Par Jean-Pierre Mbelu*
*Homélie du Groupe Epiphanie pour le 63ème anniversaire du pays.
Lectures choisies :
Jacques4, 1-10
Psaume 84, 9-14
Jean17, 11-19
Frères et soeurs,
Notre pays, le Kongo-Kinshasa est compté parmi les pays les plus chrétiens du monde. Tout le monde ou presque prie chez nous. De plus en plus, il y a au moins une église dans chaque coin de rues à Kinshasa et dans plusieurs chefs-lieux de nos provinces. Notre peuple est supposé croire majoritairement en Dieu et en son Fils Jésus-Christ. Tout le monde ou presque lit la Bible.
Il est possible que les textes que nous venons de lire au cours de cette messe soient connus de plusieurs parmi nous.
Des questions qui interpellent
Dans la première lecture, l’Apôtre Jacques pose des questions qui, en principe, devraient interpeller chacune et chacun d’entre nous : « D’où viennent les conflits, d’où viennent les combats entre vous ? N’est-ce pas justement de tous ces instincts qui mènent leur combat en vous-mêmes ? Vous êtes pleins de convoitises et vous n’obtenez rien, alors vous tuez ; vous êtes jaloux et vous n’arrivez pas à vos fins, alors vous entrez en conflit et vous faites la guerre. »
Habitants d’un pays où la guerre sévit depuis bientôt plus de deux décennies, nous devrions, individuellement et collectivement répondre, en conscience à ces questions et vérifier si les réponses qu’y apportent Jacques ne pourraient pas être les nôtres. Voici ses réponses : « Vous convoitez et ne possédez pas ; vous êtes meurtriers et jaloux, et ne possédez pas ; vous combattez et bataillez. »
En fait, au sujet du « génocide silencieux » qui se déroule dans notre pays, la République Démocratique du Congo, il nous semble plus facile de nous en prendre aux ennemis extérieurs que de questionner la convoitise et l’appât du gain, et les dégâts qu’ils causent dans nos cœurs et dans nos esprits, au points de pousser certaines de nos sœurs et de nos frères à coopérer avec les ennemis décriés.
Priez tout en ayant les oreilles attentives à ce que le Seigneur attend de chacune et de chacun d’entre nous serait déjà un petit début de solution à ce problème dont notre pays souffre cruellement. Le psaume que nous avons lu peut venir à notre secours. « J’écoute, écrit le psalmiste, que dira le Seigneur Dieu ? » Il répond : « Ce qu’il dit c’est la paix pour son peuple et tous ses fidèles ; qu’ils ne reviennent jamais à leur folie. »
Un « nous collectif »
Convoitise, jalousie, appât du gain, ont produit dans notre pays des « mammonistes vampires ». Renoncer à cette folie pourrait faire qu’au cœur de l’Afrique « amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent, et (que) du ciel se penche la justice. »
Ces marqueurs de l’humain pourraient nous rendre solidaires sans fusion tout en gardant notre capacité de nous remettre en question et répondre à la prière de notre Seigneur qui nous veut « UN » : « Père saint, garde mes disciples dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné en partage, pour qu’ils soient UN, comme nous-mêmes. »
Prier et ouvrir nos cœurs et nos oreilles à la Parole de vie, cela est nécessaire à notre fraternité solidaire, à la production d’un « BISO », d’un « nous collectif », indispensable à notre cohésion sociale et nationale.
Faisons-le en sachant qu’il est toujours difficile de parler d’un seul point de vue et demandons au Seigneur d’accueillir nos balbutiements.
Abbé Jean-Pierre Mbelu
Membre du Groupe Epiphanie
