Par Jean-Pierre Mbelu
Dans un pays où le viol, le vol et la corruption sous-traités pendant plus de 130 ans sont institutionnalisés, croire à « un poste d’irresponsabilité » comme celui de Badibanga est une bêtise. Hier, Laurent-Désiré Kabila parlait de ses »compagnons de lutte » en termes de « conglomérat d’aventuriers ». Il y a deux ou trois jours, Matata Ponyo a qualifié son gouvernement »d’eaux infestées de crocodiles. C’est au sein ce « conglomérat d’aventuriers » transmuté en des « eaux infectées de crocodiles » que Badibanga aura à trouver ses « co-proconsuls » pour l’entretien d’une kléptocratie clientéliste sans aucune reddition des comptes. Opérant au cœur d’un faux système politique, il ne va opérer aucun miracle.
La question que pose Samy Badibanga n’est pas seulement celle de sa double nationalité ou celle de sa nomination à « un poste de responsabilité ». Elle est aussi celle de l’une des faces cachées de la guerre anglo-saxonne raciste menée contre le Congo-Kinshasa et bien d’autres pays du monde. Cette guerre de prédation « par morceau » visait surtout le détricotage des Etats-nations pour transformer le monde en un vaste marché. Les fondamentalistes du marché néolibéral cherchent, jusqu’à ce jour, à transformer les citoyens en des simples consommateurs des biens et services.
Badibanga, le fondamentalisme du marché et l’Etat du Congo
Sur un marché aussi étendu que celui de l’Afrique des Grands Lacs, ils n’ont pas besoin de citoyens et de citoyennes. C’est-à-dire des hommes et des femmes qui, par l’éducation et la formation, essaient de défendre leurs droits socio-économiques, politiques, culturels et écologiques ainsi que leurs libertés fondamentales codifiées dans une Constitution digne de ce nom. Non. Les fondamentalistes du marché ont besoin que le marché de l’Afrique des Grands Lacs soit dominé par quelques « proconsuls » dociles (de la trempe de Kagame, Museveni ou « Joseph Kabila ») capables d’entretenir la répression dégradante, l’oppression assujettissante et l’ignorance. Et que par ces mécanismes, les citoyens, devenus apathiques, se contentent de consommer ce que le marché leur offre ou de ramasser les miettes tombant de la table des »nègres de service » appartenant à leur coterie ou à leur clientèle.
Dans ce contexte, Badibanga ou les autres Rwandais, Ougandais, Tanzaniens, etc. se retrouvant dans les institutions de « l’Etat manqué » congolais n’ont pas besoin d’avoir la nationalité congolaise. La guerre vise effectivement la mort et de l’identité et de la nationalité congolaise. Badibanga y participe depuis qu’il est membre de ces institutions de la mort. Il en sait quelque chose. Il connaît le charnier de Maluku. Il entend parler tous ces jours-ci des enlèvements et des arrestations extrajudiciaires.
Badibanga ou les autres Rwandais, Ougandais, Tanzaniens, etc. se retrouvant dans les institutions de « l’Etat manqué » congolais n’ont pas besoin d’avoir la nationalité congolaise. La guerre vise effectivement la mort et de l’identité et de la nationalité congolaise. Badibanga y participe depuis qu’il est membre de ces institutions de la mort.
Quand cette face cachée (du fondamentalisme du marché et) de la guerre raciste et de basse intensité menée contre le Congo-Kinshasa n’est pas révélée, il est possible que des proches de Samy Badibanga et des gens de sa coterie puissent sabler du champagne en se disant : « C’est notre tour ». Une illusion ! Dans un pays où le viol, le vol et la corruption sous-traités pendant plus de 130 ans sont institutionnalisés, croire à « un poste d’irresponsabilité » comme celui de Badibanga est une bêtise.
Hier, Laurent-Désiré Kabila parlait de ses « compagnons de lutte » en termes de « conglomérat d’aventuriers ». Il y a deux ou trois jours, Matata Ponyo a qualifié son gouvernement « d’eaux infestées de crocodiles ». C’est au sein ce « conglomérat d’aventuriers » transmuté en des « eaux infectées de crocodiles » que Badibanga aura à trouver ses »co-proconsuls » pour l’entretien d’une kléptocratie clientéliste sans aucune reddition des comptes.
Que peut Samy Badibanga ?
Dans cet « Etat manqué », plusieurs problèmes non-résolus vont le rattraper et impacter « la mission de diversion qui lui est confiée ». Va-t-il lever le moratoire sur le double nationalité ? Non. Pourra-t-il organiser un recensement des Congolais(es) ? Non. Comment va-t-il créer « une cohésion nationale » indispensable à une bonne organisation des élections ? Il ne saura pas. Cela d’autant plus que plusieurs »crocodiles » se retrouvant dans « les eaux congolaises » dont a parlé Matata Ponyo n’ont jamais répondu des crimes commis au nom du fondamentalisme du marché depuis le début de la guerre de l’AFDL jusqu’à ce jour ; la Commission (Justice) Vérité et Réconciliation n’a jamais siégé.
Aura-t-il une certaine emprise sur « le gouvernement parallèle » dont dépend « la caisse du pays » ? Non. Aussi la géopolitique de l’Afrique des Grands Lacs est-elle orientée dans le sens de trouver une issue au troisième « faux » mandat de « Joseph Kabila ». (Il n’a jamais gagné une élection!)
Dans cet « Etat manqué », plusieurs problèmes non-résolus vont le rattraper et impacter « la mission de diversion qui lui est confiée ». Va-t-il lever le moratoire sur le double nationalité ? Non. Pourra-t-il organiser un recensement des Congolais(es) ? Non. Comment va-t-il créer »une cohésion nationale » indispensable à une bonne organisation des élections ? Il ne saura pas.
Que peut Samy Badibanga ? Créer un Congo de l’insoumission aux diktats de « ses co-procunsuls » pour que ceux-ci « ne touchent pas à sa Constitution », comme il aimait bien le dire ; et qu’ils répondent du charnier de Maluku et la confiscation de la caisse d’argent du pays ?
Peut-il créer du neuf avec de l’ancien au cœur d’un système de la mort ? Nous ne pensons pas.
A moins de provoquer un mouvement du Congo de l’insoumission, Samy Badibanga se rendra compte qu’être un muluba au sein d’une kléptocratie clientéliste ne suffit pas pour transformer celle-ci en un système vertueux privilégiant « le centralisme démocratique » ou la palabre.
Mbelu Babanya Kabudi