui prennent du temps pour réfléchir, écrire et débattre sont dangereux et doivent être trucidés.

Sur le rôle des institutions

Quand on parle d’institutions, on suppose, positivement, le fait d’avoir une vision que l’on institue, un programme que l’on institue au bénéfice des populations. Une institution n’a pas de valeur en elle-même si elle ne contribue pas, par exemple, à la socialisation de la population, si elle ne contribue pas à rendre justice à la population de manière équitable. Dans un pays où il n’y a pas de justice sociale, on pourrait se dire, on a réellement des institutions qui valent la peine d’être appelées ainsi, si on les voyait à l’œuvre, instituer la justice sociale, instituer la cohésion sociale, instituer la fraternité et la solidarité, mais on ne voit rien de tout cela au Congo.
Ce sont des gens qui se congratulent entre eux et qui se partagent les responsabilités de non pouvoir.

Sur la gestion de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), par Malu Malu et le rôle de l’opposition congolaise

Le bilan est nul. Les élections de 2006 ont été chaotiques, on les a organisé sans connaître le corps électoral. Le livre de Charles Onana prouve à suffisance que les élections de 2006, comme celles de 2001, ont été organisées de manière frauduleuse et chaotique. C’est là que le professeur, tout en remettant en cause le fonctionnement de la CENI et de ses animateurs, nous donne raison. Parce que c’est sa façon de dire que le processus commencé depuis 2006 est un processus électoral biaisé, parce qu’il s’inscrit dans un processus politique mensonger, vicié et vicieux.
Comment l’opposition congolaise, peut-elle, au même moment, dénoncer et décrier ce processus électoral et regretter le fait que celui qui avait présidé ce processus puisse ne pas être dans la course ? Voilà pourquoi certains membres de cette opposition font partie du statu quo.
Voilà pourquoi nous avons besoin d’une intelligentsia organique et structurante. Les politiques congolais devraient quand même avoir des cabinets qui évaluent, qui étudient et qui veillent à la cohérence de leurs discours.
Au même moment que cette opposition accuse la majorité présidentielle d’avoir commis des crimes contre l’humanité, elle veut aller aux élections contre des criminels contre l’humanité. Pourquoi ne cherche-t-elle pas d’abord à traduire en justice ces criminels, à travailler avec les masses populaires pour qu’elles comprennent que ces criminels contre l’humanité ne peuvent pas organiser des élections auxquelles ils échoueraient parce qu’ils traînent avec eux les casseroles de leurs crimes.

Sur la nécessité d’imaginer un autre Congo

Il y a des massacres, des gens qu’on enterre dans des fosses communes, il y a des infiltrations partout dans le pays, il y a un non pouvoir. Comment est-ce que ces criminels au pouvoir qui coopèrent avec les pays voisins, vont-ils procéder pour créer un processus électoral idoine, qui permette au pays d’aller de l’avant ?
Et puis, comment pourrait-il y avoir une opposition contre un non pouvoir ? Voilà pourquoi nous en appelons de plus en plus à des structures supra partisanes qui privilégient les intérêts congolais. Il est temps que l’on sorte de cette opposition partisane entre partis, qui n’existent pour la plupart que sur papier et n’ont aucune effectivité nationale. Il est temps que l’on mettre en place des structures qui privilégient les questions essentielles du pays, que le Congo devienne un Etat souverain, que le Congo devienne un Etat social et de droit, que le Congo essaie d’assurer la justice sociale pour tous ses enfants, que le Congo essaie de travailler avec l’un ou l’autre pays d’accord avec lui, pour l’intégration politique et économique. Voilà des questions qui importent. Au lieu de cela, on nous parle d’élections, de ceci et de cela. Alors que vous ne pouvez pas en conscience croire que les gens qui ont créé le non pouvoir chez vous, vont se réveiller un matin et créer du pouvoir pour qu’ils répondent de leurs forfaits. Non ! Il faut créer, inventer, imaginer autre chose ! Ce sera pénible. Mais aujourd’hui, en tant que citoyens, nous avons le devoir d’opposer notre intelligence à l’intelligence des autres !

INGETA.

REINVENTONS

LE CONGO

Informer. Inspirer. Impacter.

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Développer un laboratoire d’idées sur le passé, présent et futur du Congo-Kinshasa.

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