L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu explique pourquoi les massacres de Beni sont malheureusement du déjà vu, rappelle la tactique des pompiers/pyromanes qui orchestrent la guerre de basse intensité au Congo ainsi que les différentes stratégies qu’ils emploient et explique pourquoi nous devons travailler à remettre le peuple congolais debout.
Sur les massacres de Beni et leur sens
C’est du déjà vu parce qu’il s’agit d’une même guerre qui se poursuit depuis plus de 20 ans et là elle étale sa dimension psychologique. Tuer les congolais à la hache, à la machette et exposer leurs cadavres devrait conduire à susciter de la peur et de la panique chez les autres congolais pour qu’ils ne cherchent pas à s’opposer à ceux qui ont orchestré cette guerre de basse intensité contre le Congo. On peut attribuer cette guerre à X ou Y mais c’est une même guerre de basse intensité menée par les élites anglo-saxonnes et leurs proxies depuis près de 20 ans. Il s’agit d’une guerre perpétuelle pour le contrôle des matières premières stratégiques du Congo mais aussi pour l’implosion et la balkanisation du Congo de façon ce que le pays soit émietté en petits morceaux manipulables et corvéables à merci par l’Etat profond anglo-saxon.
Sur la tactique des pompiers/pyromanes
Kinshasa est une aile de Kigali et de l’Ouganda. Au fur et à mesure que cette guerre dure, il arrive à plusieurs compatriotes d’en oublier la nature et les véritables commanditaires. C’est une même guerre de prédation qui a plusieurs épisodes. Il y a des épisodes qui servent à créer de la peur pour appeler les pyromanes au secours afin qu’ils deviennent des pompiers.
C’est une tactique à laquelle plusieurs compatriotes qui n’ont pas accès aux livres et aux articles publiés dans les nouveaux médias n’arrivent pas à maîtriser. C’est fait exprès. Ce n’est pas pour rien qu’il n’y a pas de courant au Congo, un pays qui a autant de rivières et un long fleuve au débit imposant, et qui a du soleil en permanence. Kinshasa joue son rôle d’être un pendant du duo Kigali/Kampala.
Sur Martin Kobler et les stratégies de guerre de basse intensité
Kobler est le président effectif de la RDC. Comment joue-t-il ce rôle ? Il joue ce rôle en faisant un appel du pied à la société civile congolaise, à ce qui reste encore de la classe politique congolaise. Il fait un appel de pied pour que ce qu’il considérait dernièrement comme étant un engagement de l’Africom puisse devenir effectif. Ce sont des stratégies de guerre de basse intensité très très bien orchestrées. Malheureusement notre classe politique et notre société civile sont contrôlées de l’intérieur par les supplétifs des pyromanes. Ils sont limités et ne parviennent pas à voir que c’est une même guerre. Kobler brouille les cartes pour faire croire aux congolais que la MONUSCO travaille en sa faveur. Alors que la MONUSCO fait partie des pyromanes qui se transforme en pompier alors que la MONUSCO fait partie des pyromanes qui se transforme parfois en pompier. D’ailleurs Franz Fanon dit dans sa critique à Lumumba (pour avoir fait appel à l’ONU) que le héros national congolais n’avait pas compris que l’ONU fait partie du jeu. La question majeure est celle-ci : Comment arriver à se débarrasser une fois pour toute de cette ONU pour que le Congo jouisse réellement de sa souveraineté?
Sur le rapport du BCNUDH et l’affaire Scott Campbell (Le Bureau Conjoint des Nations Unies sur les droits de l’Homme)
Tout cela n’est que bluff parce que l’ONU travaille main dans la main avec ceux qui ont créé les seigneurs de la guerre qui tuent à partir de l’Ouganda, de Kigali, de l’Ituri, de Kinshasa, de Lubumbashi, etc. Il y a une grosse part de responsabilité des pyromanes qui sont les commanditaires de la guerre de basse intensité menée contre le Congo. Quand vous revisitez toute la documentation sur cette guerre, vous ne pouvez pas vous en prendre uniquement aux seigneurs de la guerre qui opèrent à Kinshasa. Ces seigneurs de la guerre ont travaillé avec ceux qui ont orchestré la guerre au Congo, ils ont accepté pendant longtemps que ces derniers les caressent dans le sens du poil, mais depuis déjà 2001, ce sont les mêmes qui les accusent de criminels et d’avoir organisé des réseaux de prédation. Ils vous utilisent et ensuite vous présentent comme des criminels. Ils utilisent leurs organisations des droits de l’homme pour destituer et déstabiliser leurs nègres de service pour pouvoir recréer de nouveaux nègres de service. Mobutu avait vécu cela hier, Kagame est en train de vivre cela aujourd’hui.
