Par Mufoncol Tshiyoyo
L’Occident, par ses agents interposés, se paye la chair du nègre congolais à Kinshasa juste pour assurer ses propres intérêts.
Il est vraiment triste que, mort pour le Congo, le meurtre de Lumumba n’aura servi à rien pour son peuple. Car, ni la « classe politique » congolaise, quand on la voit à l’œuvre, ni la masse qui est collée à sa suite, personne n’a su en tirer des leçons utiles pour la poursuite de l’écriture et la gestion de notre histoire qui se veut commune.
L’Occident et sa main mise sur le Congo
Identique à Lumumba, les masses congolaises qui tombent et se sacrifient aujourd’hui meurent, souvent dans leur innocence, pour la défense et la continuité d’un rêve, celui de notre vécu comme un peuple, un tout un peuple indivisible et grand au cœur du continent et vivant sur la terre de ses aïeux. Mais cette lutte populaire est menée sans compter avec l’omniprésence d’un adversaire qui, en demeurant aux aguets et se démultiplie, parvient à garder, et le plus longtemps possible, sa main mise sur sa « chose » Congo.
C’est avec une aisance à déplorer que l’Occident réussît à planifier et même à faire exécuter ses propres projets sans qu’il ne soit découvert, sans que ceux qui prétendent le combattre s’aperçoivent de la duplicité de sa nature et au finish lui opposer une véritable résistance nationale.
C’est avec une aisance à déplorer que l’Occident réussît à planifier et même à faire exécuter ses propres projets sans qu’il ne soit découvert, sans que ceux qui prétendent le combattre s’aperçoivent de la duplicité de sa nature et au finish lui opposer une véritable résistance nationale. Le comble est que les actions de l’Occident contre le Congo et son peuple se passent pour être celles de notre peuple. Et surtout que le peuple congolais croit agir de sa propre initiative…
Quand on a assisté en direct à la liquidation de Kadhafi en Lybie, et après avoir suivi et entendu le rire endiablé de Hilary Clinton qui, à la vue des images du meurtre de Kadhafi, a crié et tout en rigolant : « we came, we saw and he died », (Nous sommes venus, nous avons vu et il est mort », on souffre de voir le peuple congolais attendre quoi que ce soit de la part de forces pour qui la notion de mort porte une valeur marchande.
La mort se banalise. Des forces qui accomplissent leur mercenariat à Kinshasa sont les mêmes qui tuaient impunément hier encore à l’est du pays alors que Beni, Bukavu, Goma, etc. étaient sous protection de la Monusco. Hélas, ce sont les mêmes forces qui étendent aujourd’hui leurs crimes vers Kinshasa qui « regardait » presque de loin ce qui finit par se réaliser dans la capitale du Congo-Kinshasa.
Cette fois-ci serait la bonne ?
Pourrait-on dire « bravo » à l’Occident qui parvient malgré tout à se mettre en scène sans qu’il ne soit aperçu et attrapé la main dans le sac ? Est-on aveugle à ce point pour ne pas juger le retour du « Grand jeu » en Syrie où l’Occident tue mais en faisant endosser ses crimes par un nom d’emprunt tiré de sa propre créature DAESH ? Et pourtant le contenu dévoilé des emails déclassés de Hillary Clinton accuse l’Occident. Hillary Clinton a écrit notamment : « Nous devons aider Israël et « la rébellion » en Syrie […], et pour faire plier Bashar al Assad, il faut « l’usage de la force » afin de « mettre en péril sa vie et celle de sa famille ». [Et que] le renversement d’Assad constituerait non seulement un immense bénéfice pour la sécurité d’Israël, mais ferait aussi diminuer la crainte israélienne compréhensible de perdre le monopole nucléaire».
Des massacres sont commis au Congo juste pour pérenniser l’ordre régnant du maître dans une région qui, à preuve du contraire, reste toujours sous son contrôle.
Au Congo-Kinshasa, personne ne se montre capable de voir la main de l’Occident derrière et dans tout ce qui se trame actuellement au Congo-Kinshasa. Des massacres sont commis au Congo juste pour pérenniser l’ordre régnant du maître dans une région qui, à preuve du contraire, reste toujours sous son contrôle. Et de ce fait, la déstabilisation permanente du Congo par un chaos entretenu renforce la position de Paul Kagamé et du Rwanda dont les milices introduisent le spectre de la mort à Kinshasa. Le chaos étrangle un Congo agonisant.
