Par Jean-Pierre Mbelu
« On ne peut pas avoir le pouvoir sans savoir contre qui on lutte. Tant qu’on ne sait pas l’origine des choses, on ne sait pas contre qui lutter. » – V. BUGAULT
Il est fort probable que les enjeux de la guerre perpétuelle menée contre le Kongo-Kinshasa ne soient pas encore la chose la mieux partagée au pays de Lumumba. De plus en plus, des discours sur « notre jeune démocratie » créent une illusion d’optique. Cela d’autant plus que « les jeunes démocrates » et autres « républicains » estiment que cette guerre perpétuelle a déjà pris fin. Ceci est une erreur d’appréciation, me semble-t-il.
Menée par des mondialistes expérimentés, cette guerre se perpétue de plusieurs manières. Là où elle a favorisé l’accaparement des terres et l’infiltration des proxys, elle prépare leur accès au « pouvoir-os » sans aucun sens de l’enracinement ou de patriotisme. Ayant fait du dépaysement, du déboussolement et du désaxage ses chevaux de bataille, elle se poursuit en orientant les armes hégémoniques données à ses proxys contre « la société fermée » lui ayant résisté.
L’enracinement contre la société ouverte
Des peuples kongolais enracinés dans leurs terres, leurs coutumes, leurs cultures ancestrales et leur résistance tribalo-ethnique contre les forces ennemies sont les véritables cibles de cette guerre perpétuelle promouvant le nomadisme au nom de « la société ouverte ». Dans ce contexte, la tribu et l’ethnie en tant que lieux originaires à partir desquels s’organisent le don et le contre-don, la coopération, la fraternité, la résistance contre les forces ennemies et l’accueil de l’autre sont en train d’être disqualifiées au nom des dégâts causés par le tribalisme et l’ethnicisme qui sont, souvent, un usage instrumentalisé de la tribu et de l’ethnie par les pêcheurs en eau trouble et autres artisans et partisans de « la politique du diviser pour régner ».
Des peuples kongolais enracinés dans leurs terres, leurs coutumes, leurs cultures ancestrales et leur résistance tribalo-ethnique contre les forces ennemies sont les véritables cibles de cette guerre perpétuelle promouvant le nomadisme au nom de « la société ouverte ».
L’accueil de l’autre, de celui qui vient d’ailleurs, est une pratique courante dans plusieurs tribus et ethnies kongolaises. L’ Ubuntu, c’est aussi une éthique de l’accueil de l’autre et de la générosité.
Un exemple. Dans ma langue vernaculaire, celui qui vient d’ailleurs est appelé : « muenyi ». Et pour l’accueillir, on lui offre d’abord à manger tel que le stipule cet adage : « Muenyi walua, wadianji kudia, nanku walua kukuambila adi mu difu » (Lorsque un « muenyi » arrive, qu’il commence par manger avant de dire ce qu’il a dans son ventre.) Après avoir mangé et raconté ce qu’il a dans le ventre, s’il est porteur d’une « bonne nouvelle », il reste dans la maison qui l’a accueilli et un espace lui est offert pour qu’il construise sa case et reste au « ditunga » (pays) qui l’a accueilli.
Il y séjournera comme « un accueilli » sachant qu’il n’est pas propriétaire du pays d’accueil. Telle est la signification de cet autre adage : « Muenyi katambatamba muena ditunga, muena ditunga diende ngudi mumuteke ». Mais il peut aussi être reconduit vers son lieu de provenance s’il est porteur de « mauvaises nouvelles », des « nouvelles nuisibles » pour le « ditunga ». Que des alliances se créent entre « l’accueilli » et le propriétaire du « ditunga », cela fut aussi une pratique courante. Le chef Kalamba des Bashilange a accueilli les Allemands et conclu « une alliance » un (dondo) avec eux pour éviter que les soubassements de cet accueil soient trahis.
