L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu rappelle comment la fabrication de l’identité de Kabila fausse tout le processus politique au Congo-Kinshasa, décrypte l’instrumentalisation de la question ethnique au Congo, alerte les congolais sur les dessous de la lutte politique au Congo, et explique pourquoi, au lieu d’aller au dialogue avec Kabila, les politiques congolais devraient plutôt le traduire en justice pou faux et usage de faux.
Sur la fausseté du processus politique au Congo
Si le procureur de la république, Numbi Kabange intervient aujourd’hui sur la scène publique, dans ce qui est en train de se passer au Congo, c’est pour prolonger ce faux processus. Il fait partie du groupe qui a fabriqué Joseph Kabila, qui lui a donné une identité politique et qui lui a créé un patelin. Voilà ce qui fait peur : C’est la mise sur la place publique de cette fausseté, de ce mensonge cousu de fil blanc, qui est en train, petit à petit, à travers les réseaux sociaux, d’éclater au grand jour.
Si nous nous situons dans un processus faussé, tout est faussé. Vous n’allez pas attendre de ceux qui ont fabriqué Kabila qu’ils puissent travailler pour les congolais. Ils sont au service de Kabila, tout comme l’est la justice qu’ils prétendent servir. Kabila devrait être poursuivi pour faux et usage de faux, mais comme il est à la fois juge et partie, avec ces gens qui l’ont créé, il n’en est rien.
Sur l’article 64 de la constitution
La question se situe à ce niveau : Que vont faire, tout au long de l’année 2016, les créateurs internes de Kabila, sachant qu’il y a aussi des créateurs externes. Il y a une question taboue qui a faussé toute la lecture de la politique congolaise.
Sur la question ethnique au Congo
Si nous ne sortons pas de l’unitarisme forcé, qui a fait son temps, nous aurons toujours à nous plaindre de cette instrumentalisation de l’ethnie pour qu’elle soit au service des roitelets et les autres mafieux qui estiment à un certain moment, que c’est à leur tour de pouvoir gérer le combat.
Sur la violation de la constitution
Pourquoi cette tendance à tout focaliser sur la présidentielle et les législatives ? Il y anguille sous roche. Vous allez vous rendre compte que la lutte politique qui se mène au Congo a pour soubassement le remplacement des actuels nègres de service par d’autres nègres de service. La solution du problème politique n’est pas envisagée. Si c’était le cas, les politiques congolais penseraient beaucoup plus à une alternative, et non à une alternance au sein d’un même système.
Le problème juridique est que nous avons une constitution, qui non seulement n’est pas respectée, mais qui n’a aussi personne pour la défendre. Parce que ceux qui peuvent défendre cette constitution ont été nommés ou choisis par ceux qui la violent en permanence. Voilà pourquoi il faudra demain créer des lieux, des structures de protection de la Loi fondamentale.
Les problèmes politique et juridique de la constitution peuvent être résolus si le pays sort du faux, si la question de la direction est résolue. Cela risque de nous prendre beaucoup de temps, parce que ceux qui nous ont fait la guerre n’ont pas encore dit leur dernier mot. Les populations congolaises sont chassées de leurs terres pour que lieux qu’ils ont laissés puissent être habités. Parce que la guerre menée contre le Congo, c’est aussi la guerre de la dépossession des congolais de leurs terres.
Sur le réseau mafieux au Congo
Comment arriver à entraîner tous les congolais dans ce processus mafieux et faux : C’est cela la grande question de ces gens.
Le problème est que certains d’entre nous congolais, qui avaient besoin d’avoir un pays démocratique qui ait un processus démocratique digne de nom, croient que nous avons effectivement un pays démocratique alors que nous avons en face de tous les congolais un monsieur, à qui on a fabriqué une identité politique et à qui on a donné un patelin, qui essaie de mener la danse avec ses amis de la mafia. Et si cette mafia n’est pas démantelée, rien ne pourra changer au Congo. Kabila n’est pas président de la République, c’est un faussaire.