Par Jean-Pierre Mbelu
Les Congolais(es) son formidables. Quand ils s’engagent à lutter contre les élites compradores et l’expansion des mœurs légères à partir de leur pays, ils sont capables de remuer ciel et terre pour y arriver. Ils ont réussi, pendant plusieurs années à fermer l’espace occidental à la musique congolaise. Ils viennent de mettre sur la place public deux discours contradictoires de l’initiateur de ‘’Kabila désir’’. Nous pensons qu’ils peuvent faire mieux en relisant leur histoire pour une refondation avertie de l’Etat au cœur de l’Afrique.
La dernière sortie médiatique de Kin-Key Mulumba sur ‘’Joseph Kabila’’ en France a poussé certains compatriotes à aller fouiner dans les archives pour en savoir un peu plus sur les propos tenus dans un passé récent par le même individu. Pour une des rares fois, les Congolais(es) ont essayé de questionner l’histoire pour en savoir un peu plus sur la personnalité de l’un des leurs. Ils ont mis sur la place publique, deux bribes contradictoires de ses propos sur ‘’Joseph Kabila’’[1]. Cet exercice peut les aider à écouter les autres propos de Kin-Key Mulumba quand il était ministre de la communication avant l’entrée de l’AFDL au Congo-Kinshasa en 1996.
Ce même exercice peut les conduire à une relecture sérieuse de leur histoire immédiate. Quelques vidéos la résument. Il y a quelques jours, nous faisons allusion aux documentaires intitulés ‘’Le conflit au Congo. La vérité dévoilée’’ et ‘’ Rwanda’s untold story’’. Il serait incompréhensible que les mêmes compatriotes, capables de réduire à zéro les propos de Kin-Key Mulumba sur ‘’Kabila désir’’, ne puissent pas aller loin pour approfondir leurs histoires avec beaucoup d’autres pompiers-pyromanes.
En plus des vidéos, ils pourraient relire certains livres. Il y en a trois de plus récents, trouvables sur le marché : ‘’La République Démocratique du Congo face au complot de balkanisation et d’implosion’’ (2013) , ‘’Stratégie du chaos et du mensonge. Poker menteur en Afrique des Grands Lacs (2014) et ‘’Les Congolais rejettent le régime de Joseph Kabila’’ (2015). Le cas de Kin-Key Mulumba nous enseigne que sans une consultation permanente des archives congolaises, il pourrait être impossible de refonder un Etat digne de ce nom au cœur de l’Afrique. Tout est déjà écrit et une bonne partie de l’histoire récente du Congo-Kinshasa est enregistrée sur des vidéos en ligne.
Il serait injuste, pour les Congolais ayant réussi à dénicher la supercherie de Kin-Key, de ne pas mener la même démarche pour les entreprises et les individus étrangers impliqués dans la fabrication d’un ‘’Etat raté’’ au cœur de l’Afrique. Que cette démarche soit coûteuse en temps, en énergie et en investissement intellectuel, il n’y a pas en en douter. Néanmoins, il est impératif qu’il y ait des Congolais(es) qui s’en préoccupent.
Si les Congolais(es) refusent de lire ces trois derniers livres en se disant qu’ils ne veulent pas croire en ce que leurs compatriotes ont fait comme travail de recherche scientifique, ils peuvent en consulter six autres écrits par des compatriotes africains et des amis occidentaux : ‘’L’ Occident terroriste. D’Hiroshima à la guerre des drones’’ (2015), ‘’Europe, crimes et censure au Congo. Les documents qui accusent (2012), ‘’Carnages. Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique (2010), ‘’Le traque, les criminels de guerre et moi. Madame la Procureur accuse’’, ‘’Paix et châtiment. Les guerres secrètes de la politique et de la justice internationales’’ (2007).
Sans un recours permanent à ces archives, se fier à l’actualité telle qu’elle est commentée ou amplifiée par certains politicailleurs congolais devient improductif ; voire même contreproductif. Et nous risquons de donner raison à ceux qui prétendent que pour cacher certaines choses à certains africains, il faut les cacher dans les livres.
Fouiner dans les archives sur le Congo-Kinshasa devrait nécessairement nous conduire à fouiner dans celles de ‘’nos partenaires’’ africains ou globaux pour étudier et comprendre leur mode opératoire, les objectifs et les fins qu’ils poursuivent tout au long de leur histoire avec le pays de Lumumba. Cette démarche devrait devenir basique pour les Congolais(es) voulant opposer leur intelligence à celle des autres pour bâtir, au cœur de l’Afrique, un pays plus beau qu’avant.
Il serait injuste, pour les Congolais ayant réussi à dénicher la supercherie de Kin-Key, de ne pas mener la même démarche pour les entreprises et les individus étrangers impliqués dans la fabrication d’un ‘’Etat raté’’ au cœur de l’Afrique.
Que cette démarche soit coûteuse en temps, en énergie et en investissement intellectuel, il n’y a pas en en douter. Néanmoins, il est impératif qu’il y ait des Congolais(es) qui s’en préoccupent. Cela pourrait contribuer à l’élévation du niveau de notre débat politique public. Il semble être, à quelques exceptions près, trop faible. Il a tendance à se limiter aux coups donnés en dessous de la ceinture. C’est triste. Heureusement, les minorités organisées en conscience ont compris que ce débat élevé à un niveau conséquent est indispensable à un autre devenir collectif au cœur de l’Afrique. Elles savent désormais que ‘’le travail d’un véritable intellectuel n’est pas de séduire, mais d’armer.’’
Babanya Kabudi