Toute cette anthropologie et cette éthique de vie ont fait la solidité, la fierté et la dignité des sociétés qualifiées de « fermées » au nom des préjugés ancrés dans les têtes commerçantes de certains agents et partisans de la société dite « ouverte ».
L’hégémonie culturelle anglo-américaine dominante
Certaines ONG kongolaises et partis politiques financés par « Open Society » de George Soros n’en connaissent ni l’histoire , ni les influences. Surtout celles philosophiques de Karl Popper sur leur « boss ». Ils entretiennent, à quelques exceptions près, une confusion entre tribalité et tribalisme, entre ethnicité et ethnicisme, tout en disqualifiant la tribu et l’ethnie comme lieux originaires d’enracinement et d’orientation existentiels.
L’hégémonie culturelle anglo-américaine dominante en montrant comment elle détruit les autres cultures et les disqualifie au profit de quelques familles et de quelques « majors ».
Ces ONG et partis politiques auraient intérêt à lire un livre intitulé « Les réseaux Soros à la conquête de l’Afrique. Les réseaux d’influence à la conquête du monde » de Stéphane Erbs, Vincent Barbe et Laurent Olivier; et un cet article Comment les Britanniques ont inventé George Soros afin qu’ils se rendent comptent de ce qu’ils servent, consciemment ou inconsciemment, par ignorance, par refus d’apprendre ou volonté d’ignorer, comme intérêts au nom du nomadisme commerçant.
Ce livre et cet article sont complémentaires. Le livre fournit beaucoup d’informations sur les réseaux Soros en Afrique et l’article essaie de dire de quoi George Soros est le nom. Les deux décrivent les apports de l’hégémonie culturelle anglo-américaine dominante en montrant comment elle détruit les autres cultures et les disqualifie au profit de quelques familles et de quelques « majors ». (Tuer le Père Vincent Machozi, l’un des responsables d’un regroupement Nande le mieux implanté au pays et à l’étranger ; concentrer la guerre sur la partie Est où ce regroupement a pignon sur rue, tout cela n’est pas anodin. C’est tout un discours à décrypter.)
Une guerre perpétuelle est toujours en cours
Rouvrir ou ouvrir le livre, avoir toutes ces informations sourcées et référencées est important, voire indispensable. Pourquoi ?
Au cœur de l’Afrique, une guerre perpétuelle est toujours en cours. La création de la zone de libre-échange et le retour du Commonwealth sont des signes qui ne mentent pas. Ils participent du « soft power » anglo-américain. Cela étant, la résistance kongolaise n’a pas encore dit son dernier mot.
Cela peut permettre de comprendre comment, dans une guerre perpétuelle entre mondialistes nomadistes commerçants et souverainistes protecteurs des Etats-nations (ouverts), la déstructuration des cultures de ces derniers ayant constitué « une barrière civilisationnelle » est une stratégie permanente. Elle se nourrit du refus du débat donnant aux mots leur sens, de la naïveté de ceux qui comptent sur la bonne foi des « décideurs » et des « bienfaiteurs », de la cupidité , de l’avidité et de la convoitise de ceux qui ont perdu la boussole éthique, etc.
Bref, au cœur de l’Afrique, une guerre perpétuelle est toujours en cours. La création de la zone de libre-échange et le retour du Commonwealth sont des signes qui ne mentent pas. Ils participent du « soft power » anglo-américain. Cela étant, la résistance kongolaise n’a pas encore dit son dernier mot. Et la lutte continue…
Penser à se tourner vers les pays respectueux du droit international et de la charte de l’ONU, amoureux d’un monde polycentré fait des Etats-nations enracinés dans leurs cultures millénaires et ouverts au partenariat extérieur mutuellement avantageux devrait être un élément important à intégrer dans cette lutte. Le Mali, la République Centrafricaine, le Burundi, la Guinée Equatoriale, etc. semblent avoir bien compris cela.
Babanya Kabudi Somba Manya
Génération Lumumba 1961