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Quand les élites anglo-saxonnes dépendent des ressources du Congo pour leur survie…

Quand les élites anglo-saxonnes dépendent des ressources du Congo pour leur survie…

Quand les élites anglo-saxonnes dépendent des ressources du Congo pour leur survie… 800 601 Ingeta

L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu analyse le non sens des déclarations sur l’orientation politique du « gouvernement de cohésion nationale » congolais, apporte un éclairage sur le contexte de l’affaiblissement intérieur de Mobutu pour mieux comprendre les enjeux actuels, décrypte les discours de Kabila et leurs évolutions, et explique les raisons des tensions entre le gouvernement congolais et les élites anglo-saxonnes qui l’a mis en place. M. Mbelu rappelle également pourquoi il n’est pas possible d’avoir en tête notre histoire et de continuer à prendre les pyromanes du Congo pour des pompiers.

Sur l’orientation politique du gouvernement de « cohésion nationale »

Quel crédit faut-il encore continuer à accorder aux propos tenus par Lambert Mende ? Il s’agit de propos dénués de tous sens. Ce même Mende a récemment reconnu avoir soutenu une fausse thèse sur la mort des étudiants à l’université de Lubumbashi (1991.
Il y a le discours officiel et ce qui se fait officieusement pour exterminer les congolais, les chasser de leurs terres et les ensauvager. Il y a des complicités internes et externes, entre ceux qui exterminent nos populations et ceux qui prétendent veiller à la sécurité de ces populations.
On ne peut pas parler d’un gouvernement digne de ce nom, capable d’apporter des réponses idoines aux questions qui se posent aux populations congolaises dans un Etat raté.
Les congolais vont être livrés davantage à leurs bourreaux. Il y aura de plus en plus de sang et de morts au Congo. Il ne serait pas compréhensible que ce gouvernement qui prétend lutter contre l’insécurité chercher à nouer des liens avec des membres du M23 pour intégrer l’armée congolaise. Il faut que nous comprenions que depuis le début de cette guerre, il n’y a ni politique, ni sécurité au Congo. Ce qu’il y a, c’est quoi ? Ceux qu’on estime être des généraux et officiers sont des affairistes, des commerçants comme la plupart de ceux qui estiment être des politiciens congolais et de la majorité présidentielle.
Tout ce qu’on nous dit depuis que ce conglomérat d’aventuriers est aux affaires, c’est du bluff, destiné à endormir les plus naïfs d’entre nous.

Sur la question du Hezbollah et des Israéliens au Congo

La question qui oppose les mercenaires d’hier à leurs maîtres et parrains aujourd’hui n’a rien à voir avec les congolais, ni de près ni de loin mais tout à voir avec le contrôle du Congo. Parce que les parrains soupçonnent ces mercenaires de travailler avec, par exemple, le soutien au Hezbollah.
Depuis l’époque de Mobutu, les congolais sont habitués à voir des libanais s’occuper d’une bonne partie du commerce du pays. Ils ne sont proche du hezbollah ni de près ni de loin.
Les parrains et filleuls ont des deals qu’ils ont conclu qui n’ont rien à voir avec les congolais.

Sur les raisons du conflit entre le « gouvernement congolais » et ses parrains

Les raisons sont liées à des questions de souveraineté et à des questions de contrôle. N’oublions pas que la guerre menée contre le Congo jusqu’à ce jour avait comme objectif majeur de faire main basse sur les ressources du sol et du sous-sol congolais, les contrôler et mettre au pas ceux qui pourraient s’opposer au contrôle anglo-saxon du Congo.
Que se passe-t-il en ce moment ? L’Etat profond anglo-saxon qui contrôle le Congo voudrait tout régenter, et la souveraineté politique du Congo, et la souveraineté économique du Congo.
L’Etat profond anglo-saxon se rend compte qu’il faudrait changer ceux qu’il a désigné, pour des raisons qui lui sont propres. Et pour cela il peut inventer mille et une raisons. Cela n’a rien à voir avec les congolais, rien à voir avec la démocratie et la liberté.
L’Etat profond anglo-saxon sait que sa puissance économique et son pouvoir politique sont liés de près ou de loin avec sa main mise sur les ressources du sol et du sous-sol congolais. Quand cela est perdu de vue, nous ne comprenons pas les enjeux de ce qui se passe au Congo.

