Par Jean-Pierre Mbelu
« Connais ton ennemi et connais-toi toi-même; eussiez-vous cent guerres à soutenir, cent fois vous serez victorieux. Si tu ignores ton ennemi et que tu te connais toi-même, tes chances de perdre et de gagner seront égales. Si tu ignores à la fois ton ennemi et toi-même, tu ne compteras tes combats que par tes défaites. » – Sun Tzu
Le 30 novembre 2021, La Libre Afrique publie un article intitulé « Burundi/RD Congo : Droits de l’homme ? L’ambassadeur américain roule pour les terres rares ».(Burundi/RDCongo: Droits de l’homme ? L’ambassadeur américain roule pour les terres rares — La Libre Afrique ) Le point d’interrogation contenu dans cet article pose une question sérieuse. L’article y répond à sa manière. Il serait souhaitable que les Burundais et les Kongolais donnent aussi leur réponse à cette question. Pourquoi ? Le nombre d’ ONG de « droits humains » est trop élevé dans ces deux pays. Au Kongo-Kinshasa un peu plus qu’au Burundi, me semble-t-il.
Ce point d’interrogation peut inciter à reposer la question autrement : « De quoi la défense des « droits humains » et les sanctions qu’elle entraîne sont-elles le nom ? » Dans cet article, elles apparaissent comme étant un subterfuge pour avoir accès à certains marchés.
Un marché de dupes
Et dans ce marché des dupes, affaires, politique et diplomatie marchent de pair ainsi qu’en témoigne la décision prise par le président américain. En effet, « la décision, le 18 novembre 2021, par le président Joe Biden de lever les sanctions imposées en novembre 2015 au Burundi, visant huit personnalités (dont sept officiels et un opposant impliqué dans la lutte armée) a intrigué et indigné les défenseurs des droits de l’homme. »
Dans ce marché des dupes, affaires, politique et diplomatie marchent de pair ainsi qu’en témoigne la décision prise par le président américain.
Il serait possible de soutenir que « les défenseurs des droits de l’homme » intrigués par cette décision ne se seraient pas suffisamment préoccupés de répondre à la question susmentionnée. Sinon, ils se rendraient compte que c’est depuis longtemps qu’il y a un »mélange des genres » et que les églises évangélistes ne sont pas de reste.
« Cultivant le mélange des genres, écrit, François Misser, Peter Pham fait preuve d’un zèle exceptionnel pour réchauffer les relations entre Washington et le Burundi, aidé en cela par les milieux évangélistes américains qui ont les yeux de Chimène pour feu Nkurunziza et son épouse, fondatrice de l’Église du Rocher. L’un des partisans les plus enthousiastes de Nkurunziza est le sénateur républicain James Inhofe, membre de la droite religieuse qui a participé aux croisades de prières du couple présidentiel. »
« Mélange de genres »
Ce « mélange de genres » n’est pas un cas particulier au Burundi. Il a lieu « au Congo aussi ». « La coïncidence entre diplomatie et affaires dans les activités de Peter Pham ne se limite pas au Burundi. En juin 2021, l’ex-Envoyé Spécial dans les Grands Lacs – qui ne perd pas une minute – rejoint le conseil d’administration de l’opérateur de téléphonie Africell. C’est en cette qualité qu’il est reçu à Kinshasa, le 18 octobre 2021, par le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde, au sein d’une délégation dont l’un des messages, même pas subliminal, est que ce grand ami du Congo travaille maintenant pour Africell, qui envisage de doubler la taille de son réseau en RDC, indique le site de la Primature congolaise. »
Ce « mélange de genres » n’est pas un cas particulier au Burundi. Il a lieu « au Congo aussi ». « La coïncidence entre diplomatie et affaires dans les activités de Peter Pham ne se limite pas au Burundi.
