Par Jean-Pierre Mbelu
« Timeo Danaos et dona ferentes » (Virgile)
« Je crains les Grecs, même lorsqu’ils font des cadeaux ».
A l’âge que j’ai, je peux, sans fausse modestie, remercier La Vie d’avoir mis sur ma route des femmes et des hommes formidables ! Provocateurs, aimants et fraternels. A travers des débats et des controverses, ils (elles) ont toujours été là et m’ont toujours poussé à tout transformer en une forme finie, en livres. Il en va ainsi pour tous mes cinq livres. Ils (elles) sont là. Toujours là. Ils (elles) ont toujours voulu que ce que je pense soit dit.
Il y a plus ou moins un mois, l’un (l’une) d’entre eux (elles) me disait : « Cette chose que tu dis là doit être partagée pour le plus nombre. » L’un de ces hommes et femmes formidables va, un jour, proposer que plusieurs de mes émissions et articles sur « Demain, après Kabila » puissent être réunis et publiés. Lui aussi voulait que « la chose » dite sur le sous-système Kabila puisse être partagé par le plus grand nombre. D’où la publication du livre en 2018.
Le nous collectif kongolais connaît-il son ennemi? Se connaît-il? Je suis de plus en plus dubitatif. Les raccourcis et la perte du bon sens me semblent inquiétants. Nous devrions lire et relire Sun Tzu!
L’une des questions essentielles que pose ce livre est le suivant : « De quoi alias Joseph Kabila est-il le nom ? » Et la personne qui répond à cette question sans ambages après Denis Sassou Nguesso et certains politiciens et journalistes kongolais et occidentaux, c’est un député européen, Jean-Luc Schaffhauser, sur une vidéo de moins de deux minutes.
A partir du moment où j’avais écouté cette vidéo, j’étais convaincu au plus profond de moi-même qu’il y aurait un « Demain, après Kabila ». Pourquoi ? Parce que «Rome ne paie pas toujours ses traîtres. » Et que pour que ce « Demain, après Kabila » chante, il fallait que la majorité des cerveaux kongolais soient remis à l’endroit. Pourquoi ? Je redoutais l’usage des mêmes stratégies, des mêmes tactiques et des mêmes méthodes pour que « Demain, après Kabila » soient comme avant Kabila. Pour dire les choses autrement, « Demain, après Kabila » n’a pas changé les acteurs opérant dans les coulisses de l’histoire kongolaise. D’où mes doutes et ma prudence lorsque je dois émettre un avis sur l’évolution actuelle du pays.
Contrairement aux plus enthousiastes d’entre nous, je ne crois pas que les cerveaux kongolais soient majoritairement remis à l’endroit. J’ai même l’impression que le décérébrage est devenu la chose la plus partagée. Il y a un jour, j’écrivais ceci : « Le nous collectif kongolais connaît-il son ennemi? Se connaît-il? Je suis de plus en plus dubitatif. Les raccourcis et la perte du bon sens me semblent inquiétants. Nous devrions lire et relire Sun Tzu! « Connais ton ennemi et connais-toi toi-même; eussiez-vous cent guerres à soutenir, cent fois vous serez victorieux. Si tu ignores ton ennemi et que tu te connais toi-même, tes chances de perdre et de gagner seront égales. Si tu ignores à la fois ton ennemi et toi-même, tu ne compteras tes combats que par tes défaites. » – Sun Tzu, l’Art de la Guerre »
Mes doutes et ma prudence sont le fruit de l’étude perpétuelle et de la connaissance assez approfondie de l’histoire des « acteurs pléniers » opérant à partir des coulisses de l’histoire et partisans, contre vents et marées, de la destruction des Etats-nations et artisans d’un monde unicentré. Au vu de ce qui s’est passé au Soudan et de ce qui se passe actuellement en Ethiopie, j’ai peur. Donc, personnellement, « timeo Danaos et dona ferentes » (Virgile) (je crains les Grecs, même lorsqu’ils font des cadeaux ). Oui, je crains « le Grecs » même lorsqu’ils font semblant d’offrir des cadeaux au Kongo actuel. Je souhaite avoir tort.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961