Mende est un criminel de guerre, ayant fait partie du RCD Goma. Il a récemment envoyé son petit frère et un groupe de jeunes barbares à Lodja pour aller frapper les ecclésiastiques. Mende et les autres sont des criminels utilisés par leurs parrains qui sont en train de les confondre aujourd’hui. Mende fait semblant de s’en prendre à ceux qui ont fait de lui ce qu’il est aujourd’hui.
La RDC est un Etat raté. Et les caractéristiques d’un Etat raté sont, entre autres, ceux-ci : être incapable de protéger son propre peuple contre la violence et même orchestrer la violence contre son propre peuple.
ONU, Kigali, Kinshasa : ce sont les mêmes qui se répartissent les tâches. Qu’ils s’expulsent mutuellement, ils sauront comment régler la chose après. Parce qu’ils travaillent main dans la main pour l’implosion et la balkanisation du Congo. Et ce sont, à un certain moment, des élites foncièrement compradores. Ne nous soucions pas trop de la querelle entre Mende et l’ONU, ce sont des oiseaux d’un même plumage. Ils servent les mêmes intérêts.
Sur ce qui se passe au Congo
Ce qui se passe au Congo est une guerre de basse intensité orchestrée par l’Etat profond anglo-saxon depuis les années 1990. C’est une guerre qui revêt plusieurs faces et ce qu’elle vise aujourd’hui, c’est de pouvoir liquider ceux qui l’ont servi comme proxies et nègres de service mais aussi de pouvoir faire des véritables pyromanes des pompiers qui pourront demain engager d’autres nègres de service pour perpétuer cette guerre de prédation et d’implosion du Congo.
Sur le rôle et le soutien du peuple congolais
Le peuple doit d’abord aller vers la bonne information, vers ses véritables fils et filles qui ont le souci de le voir sortir du bourbier où il est pris. Si nous avions 10 leaders politiques capables de mouiller leurs chemises pour aller parler à nos populations à la base et créer avec ces derniers un projet de société alternatif, le Congo changerait rapidement. Mais aujourd’hui, presque tous ceux qui s’estiment être des acteurs politiques parlent à partir de Kinshasa. Rares sont ceux qui s’allient avec leurs amis pour dire le Congo ce n’est pas que Kinshasa, allons à la base, redynamisons nos partis à partir de la base. C’est là que l’Eglise catholique est à louer, parce qu’elle a une représentation, qui est capable de se mobiliser à partir de la base. Le jour où nous aurons une grande coalition de partis politiques capables d’aller à base, parler sans langue de bois sur les questions de l’heure, les mobiliser et les aider à se mettre debout, le Congo va repartir.
Un peuple debout, c’est mieux qu’une bombe atomique. Il n’y a que les peuples debout qui arrivent à vaincre même les grandes puissances. La Bolivie, le Venezuela, la Russie sont en train de le prouver. La Chine l’a prouvé. Essayons de regarder vers tous ces exemples réussis et travaillons main dans la main avec nos populations pour qu’elles deviennent des masses critiques capables de plaider elles-mêmes leurs causes, et le Congo sera debout. D’ailleurs, le Congo est déjà débout. Le Congo est déjà debout, parce que Kagamé commence à pleurnicher. Demain ; le Congo va s’imposer au cœur de l’Afrique et entraîner ses pays voisins pour ensemble constituer une Afrique forte qui va essayer de peser dans l’échiquier mondial.