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Kabila, question ethnique, processus politique : Pourquoi tout est faussé en République Démocratique du Congo

Kabila, question ethnique, processus politique : Pourquoi tout est faussé en République Démocratique du Congo

Kabila, question ethnique, processus politique : Pourquoi tout est faussé en République Démocratique du Congo 720 405 Ingeta

L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu rappelle comment la fabrication de l’identité de Kabila fausse tout le processus politique au Congo-Kinshasa, décrypte l’instrumentalisation de la question ethnique au Congo, alerte les congolais sur les dessous de la lutte politique au Congo, et explique pourquoi, au lieu d’aller au dialogue avec Kabila, les politiques congolais devraient plutôt le traduire en justice pou faux et usage de faux.

Sur la fausseté du processus politique au Congo

Dans quel processus, le pays que nous appelons Congo-Kinshasa, se retrouve aujourd’hui ? Le pays est en plein processus faux. Quand vous visualisez la vidéo du ministre des hydrocarbures, Ngoie Mukena, vous vous rendez compte qu’il y a eu des dignitaires katangais qui se sont réunis et qui ont fabriqué une identité politique, et qui ont donné un patelin de naissance à Joseph Kabila. Le processus est déjà faussé dès le départ. Malheureusement, ces informations qui sont véhiculés sur les réseaux sociaux ne semblent pas atteindre ce qui nous reste encore aujourd’hui de classe politique.
Si le procureur de la république, Numbi Kabange intervient aujourd’hui sur la scène publique, dans ce qui est en train de se passer au Congo, c’est pour prolonger ce faux processus. Il fait partie du groupe qui a fabriqué Joseph Kabila, qui lui a donné une identité politique et qui lui a créé un patelin. Voilà ce qui fait peur : C’est la mise sur la place publique de cette fausseté, de ce mensonge cousu de fil blanc, qui est en train, petit à petit, à travers les réseaux sociaux, d’éclater au grand jour.
Si nous nous situons dans un processus faussé, tout est faussé. Vous n’allez pas attendre de ceux qui ont fabriqué Kabila qu’ils puissent travailler pour les congolais. Ils sont au service de Kabila, tout comme l’est la justice qu’ils prétendent servir. Kabila devrait être poursuivi pour faux et usage de faux, mais comme il est à la fois juge et partie, avec ces gens qui l’ont créé, il n’en est rien.

Sur l’article 64 de la constitution

Nous pouvons débattre de l’article 64 de la constitution, tout en sachant que nous sommes dans le faux. Cet article comporte deux alinéas. L’application de l’alinéa A n’exclut pas l’application de l’alinéa B. Ceux qui demandent que le peuple congolais puisse faire échec à tout individu qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation de la constitution, ne leur demandent pas de pouvoir renverser le pouvoir en place. Il y a des délais, il y a une date prévue pour ce que ladite majorité avait dénommée la passation civilisée du pouvoir. Si tout n’est pas pour qu’il y ait à ce moment, passation civilisée du pouvoir, il faudra qu’on s’en prenne à ceux qui ne se seront pas engagés pour cela, au lieu de s’en prendre à ceux qui cherchent à appliquer un article de la constitution. Mais encore une fois, ceux qui ont crié Joseph Kabila, trouveront toujours les moyens juridiques ou politiques de le protéger.
La question se situe à ce niveau : Que vont faire, tout au long de l’année 2016, les créateurs internes de Kabila, sachant qu’il y a aussi des créateurs externes. Il y a une question taboue qui a faussé toute la lecture de la politique congolaise.

Sur la question ethnique au Congo

S’il y a eu un groupe de katangais qui s’est permis de fabriquer cette idée à Joseph Kabila, c’est parce que dans le contexte congolais, les différentes ethnies ou ce que nous appellerons les différentes nations, ont eu tendance à dire « Maintenant, c’est notre tour ». C’est cette approche pouvoir qui instrumentalise l’ethnie. Est-ce qu’il n’est pas temps que nous puissions recourir à l’option fédéraliste pour le Congo-Kinshasa ?
Si nous ne sortons pas de l’unitarisme forcé, qui a fait son temps, nous aurons toujours à nous plaindre de cette instrumentalisation de l’ethnie pour qu’elle soit au service des roitelets et les autres mafieux qui estiment à un certain moment, que c’est à leur tour de pouvoir gérer le combat.

Sur la violation de la constitution

Le problème est à la fois politique et juridique. La loi fondamentale, la constitution, est violée en permanence. Pourquoi nos compatriotes qui voudraient que nos masses populaires descendent dans les rues devraient-ils attendre qu’il y ait violation de l’article 220 pour cela ? Est-ce qu’il y a des articles qui valent mieux que les autres dans cette constitution ?
Pourquoi cette tendance à tout focaliser sur la présidentielle et les législatives ? Il y anguille sous roche. Vous allez vous rendre compte que la lutte politique qui se mène au Congo a pour soubassement le remplacement des actuels nègres de service par d’autres nègres de service. La solution du problème politique n’est pas envisagée. Si c’était le cas, les politiques congolais penseraient beaucoup plus à une alternative, et non à une alternance au sein d’un même système.
Le problème juridique est que nous avons une constitution, qui non seulement n’est pas respectée, mais qui n’a aussi personne pour la défendre. Parce que ceux qui peuvent défendre cette constitution ont été nommés ou choisis par ceux qui la violent en permanence. Voilà pourquoi il faudra demain créer des lieux, des structures de protection de la Loi fondamentale.
Les problèmes politique et juridique de la constitution peuvent être résolus si le pays sort du faux, si la question de la direction est résolue. Cela risque de nous prendre beaucoup de temps, parce que ceux qui nous ont fait la guerre n’ont pas encore dit leur dernier mot. Les populations congolaises sont chassées de leurs terres pour que lieux qu’ils ont laissés puissent être habités. Parce que la guerre menée contre le Congo, c’est aussi la guerre de la dépossession des congolais de leurs terres.

Sur le réseau mafieux au Congo

Comment ce réseau mafia procède ? Il se divise le travail et les rôles. Il y en a qui sont dans la justice, il y en a qui font partie du gouvernement fantôche, il y en a qui sont dans la police, il y en a qui sont dans l’armée. Ce groupe s’organise pour protéger ses acquis et ne pas être démantelé comme groupe mafieux.
Comment arriver à entraîner tous les congolais dans ce processus mafieux et faux : C’est cela la grande question de ces gens.
Le problème est que certains d’entre nous congolais, qui avaient besoin d’avoir un pays démocratique qui ait un processus démocratique digne de nom, croient que nous avons effectivement un pays démocratique alors que nous avons en face de tous les congolais un monsieur, à qui on a fabriqué une identité politique et à qui on a donné un patelin, qui essaie de mener la danse avec ses amis de la mafia. Et si cette mafia n’est pas démantelée, rien ne pourra changer au Congo. Kabila n’est pas président de la République, c’est un faussaire.

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