Dieu merci ! Aux USA, cela provoque des inquiétudes. Un sénateur le critique. « Ce mélange entre affaires personnelles et diplomatie n’est pas du goût du sénateur démocrate du New Jersey, Cory Booker. Dès janvier 2019, dans une lettre au secrétaire d’État de l’époque, Mike Pompeo, le sénateur exprimait ses préoccupations sur un possible conflit d’intérêts. Il considère en effet incompatible le maintien de l’emploi de Peter Pham à l’Atlantic Council avec ses activités officielles. Dans la mesure où l’Atlantic Council accepte les contributions de gouvernements étrangers, de sociétés et de particuliers (dont Moïse Katumbi), Pham pourrait tomber sous leur influence et leur devoir une infinie reconnaissance, s’inquiétait le sénateur, ajoutant : « Le peuple américain mérite de savoir si ses diplomates servent les intérêts américains et non ceux des gouvernements ou des sociétés étrangères ». »
Lire, relire et partager cet article peut aider à comprendre pourquoi plusieurs »politicards » kongolais sont extravertis et compradores. Les raccourcis qu’ils choisissent pour avoir accès au »pouvoir-os » constituent une épée de Damoclès sur leurs têtes. Ils peuvent être sanctionnés à tout moment s’ils vont à l’encontre de leurs engagements à être au service du « mélange des genres » tel que décrit par François Misser. La multiplication des ONG de »droits humains » est un instrument entre les mains des « mélangeurs des genres ».
Reconquérir le Kongo-Kinshasa
On comprend pourquoi ces »politicards », leurs copains et coquins mettent souvent les jeunes dans la rue afin qu’ils soient les victimes des »forces du désordre » et d’autres escadrons de la mort infiltrés au pays. Cela permet à ces ONG de rédiger des »rapports » à mettre à la disposition des « mélangeurs des genres » afin qu’ils aient des éléments pouvant leur permettre de faire pression ou de prendre des sanctions. Bref de néocoloniser le pays.
Reconquérir le Kongo-Kinshasa exigera une remise en question profonde de tous « ces mélangeurs des genres », des structures et ONG qu’ils créent ou soutiennent, des modes d’accès des »politicards » au »pouvoir-os » et du rôle néfaste des églises de réveil quand elles deviennent un opium pour les masses assujetties, appauvries, abêties et soumises.
Les églises de réveil viennent au secours de ces »politicards » en racontant aux masses que les raccourcis qu’ils ont choisis relèvent de la volonté de Dieu. Ayant une grande influence sur les masses populaires, elles répandent cette croyance, enchaînent la pensée et créent des fanatiques capables d’en découdre avec ceux et celles qui viendraient remettre en question le mode d’accès de ces »politicards » au »pouvoir-os » et leur rôle des »négriers des temps modernes » dans les néocolonies où »les mélangeurs des genres » sont rois.
Reconquérir le Kongo-Kinshasa exigera une remise en question profonde de tous « ces mélangeurs des genres », des structures et ONG qu’ils créent ou soutiennent, des modes d’accès des »politicards » au »pouvoir-os » et du rôle néfaste des églises de réveil quand elles deviennent un opium pour les masses assujetties, appauvries, abêties et soumises. Une telle remise en question devrait être accompagnée de la mise en place des collectifs citoyens auto-organisés à partir de la base et cela sur toute l’étendue du pays.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961
Pour aller plus loin, lire :
D. MITERRAND, Le livre de ma mémoire, Paris, Jean-claude Gawsewitch édition, 2007
J-P. BADIDIKE (éd.), Justice et droits de l’homme en République Démocratique du Congo. Regard du Groupe Justice et Libération, Paris, L’Harmattan, 2009
S. GEORGE, La pensée enchaînée. Comment les droites laïque et religieuse se sont emparées de l’Amérique, Paris, Fayard, 2007
S. ERBS, V. BARBE et O. LAURENT, Les réseaux soros à la conquête d’Afrique. Les réseaux d’influence à la conquête du monde, Varsailles, VA Editions, 2017
Chine : Les propos stupéfiants de l’Ambassadeur Zhang Jun sur l’Occident — ZHANG Jun (legrandsoir.info)