Par Mufoncol Tshiyoyo
Burkina Faso, Mali : « Le [vrai] pouvoir est au bout du fusil » (Mao)
Jamais un sans deux, voire deux sans trois. C’est pour affirmer qu’en toute chose, le commencement importe plus que la succession des faits nés de l’acte fondateur des mouvements historiques. Quelques jours passés, il m’est arrivé d’attirer l’attention de l’opinion « africaine » sur le fait que la construction des « États-Unis d’Afrique », qui est un devoir, ne serait possible que si seulement les différentes populations africaines occupant les territoires actuels sur lesquels elles sont établies les arrachaient de la domination.
L’engagement d’un peuple et son sens de sacrifice
L’avenir de l’Afrique exige d’un côté l’absence des populations « spectatrices », « inertes » et de l’autre, la présence des populations actant, agissant, actrices. Tout le monde devrait mettre sa main dans la pâte. Des populations maliennes, qui ont bien compris le sens de la notion de la participation de tous, essayent de libérer l’étendue géographique dénommée le Mali de l’emprise de son amuïssement.
L’avenir de l’Afrique exige d’un côté l’absence des populations « spectatrices », « inertes » et de l’autre, la présence des populations actant, agissant, actrices. Tout le monde devrait mettre sa main dans la pâte.
En effet, je considère ce qui se passe actuellement au Mali comme la réponse à ma requête. Les Burkinabés ont également saisi le sens historique de la renaissance d’une Afrique des « volontaires à la défense de la patrie ». Les peuples qui se distingueront par l’inactivité n’auront non seulement aucun droit au chapitre. Ils se condamneront à l’inexistence sociologique.
L’interview de Monsieur Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères du Mali dégage les caractéristiques du « nouveau » type de pouvoir africain à l’opposé du communément dénommé le « pouvoir-os » : pas de langue de bois (les menaces et les invectives doivent cesser) ; la connaissance et l’identification de l’adversaire ainsi que celles de la nature de l’adversité imposée ; l’affirmation de soi et de son identité (Mali, vieille nation de tolérance et de dialogue), l’affirmation de la souveraineté et le respect exigé pour les Maliennes et les Maliens.
C’est tout le contraire de l’essence même du « pouvoir-os ». L’ambiguïté de son langage est sa caractéristique principale : la peur et le refus de nommer les choses telles qu’elles sont et se présentent. Au Burkina Faso, le Lieutenant Col Paul Henri Sandaogo Damiba se met dans les habits de Sankara quand il proclame « la patrie ou la mort » à la fin de son discours. Sa déclaration ne se réduirait à une simple formule. Au contraire, elle exprime l’engagement d’un peuple et son sens de sacrifice, jusqu’où son leadership est prêt à aller pour assurer au Burkina Faso son indépendance. « Si les priorités sont nombreuses, [déclare Paul Henri Sandaogo], il est clair que la priorité principale demeure la sécurité ».
Remettre de l’ordre
Qui ou quelles sont les forces qui ont intérêt à présenter les deux phénomènes politiques qui viennent de se dérouler dans ces deux pays comme des « coups d’États » ? Pourquoi parle-t-on des coups d’État au Mali et au Burkina Faso ?
Remettre de l’ordre en recourant à une violence légitimée et fondatrice de nouvelles réalités sociopolitiques ne peut se confondre à la notion de coup d’État.
Contrairement à l’opinion généralement admise, les institutions du Burkina Faso et du Mali représentaient la vitrine de ce que l’on désigne souvent sous des formules « Crypto-États », « États ratés », « États croupions », « états effondrés ou faillis », « États fantoches » (dénonçant l’artificialité d’un pouvoir résultant d’une ingérence étrange, voir Paul Bacot, « Qualifier les États enjeux de classement et de dénomination », dans États et Sécurité internationale, 2012 : 10-25).
Remettre de l’ordre en recourant à une violence légitimée et fondatrice de nouvelles réalités sociopolitiques ne peut se confondre à la notion de coup d’État. Le groupe militaire russe Warner est accusé à tort ou à raison par des forces réactionnaires et la petite bourgeoisie locale inféodée. Elles ne prennent le risque d’invoquer l’assassinat d’Allende, de Lumumba, de Sankara, le cancer de trahison qui emporte avec lui Cabral, Mobutu au Congo, Kagame à Kigali.
Quelqu’un aurait dit : « Ils parlent de la morale alors qu’ils n’en ont pas. En ce qui nous concerne, nous encourageons les peuples maliens et les hommes intègres du Burkina Faso à l’heure de la remise en question de l’ordre international établi et régnant. La fin d’une époque produit ses violences. Elle met en scène les forces que le soldat et le camarade burkinabé Paul Henri Sandaogo Damiba nomment les « volontaires de la défense de la patrie ».
Likambo oyo eza likambo ya mabele.
Mufoncol Tshiyoyo, M.T.
Au nom de la Dissidence congolaise, « D ».