Et hier comme aujourd’hui, l’Occident sème la peur et maintient ses proies dans l’émotion. C’est pour mieux agir contre et sur l’homme congolais dont la conscience est travaillée par la vue de son propre sang. La mort au Congo si elle n’est pas canalisée et orientée contre un adversaire bien identifié sert la cause de ce dernier.
C’est vrai que tout le monde dit aujourd’hui que cette fois-ci serait la bonne. Mais personne ne sait avouer à ce peuple, comme il s’agirait de son action, quelle serait son issue, sa fin ? Qui a sur prévoir la fin en Tunisie, en Egypte quand l’Occident y officiât ses messes nombreuses noires ? Quid de la Géorgie, du cas de l’Ukraine, du Mali ? Qui a oublié que nous, les Congolais, eûmes à l’expérimenter en 1997 au Congo-Kinshasa avec l’entrée de l’AFDL ?
Le peuple a cru que c’était lui qui chassait Mobutu alors qu’il n’aurait servi que d’instrument, manipulable et manipulé, entre les bras d’un cynisme qui n’a jamais caché son objet. Le phénomène Kadogos, qui est une mauvaise exploitation de notre jeunesse, fut établi pour aider non à chasser Mobutu du pouvoir, mais à transporter des munitions et autres armements lourds destinés à accompagner le Rwanda et l’Ouganda dans son périple congolais.
Au Congo-Kinshasa qui se cache derrière qui ?
Et aujourd’hui encore, des Congolais servent de chair à canon juste pour asseoir les mêmes intérêts qui ont eu à placer la canaille actuelle à la commande du Congo. Je veux bien être insulté, incompris et voire traité de tous les noms, mais j’assume mes propos et mes convictions que « Notre tort à nous, Africains, [nous avertissait déjà Franz Fanon], est d’avoir oublié que l’ennemi ne recule jamais sincèrement. Il ne comprend jamais. Il capitule, mais ne se convertit pas. Notre tort est d’avoir cru que l’ennemi avait perdu de sa combativité et de sa nocivité. Si Lumumba gêne, Lumumba disparaît. L’hésitation dans le meurtre n’a jamais caractérisé l’impérialisme ». Ce qui passe inaperçu est le fait que la communauté internationale qui agit officiellement au Congo s’affiche ou exclut la Russie, la Chine et l’Inde. De quoi parlerait-on dans ce pays ?
Non, ce pauvre petit noir qui fut baptisé Joseph Kabila pour la même cause n’a ni le moyen, ni le pouvoir, ni le courage de rester où que ce soit si les mêmes intérêts qui l’y ont placé ne souhaitent pas qu’il y reste pour les servir. Des intérêts que tout le monde a peur d’affronter et de nommer.
Last but not least, nous avons cru comprendre qu’il y aurait déjà plus de 8 000 000 de morts au Congo, ces morts dont plus personne n’en parle. Et d’un coup, je me demande si Senghor n’avait pas raison quand il écrivit, selon lui, sa phrase suivante qui le poursuit jusque dans sa tombe : « l’émotion [serait] nègre et la raison hellène ». Devant la souffrance, le sang, l’homme se laisse toucher et guider par l’émotion alors que son adversaire place ses actes comme un investissement boursier à Wall Street.
Et si on prenait soin de cesser de dire à notre peuple que le mercenaire Kabila tenait à rester au « pouvoir » alors que les USA qui n’en veulent plus, selon la même version, ont une base militaire à Kigali, que la Monusco règne encore à l’est du Congo avec ses drones, son budget dans un État rendu failli. Non, ce pauvre petit noir qui fut baptisé Joseph Kabila pour la même cause n’a ni le moyen, ni le pouvoir, ni le courage de rester où que ce soit si les mêmes intérêts qui l’y ont placé ne souhaitent pas qu’il y reste pour les servir. Des intérêts que tout le monde a peur d’affronter et de nommer. L’instabilité institutionnelle actuelle au Congo-Kinshasa, qui intervient chaque fois que le système veut s’adapter face au danger de l’évolution de la mentalité de ses dominés profite à qui ? Au Congo-Kinshasa qui se cache derrière qui ?
Notre peuple saura apprécier le moment venu.
Mufoncol Tshiyoyo