L’analyste politique jean-Pierre Mbelu alerte sur les dangers de la sous-humanisation des Congolais, nous éclaire sur la nécessité d’une refondation du système et de la classe politique au Congo, et explique pourquoi, nous devons éviter la confrontation avec ces gens qui prétendent gouverner la RDC et participer aux efforts qui pourront garantir le social à nos populations.
Sur l’affaire Diomi Ndongala
L’affaire Diomi est une affaire criminelle qui s’inscrit dans la criminalisation des dignes fils et filles du Congo par des criminels de guerre qui sont à la tête du pays. Le Congo n’a plus rien de démocratique, nous sommes tombés dans une voyoucratie qui ne dit pas son nom. Ce pouvoir tient à bâillonner tous les congolais qui essaient de se battre pour sauver leur patrimoine commun.
Sur le silence des diplomates au Congo
La guerre menée contre notre pays est une guerre de la politique et de la justice internationale. Le fait que le silence puisse planer sur tous les coups montés contre les acteurs politiques congolais ne devrait pas nous étonner. Parce que c’est une guerre ou les firmes multinationales et transnationales tirent des gros profits pour la communauté dite internationale.
Sur la sous-humanisation des Congolais
Nous vivons des situations de sous-humanisation des Congolais. Et ce qui se passe dans notre pays peut être comparé à ce qui s’est passé, par exemple à Varsovie, quand les Nazis exécutaient les juifs. Aujourd’hui, les Congolais sont sous le joug de nazis qui sont en train de les massacrer, de les exterminer en commençant par mettre sur pied des phénomènes de sous-humanisation. Dans nos compatriotes qui sont en train d’être tués, dans nos compatriotes qui sont arrêtés, dans nos compatriotes qui sont contraint à l’exil, il y a la négation de toute liberté aux congolais pour qu’ils deviennent des bêtes de somme. Ainsi les nègres de service peuvent s’adonner à leur boulot sans aucun remord.
Sur le retrait de la motion de censure contre le premier ministre Ponyo
Il n’y a pas d’assemblée nationale au Congo. Nous avons juste quelques compatriotes qui ont été nommés par le pouvoir en place pour pouvoir parachever sa mission de prédation et d’extermination des Congolais, de balkanisation et d’implosion du pays.
Nous avons avec ce retrait, un exemple patent qui prouve que nous ne pouvons pas considérer ces parlementaires impliqués dans cette situation comme étant des élus du peuple. Nous ne pouvons pas continuer à accuser les ennemis extérieurs sans tenir compte de ces compatriotes qui, au nom de leurs intérêts individuels et égoïstes, sont en train de participer à l’implosion de notre pays. Voilà pourquoi nous avons intérêt à travailler au renouvellement de la classe politique au Congo.
Sur la refondation du système politique au Congo
Nous avons un système politique pourri fondé sur la prédation, le vol, les tueries, la terreur, le viol, les massacres… C’est ce système qu’il faut refonder et revoir de fond en comble. Nous n’avons pas d’excuse. Nous avons tout intérêt à nous engager, chacun là où il est, pour que cette situation puisse changer et que le Congo soit fondé sur d’autres bases que sur cette médiocrité qui devient de plus en plus insupportable.
On ne peut pas moraliser un système fondé sur des anti-valeurs. Il faut recréer un autre système. Recréer des institutions animées par des compatriotes jouissant d’une moralité et d’une éthique suffisamment responsable.
Sur le bilan du gouvernement Mponyo
Il s’agit d’une auto satisfaction enfantine. Si nous étions dans un pays qui se respectait un peu, ce Ponyo irait à l’assemblée ou au sénat pour que son action puisse être évaluée. Mais là, c’est lui-même qui évalue son action. Par ailleurs, Ponyo devrait aussi laisser à notre peuple, le temps de pouvoir apprécier son travail.
La justice ne marche pas, des acteurs politiques sont emprisonnés arbitrairement, la mort est semé dans tous les coins du pays, l’argent des taxes et impôts ne rentrent pas dans les caisses de l’Etat, le social n’a jamais été la préoccupation de ce gouvernement, on nous parle de croissance mais on ne voit rien du côté du respect des droit civiques, économiques et sociaux : On peut, avec tout cela, se poser la question de savoir de quoi ce Matata Ponyo parle.
Au lieu de rester constamment en confrontation avec ces gens là qui prétendent gouverner, nous devrions, petit à petit, changer de méthode, voir comment participer aux efforts qui pourront garantir le social à nos populations et laisser ces gens s’auto-satisfaire de ce qu’ils sont en train de faire jusqu’au jour où nos populations comprendront qu’ils peuvent devenir réellement leurs propres démiurges et mettre ces gens là hors d’état d’agir.
Sur le bilan des 10 ans des accords de Sun City
10 ans après Sun City, le Congo a reculé, et se retrouve presque à l’âge de la pierre. Il faut se poser les questions essentielles : Qui avait rédigé cet accord ? Pourquoi n’a-t-il pas été respecté dans ses orientations majeures ?
Situer les accords de Sun city dans le contexte de guerre de basse intensité menée contre notre pays, par les acteurs pléniers et leur proxys depuis les années 1990 n’a pas été fait. Comprendre que ceux qui tirent les ficelles ont une grande part dans la non application des principes arrêtés par cet accord ? Cet effort n’a pas été fait non plus.
Il faudrait qu’un jour, nous puissions être la base de nos manifestes, de nos accords, que nous puissions débattre et échanger et arriver à un manifeste rédigé par nous-mêmes.
Sur le chemin à accomplir face à la mort semée par la Kabilie
Nous devons pouvoir rompre avec cette habitude qui consiste à aller vers ceux que nous estimons être nos maîtres pour qu’ils nous rédigent des textes comme ils le faisaient déjà du temps de la colonisation. Devenons décideurs des orientations à prendre pour notre pays, et là nous pourrons évaluer le travail. Nous avons encore du chemin à faire sur des questions essentielles.
Pourquoi sommes-nous aujourd’hui contraints ou à l’exil ou à la mort ou au mensonge ou à la vérité avec toutes ces conséquences ? Il y a beaucoup de nos compatriotes qui sont tués dans l’anonymat au pays, parce qu’ils osent parler. Parce qu’ils osent décrier le modus operandi de ces vampires. Ils tuent pour effacer des traces, ils tuent parce qu’ils ont peur de la vérité. Il faut beaucoup de courage, d’audace mais aussi beaucoup de prudence et de sagesse pour voir dans quelle mesure adopter des méthodes qui nous permettent d’être efficaces sans nous livrer à la mort semée par ces messieurs et leurs parrains.
Nous devons, à tout moment, articuler compréhension du système et de la situation d’un part et travail pour le changement, étude du mode de changement le plus efficace, d’autre part. Et cela, à court, moyen, et long terme. En misant sur notre capacité à pouvoir partager nos informations avec nos masses populaires. Quand ces masses dans une majorité critique n’accepteront plus l’esclavage volontaires. Les vampires vont fuir par eux-mêmes.