Sur l’affaiblissement de Mobutu et les politicards congolais

Quand nous examinons froidement notre histoire, nous nous rendons compte que dès les années 1990, nous nous étions mis debout. Mais les consultations populaires ont été le produit de l’affaiblissement de Mobutu de l’intérieur.
Mobutu a été affaibli de l’intérieur par les programmes d’ajustement structurel qui lui ont été imposés par les institutions financières internationales. Les mêmes qui l’avaient créé, en lui imposant Kengo vers les années 1980, avaient décidé de s’en débarrasser. Mobutu en avait eu connaissance. Mais comme il ne voulait pas partir par la petite porte, il a initié les consultations populaires après que les congolais aient été clochardisés avec les applications des programmes d’ajustement structurel. Voilà pourquoi les créateurs de Mobutu vont s’attacher à récupérer l’initiative historique avec la fausse guerre de libération de l’AFDL.
Ce sont les politicards congolais, corrompus par les pouvoirs extérieurs qui aujourd’hui essaient de se débrouiller tant bien que mal pour donner l’impression qu’ils s’en prennent à leurs parrains. Mais ils veulent relire une histoire dont ils cachent les tenants et les aboutissants. Mende et les membres de la majorité présidentielle ne s’en prennent pas à leurs parrains mais relisent de manière faussée leur histoire commune pour édulcorer notre réécriture de notre histoire aujourd’hui.

Sur l’évolution des discours de Kabila et de la « majorité présidentielle » au Congo

Joseph Kabila se bonifie dans l’inculture. Mais au royaume des aveugles, les borgnes sont rois.
En 2006, Kabila prononce un discours dans lequel il dit qu’il n’y a pas de FDLR au Congo et qu’il y a tout simplement l’expansion économique du Rwanda au Congo. Mais personne n’a plus fait allusion à cela, à commencer par lui-même.
Nous accusons l’extérieur, mais nous aussi nous avons un problème très sérieux. Notre imaginaire a été sérieusement violé. Nous n’arrivons même pas à analyser les discours qui sont mis à notre portée. Et ceux d’entre nous qui essaient de faire ce travail là, sont taxés de tous les noms d’oiseaux.
Quand Kabila dit que « unis nous sommes forts », il dit la vérité. Mais unis avec qui ? Est-ce qu’on peut être forts en étant unis avec nos bourreaux dont il est le cheval de Troie ? Non. Quand Mende dit que le peuple congolais doit pouvoir chercher dans son génie, il dit vrai mais quand le peuple congolais n’a pas accès aux archives pouvant lui permettre de puiser dans son génie, quand le peuple congolais est impuissanté au point de ne plus savoir organiser certaines réunions pour débattre de ce génie, où Lambert Mende veut-il que le peuple congolais aille puiser ? Quand le peuple congolais a des universités qui n’ont plus de bibliothèques, quand l’école et l’université sont vendues aux enchères, où veut-il que les congolais aillent puiser ? Quand la recherche n’est pas promue, quand ce sont les parents qui doivent dépenser jusqu’au dernier sou pour que leurs rejetons aillent à l’école, où veut-il que le peuple congolais aille puiser ?
Sur la forme du discours, on pourrait se dire qu’il y a une fibre nationaliste, mais sur le fond et dans la pratique ? Est-ce qu’il suffit d’évoquer les grandes figures de la résistance congolais pour convaincre ou faut-il créer et laisser de l’espace pour les grandes figures de la politique congolaise pour qu’ils s’expriment et que les jeunes puissent suivre cela?
Le génie s’entretient par le débat d’idées. Le génie s’entretient par la publication de livres. Le génie aujourd’hui devrait s’entretenir par l’invasion des réseaux sociaux, mais est-ce qu’ils travaillent à cela ? Ils ne peuvent pas parce que ce génie fait peur, et à eux-mêmes, et à leurs parrains.

Sur l’inculture galopante de nombre de congolais

Il y a, chez certains d’entre nous, une aversion à l’endroit de l’écrit et du livre. Quand vous suivez certains débats politiques, il n’y a aucune référence à notre histoire. On ne peut pas à la fois évoquer Lumumba et travailler pour les impérialistes qui ont tué Lumumba et que Lumumba combattait sans mettre des gants. A force de ne pas se référer à l’histoire, nous arrivons, pour plusieurs d’entre nous, à prendre nos pyromanes pour des pompiers.
Il n’est pas possible d’avoir en tête notre histoire et de continuer à prendre les pyromanes du Congo pour des pompiers.
Dans un rapport fait récemment à Beni, on vous dit que beaucoup de massacres ont été commis dans les environs de là où il y a la MONUSCO et les FARDC, et vous vous continuez à croire que la MONUSCO en viendrait à bout de ceux qui tuent. C’est que vous n’aviez rien compris, à ce que Franz Fanon, dès les années 1960, a dit de l’ONU. Vous n’avez pas compris ce qu’Aimé Césaire a dit vers les années 1950 de l’occupation de l’Afrique par l’Etat américain.

 

 

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